Les nouveautés se succèdent toujours à une allure frénétique dans le secteur du paiement sur mobile. Après les grandes manœuvres autour de PayPal et Google Wallet, passons en revue l'annonce, plutôt limitée, de Visa et celles, plus originales, de ZipPay et Tagtile.
A la suite de l'initiative similaire de Visa en Russie puis aux Etats-Unis et en attendant son porte-monnaie universel promis pour cet automne, la division européenne de l'émetteur de cartes lance donc (enfin) sa solution de paiement P2P ("de pair à pair") sur mobile.
Avec cette nouvelle application de Visa Europe (uniquement pour Android, dans un premier temps), les porteurs de carte de la marque pourront réaliser des transferts d'argent immédiats à destination de leurs amis et proches, en fournissant simplement leur adresse de messagerie, leur numéro de téléphone ou leur numéro de carte.
Le service proposé paraît d'emblée limité par rapport aux standards du moment (PayPal, par exemple). Cependant, il souffre de défauts beaucoup plus graves. Tout d'abord, les utilisateurs ne pourront envoyer de l'argent qu'à d'autres porteurs de carte Visa. Son réseau à beau être un des premiers dans le monde, cette limitation, susceptible d'engendrer des confusions et des frustrations, est difficilement acceptable. Autre handicap, la solution est proposée aux banques et non directement aux consommateurs, à l'inverse, par exemple, de Serve (American Express). L'adoption en deux temps (pour atteindre les utilisateurs finaux) risque d'être lente, surtout avec les velléités de quelques établissements d'investir eux-mêmes le marché.
Le paiement P2P continuera donc à vivre sans Visa...
De ce que prépare ZipPay, bien peu a été dévoilé pour l'instant mais tout de même suffisamment pour soulever l'intérêt. Il s'agirait d'une application mobile mixte, ciblant à la fois les échanges P2P et les paiements dans les commerces "en dur".
Dans ce dernier cas, l'approche semble assez similaire à celle de Square mais sans requérir de composant additionnel sur le téléphone, ni la lecture "physique" de la carte bancaire. En fait, les données de la carte du client sont stockées (en toute sécurité) sur le téléphone du consommateur et sont transmises par un moyen non divulgué, probablement grâce aux divers capteurs intégrés dans les smartphones actuels, au mobile du destinataire du paiement.
En attendant la généralisation de la technologie NFC (communication sans fil à courte distance) dans les téléphones du marché, les startups ne manquent pas d'idées pour développer des applications sans contact en utilisant des moyens alternatifs. On peut tout de même s'interroger sur l'avenir d'une telle solution d'attente, le standard NFC ayant toutes les chances de s'imposer, à terme. ZipPay espère probablement conquérir une clientèle suffisante pour gérer la transition vers les solutions du futur avec succès, mais en aura-t-elle le temps dans ce secteur hyper concurrentiel ?
Tagtile ne cible pas vraiment le paiement mobile, puisqu'elle propose une solution de gestion de carte de fidélité. Mais les deux domaines sont suffisamment proches pour justifier une citation dans cette série et la technologie adoptée, résolument originale, mérite bien par elle-même une petite mention.
Là encore, nous avons affaire à une solution sans contact, basée, du côté du consommateur, sur une application pour smartphone (Android et iPhone) et, du côté du commerçant, sur un "cube" qui lui est fourni gratuitement. A la différence de ZipPay, Tagtile vise explicitement la technologie NFC pour les échanges entre les appareils et la startup n'a développé une alternative (par ondes sonores, si j'en crois les autorisations systèmes de l'application Android) que comme une solution d'attente.
La particularité de l'offre de Tagtile est de s'adresser à toutes les catégories de commerces : son "cube" peut se connecter à un terminal de vente mais, pour les boutiques les plus modestes, il fonctionne également en étant simplement branché sur une prise de courant. Les échanges de données sont alors réalisés par l'intermédiaire de l'application mobile et, par conséquent, de la connexion internet du client. Il est cependant probable que, dans ce cas, les services fournis soient moins riches (il est, par exemple, difficile de faire le lien entre l'enregistrement de l'utilisateur et une transaction).
Quoi qu'il en soit, voilà encore un service qui s'ouvre aux petits commerçants qui n'ont pas toujours les moyens de mettre en place les programmes de fidélité répandus dans les grandes chaînes de distribution.