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Préférence nationale

Par Memoiredeurope @echternach

Préférence nationale

Je ne me rends pas tous les jours à l’Assemblée Nationale. Cela vaut bien un taxi. Celui-ci est conduit par un chauffeur jeune qui a pris du temps plus que raison pour rejoindre cet hôtel du quinzième arrondissement. La journée est pourtant plutôt calme et il suffira de rejoindre le quai et de se laisser glisser jusqu’au Palais Bourbon. Des travaux partout, dit-il ? Oui bien sûr, quelle ville n’est pas en travaux ? Vous voulez que je vous parle de Luxembourg ou de Bucarest ?

-   « C’est comme cela depuis que Delanoë est arrivé ! On se demande s’il ne fait pas exprès de nous embêter. Vous avez vécu à Paris ?

-   Oui, mais j’en suis parti il y a bientôt vingt ans. Je crois que j’avais vraiment assez de la pression et de la circulation. J’avais l’impression que la situation s’était pourtant améliorée.

-   Vous avez eu raison. Moi, cela ne fait pas très longtemps que je suis là, mais je prépare déjà mon départ. En fait, c’est pire chaque jour. Dès que je peux, pfut… Vous allez à l’Assemblée alors ? Elle fait partie des trajets prioritaires. On l’a intégré dans nos GPS avec tous les raccourcis destinés à gagner du temps. Tiens regardez, tous ces vélibs qui nous empêchent de circuler ! Encore une invention de Delanoë ! Tous les parisiens râlent.

-   Vous n’arrivez vraiment plus à circuler ?

-   Vous ne pouvez pas imaginer ! Les touristes sont effrayés et ils n’ont plus envie de venir à Paris. C’est quand même pas comme ça ailleurs. D’ailleurs ils ne comprennent pas pourquoi on ne met pas le drapeau  français sous l’Arc de Triomphe. Voilà qui a de la gueule !

-   On le met les jours de célébration, non ?

-   Oui mais il le faudrait tous les jours. C’est comme la Tour Eiffel. C’était quand même plus beau quand elle était en bleu et qu’elle affichait les couleurs nationales.

-   Mais il me semble qu’il y a toujours des lampes qui clignotent.

-   Oui, mais seulement à chaque heure. Les touristes attendent cela avec tellement d’impatience. Il paraît que c’est une question d’économie. Tu parles. Bon vous voilà arrivés.

Je laisse un pourboire. Le chauffeur sort obligeamment ma valise du coffre.  C’est une plume. Une nuit à Paris, je n’ai pas besoin de me charger.

-   C’est bien léger. Ils ne travaillent pas trop les députés ! Dit-il avec un grand sourire.

Rideau !

Tricolore bien sûr.


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