Je viens de découvrir l’écrivain marocain Mohamed LEFTAH

Par Citoyenhmida

Je n’avais jamais eu l’occasion de tomber sur un de ses ouvrages, je ne connaissais pas son nom et c’est par la presse que j’ai appris que Mohamed LEFTAH vient de recevoir, à titre posthume, le prix littéraire MAMOUNIA 2011, le deuxième du genre.

A titre posthume? En effet, Mohamed LEFTAH, né à Settat en 1946, a disparu le 20 Juillet 2008 au Caire (Egypte) où il avait choisi de vivre.

Cette distinction n’est pas une référence en soi, d’autant que je me méfie des prix littéraires, comme je l’ai déjà écrit ici.

Donc par curiosité, j’ai essayé de me renseigner sur cet auteur dont le roman primé, LE DERNIER COMBAT DU CAPITAINE NI’MAT, paru chez Les Editions La Différence, retrace les déboires sulfureux d’un ancien officier égyptien face à son démon de midi particulier.

L’ouvrage  introuvable dans les librairies de la place – il serait interdit de vente au Maroc -  j’ai dû me contenter d’autres titres disponibles pour me forger une idée de cet auteur totalement inconnu pour moi, et qui plus est est édité par une maison élitiste et asez confidentielle.

J’ai pu ainsi me procurer deux recueils de nouvelles et un roman de Mohamed LEFTAH.

D’abord, deux recueils de nouvelles :

UNE FLEUR DANS LA NUIT, suivie de SOUS LE SOLEIL ET LE CLAIR DE NUIT, paru en 2006,  et UN MARTTYR DE NOTRE TEMPS, paru en 2007, sont écrites dans une très belle langue française et elles nous plongent  un univers  particulier, dominé par les souvenirs d’un Maroc révolu, qui a peu inspiré les auteurs de ce pays. La  nostalgie de ce Maroc glauque et incertain n’est pas de mise dans les récit de Leftah, mais le lecteur partage  sa discrète douleur dans l’évocation de  ces temps difficles.

    

On y retrouve les bars louches, les prostituées, mais aussi les résistants et terroristes! On y retrouve les cellules des prison surpeuplées et les manifestations populaires! On y croise un chasseur de chiens errants et un marchand ambulant de légumes! On y retrouve Ibn Toumert en pleine période de doute  et un auteur de nouvelles en quête de personnages§

Puis un roman AMBRE ou les métamorphoses de l’amour, paru en 2006. Mohamed LEFTAH y parle d’exil, d’amour et d’écriture, à travers l’histoire d’une naine difforme dont l’histoire a hanté l’enfance du narrateur.

Autant ses nouvelles sont d’un abord agréable, autant ce roman m’a paru ardu, pour ne pas dire confus: peut-être n’ai-je pas pu ou su suivre Leftah  dans ses “pérégrinations souterraines” et  ses “tenaces obsessions”.

J’ai eu également la chance de découvrir un ouvrage collectif consacré à cet auteur paru en 2009 chez TARIK EDITIONS : sous la direction de Abdellah BAIDA, plusieurs écrivains, universitaires et journalistes ( dont entre autres  Edmond Amran El Maleh, Mohamed Nidali, Salim Jay) ont contribué à la réflexion sur “Mohamed LEFTAH ou le bonheur des mots“.

La lecture de ces différentes contributions, et notamment celle de Abdellah BAIDA retraçant la vie et l’itinéraire de Mohamed Laftah,  permet de mieux appréhender son oeuvre.

Une nouvelle inédite intitulée “‘L’écrivain face aux djinns” vient clôturer les différentes interventions.

Telle que je l’ai découverte, l’oeuvre littéraire de feu Mohamed LEFTAH ne s’inscrit  pas tout à fait dans mes préférences personnelles, mais il  faut en reconnaitre, avec Mohamed Baida, le caractère “riche, singulier et puissant“.