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Aujourd’hui a eu lieu une Mad Pride en Italie, en Espagne et à Bruxelles. J’étais à celle de Bruxelles, avec un ami français ayant fait le déplacement uniquement pour y participer lui aussi. La marche a démaré à la gare du Nord et s’est terminée aux Monts des Arts. Sous la pluie battante, environ deux cents personnes étaient présentes, sous les bannières de Psytoyens, Ulenspiegel et Similes ou à titre individuel. Un orchestre accompagnait la marche et a mis une ambiance festive et chaleureuse malgré le froid et la pluie. Un juriste, une patiente et un membre de Similes ont pris la parole devant la gare Centrale, mais ils étaient très peu audibles et je n’ai quasiment rien entendu.
Un mini congrès était prévu aux Beaux-Arts à 16h. La première intervenante a présenté la Convention relative aux droits des personnes handicapées (http://www.un.org/french/disabilities/default.asp?id=1413), signée par l’Union Européenne, et qui, si elle est appliquée, devrait apporter des changements notables dans les conditions de vie des patients et le respect de leurs droits, notamment en remplaçant le système de tutelles par un système d’accompagnement qui consiste à informer la personne et à la laisser prendre les décisions elle-même, en interdisant les traitements inhumains comme la contention ou les traitements médicamenteux excessifs. Le centre pour l’égalité des chances, qui s’occupe du racisme, s’occupera aussi de faire respecter les droits et de lutter contre la discrimination des personnes souffrant de troubles psychiques.
La deuxième intervenante a parlé du rôle des pairs-aidants, qui commencent à voir le jour en Belgique, notamment comme médiateurs entre les patients et les professionnels de santé pour des soins de meilleure qualité.
Dans la salle, j’avais repéré quelques jeunes au look altermondialiste qui n’avaient l’air ni de professionnels, ni de parents ni de patients. Oui, moi aussi je mets les gens dans des cases, ou peut-être que nous nous mettons nous même dans des cases par notre look et notre façon d’être, bref, je me demandais à quel groupe ils appartenaient et ne savait quoi penser. Le troisième intervant devait être le ministre flamand pour le Bien-être, Jo Vandeurzen, qui s’est aussi occupé de la justice. Je dois l’avouer, je n’avais jamais entendu parler de lui, oui la Belgique est bien coupée en deux, et nous ne sommes pas souvent au fait de ce qui se passe de l’autre côté de la frontière linguistique. Il n’était pas présent mais s’était fait réprésenter. Son remplaçant a été immédiatement interrompu par une des jeunes filles que j’avais repérée, et très vite, des jeunes se sont levés dans plusieurs coins de la salle et on brandi des banderoles. Ils étaient là pour dénoncer la construction de deux nouvelles prisons psychiatriques, des mauvais traitements infligés aux jeunes dans les centres fermés, notamment des injections d’Haldol et des abus sexuels, des isolements prolongés dans les oubliettes de la démocratie. Le présentateur leur a dit de venir discuter après la conférence, mais ils ont continué à parler de leurs revendications, dans les deux langues, et a distribuer des tracts, malheureusement sans lien vers un site internet qui aurait pu en dire plus. L’animateur a décidé que la pause aurait lieu à ce moment-là. Et moi je me disais que mon « psychodar » était toujours en état de marche! Je suis sortie, cette interruption ayant mis un peu d’animation, j’ai enfin oser discuter avec des gens. Du groupe qui avait interrompu la conférence, il ne restait qu’une jeune fille qui discutait avec quelques personnes. Je me suis jointe à la conversation, et j’ai pu voir à quel point la politique qu’elle dénonçait la choquait, j’ai vu qu’elle était sincère et très émue. Pour elle, l’intérêt de leur action était de provoquer la discussion avec les intervenants. Je lui ai dit que j’étais d’accord avec ce qu’elle dénonçait, mais qu’il ne fallait pas rejeter la psychiatrie en bloc, que j’étais schizophrène et avait besoin de la psychiatrie et de médicaments pour vivre bien, mais que moi aussi je dénonçais tous les abus, qu’on m’a souvent accusée d’être contre la psychiatrie alors que je suis pour une psychiatrie humaine et respecteuse et qu’il était intolérable que la psychiatrie puisse faire aussi souffrir. Elle m’a répondu « Merci, c’est ce que j’espérais entendre ». Je suis rentrée dans la salle, elle n’a pas voulu attendre la fin pour continuer à discuter comme lui a proposé une dame, elle avait l’air vraiment bouleversée. J’ai regretté de ne pas être restée là pour parler avec elle et en savoir plus sur le mouvement, si c’en est un, auquel elle appartient. La conférence s’est terminée avec quelques questions-réponses, où malheureusement les traducteurs n’entendaient pas les gens parlant sans micro, et j’ai regretté d’avoir passé mes cours de néerlandais à rire bêtement au dernier rang et de n’avoir jamais pratiqué, parce que toutes les interventions dans la salle on été faites en néerlandais.
Certaines personnes ont été choquées par l’interruption de la conférence, mais je crois que ce n’est que la conséquence du fait que la psychiatrie a toujours plus ou moins flirté avec la répression sociale, et c’est plutôt cela que je trouve scandaleux. J’ai été impressionnée favorablement par ce groupe de jeunes, bilingue en plus.
Pour moi, le bilan est positif, même si j’ai été un peu frustrée qu’il n’y ait pas plus de discussions informelles entre les gens. La plupart était venu en groupe et restait entre eux, j’aurais aimé qu’après la conférence il y ait toujours l’espace pour boire un verre et se rencontrer, les exposés et l’interruption favorisant le dialogue avec des inconnus. Cela dit, j’ai parlé à quatre personnes que je ne connaissais pas aujourd’hui, ce dont je suis assez fière! Cela m’a donné l’envie de continuer à participer à des évènements de ce genre, je pense que j’arriverai peut-être même à y aller seule s’il le faut!
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