Si l’environnement médical a bien évolué, et en particulier celui de la pédiatrie, le propos de Bergman, sur la condition féminine, cinquante ans plus tard, n’a rien perdu de sa vigueur.
Imaginé au cœur d’une maternité (lieu hautement symbolique), l’écho s’y répercute toujours, à travers une identité à jamais marquée par la vie. Cette mise au monde attendue, inespérée, avortée Ingmar Bergman, la projette dans cette chambre où trois futures mères attendent leur futur événement. Elles vont partager leurs joies, et leurs doutes, et se soutenir.
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Car après trois mois, Cécilia voit sa grossesse contrariée, alors que son mariage apparaît comme une union sans amour. Sa remise en cause heurte le regard de Hjördis, une jeune fille émancipée qui ne veut pas de l’enfant qu’elle a déjà tenté « de faire passer ». Seule, Stina et son mari attendent fébrilement la venue de leur premier né.
Sans jugement, ni moral, Bergman écoute alors chacune de ses héroïnes avec une tendresse toute particulière, et les accompagne tout aussi sereinement vers leur destinée. Il fait de la chambrée, un huis clos naturel dans lequel la mise en scène (Grand Prix à Cannes 1958) se love très logiquement, laissant l’ombre et la lumière disposer de l’état des lieux.
Bibi Andersson
On dit aussi qu’il aime filmer les visages (« les plus beaux paysages humains ») et l’assertion ici prend toute sa vérité devant celui des femmes qui le lui rendent bien. Ingrid Thulin , en particulier, placide dans sa détresse, et si belle dans sa discrète révolte. La clarté de la nuit se laisse prendre au charme naturel de la comédienne et confère à son personnage un mystère bienveillant.
Mais, fait rare au festival, celui de Cannes préféra saluer la performance collective des femmes du générique, un quatuor complété par Eva Dahlbeck, (Stina ) Bibi Andersson,( Hjördis) et , Barbro Hiort-Af-Ornas (l’infirmière principale) . Une distinction logique pour ce cri du cœur, fait de joies et de doutes, de peine et de bonheur. Le seuil de la vie.
En complément du DVD
« Bergman en 12 tableaux – Les thèmes bergmaniens détaillés par le journaliste et historien du cinéma N.T. Binh (29 minutes) »
Eva Dahlbeck,
Visages (des « masques » parfois) ; acteurs (son amour des actrices, il vit avec Bibi Anderson au moment du tournage) ; couple ; vie (on ne peut pas la contrôler entièrement, il y a un mystère de la vie qui nous dépasse) ; enfance ; solitude (« la solitude est un numéro d’acrobatie. Une peur constante l’accompagne ». la solitude, ou l’essence même de ses personnages ; huis clos (un espace scénique presque théâtral ;il nous fait ici pénétrer dans l’univers intime de ces personnages) ; objets ; dieu ; espoir ; mise en scène (un film assez dépouillé, avec une mise en scène presque invisible, qui fait fonctionner les hors champs, joue avec les lumières et les sons.) ; musique (pour lui, une échappatoire aux terreurs de la vie humaine, au seuil de la vie en est dépourvue, face à la naissance, il s’agit d’affronter la vie).
Prix de vente public conseillé : 18€ le DVD
Disponible dans la collection Montparnasse Classiques