Alors que son remake/prequel s’apprête à sortir en salles, revenons plutôt sur le The Thing original, celui de John Carpenter, entré au panthéon des films fantastiques et d’horreur depuis bien longtemps.
Fasciné et effrayé par le film La Chose venue d’un autre Monde de Howard Hawks et Christian Nyby dans son enfance, c’est après le succès de son New-York 1997 que John Carpenter va s’attaquer à un remake. Mais plutôt que de reprendre le film à la lettre, il va s’attacher à réaliser une relecture de la nouvelle originale écrite par John W. Campbell. Ainsi, nous voici en antarctique avec une équipe de scientifiques qui découvrent un corps enfoui sous la neige, prêt de la base norvégienne. Très vite ils se rendent compte qu’il s’agit d’une créature polymorphe venue d’un autre monde alors que la paranoïa s’installe entre les membres du groupe.La paranoïa. C’est bien le cœur de The Thing. Entre la peur de l’inconnu, d’une chose qu’on ne peut identifier et les doutes que l’on a sur les autres et la confiance que l’on peut leur accorder, John Carpenter aborde ici le thème de manière efficace et quasi complète. Avec sa maitrise de la mise en scène, il nous entraine ici dans un huis clos haletant et sous tension qui fait autant sursauter que douter. Il faut dire que la menace de cette chose est bien présente. Chaque minute du métrage écoulée nous fait plonger un peu plus dans la noirceur et la folie que la découverte de cette créature entraine. Il règne pendant tout le film une atmosphère d’apocalypse, comme si la survie du groupe de scientifique était la condition pour que le monde tourne, avant que cette créature ne s’y attaque.
Bien sûr, on peut tout de suite établir un parallèle avec le Alien de Ridley Scott. Avec cette créature qui attaque un groupe dans un lieu clos où personne « ne peut les entendre crier» , le rapport est évident et le cheminement de l’histoire est assez identique (la découverte de la créature ramenée dans le lieu clos, son développement à l’insu de tous). Et pourtant Carpenter s’en différencie avec une tension qui lui est propre mais aussi parce que sa créature n’est pas complètement mauvaise, c’est une chose difficilement identifiable, perdue (et donc agressive mais pas comme l’alien) mais surtout qui peut prendre l’apparence des autres et ainsi faire monter la tension. On relèvera d’ailleurs la qualité des effets de Rob Bottin qui rend la chose totalement hideuse et inhumaine.
Si Carpenter laisse ici pour une fois tomber son habitude de composer lui-même la musique du film, c’est pour la confier à un véritable maestro. C’est en effet Ennio Morricone qui se charge d’installer une tension musicale pendant tout le métrage, rendant sa musique aussi étrange que la chose. Du coup, l‘angoisse est présente à chaque instant et culmine lors de la scène devenue culte (et à laquelle Robert Rodriguez rend hommage dans the Faculty) des tests sanguins, révélateurs de la possession ou non des scientifique par la créature. Une scène de tension et de paranoïa marquante, à laquelle on pense immédiatement en évoquant The Thing.
Le film est aussi l’occasion de retrouver pour la troisième fois Kurt Russell devant la caméra de John Carpenter. Après son personnage culte de Snake Plissken dans New-York 1997, l’acteur est ici le dernier rempart entre cette créature et le monde civilisé. Mais à ses côté, c’est tout le casting qui arrive à instiller le doute sur la véritable personnalité de chacun. A aucun moment on ne sait qui va en réchapper ou mourir dans d’atroces souffrances.
Malgré toutes ses qualité, The Thing est loin d’être un succès en salles, complètement boudé par le public comme par les critiques. Comme la plupart des films de Carpenter qui suivront, c’est de la vidéo que viendra son salut. Mais c’est aussi l’un des films majeurs de John Carpenter qui ouvre avec the Thing sa trilogie de l’Apocalypse qu’il poursuivra avec le Prince des Ténèbres et l’Antre de la Folie, d’autres œuvres traitant de la paranoïa et de la fin d’un monde. Aujourd’hui The Thing est devenu un véritable film culte mais surtout l’un des films incontournables du cinéma fantastique.