Dead Rising, du capitalisme (bis)

Publié le 21 novembre 2006 par Jérôme / Khanh Dittmar / Dao Duc

 
Dead Rising réussit précisément là où, comme l'affirmait Debord, les sociologues ont échoué, c'est-à-dire parvenir à une critique du capitalisme détaillant en son coeur même le négatif constituant sa critique immanente. La prolifération parasitaire, à la fois rationnelle (abondance des objets de consommation, parfaitement déterminés sur la carte) et irrationnelle (abondance de zombies, générés aléatoirement), qui y figure en tant que la totalité des excès du capitalisme touchant les êtres et les objets, n'est plus considérée comme étrangère et encombrant la surface du monde, mais affirmée comme principe d'un système monde parfaitement équilibré duquel nous sommes dès lors les étrangers. Dead Rising mène alors le joueur au-delà du fonctionnement de ce système (perte de la jouissance par la dynamique propre de surabondance aboutissant à la vision apocalyptique et angoissante de tunnels peuplés d'une infinité de zombies) mais non au-delà du système même de par sa nature purement théorique (laboratoire fermé et symbolique, comme le soulignait Jérôme Dittmar). C'est là sans doute la limite de toute critique du spectacle, dont le jeu de Capcom constitue la plus joyeuse et la plus pertinente des théories possibles.

Khanh Dao Duc