Quand je me sens d’humeur violente, je n’ai que le choix, ce qui ne m’embarrasse point. A portée de clic, sans avoir à lever mon arrière-train, moult occupations destructrices s’offrent à moi. Et ça ne date pas d’hier. Il n’y a qu’à voir le vieux, et toujours très jouable, Wolfenstein 3D, venu au monde en 1992 et parent légendaire du FPS. Bon, c’est vrai, même si la fluidité et la nervosité répondent toujours présent, les tas de pixels rouges censés nous représenter des flaques de sang cramoisi ne font plus mouche. Même son successeur, Doom, ne nous impressionne plus depuis longtemps. Quand on voit un Rage (encore un titre iD Software), qui vient tout juste de sortir, on ne peut qu’être étourdi par les progrès plastiques de notre sport préféré et du rendu des éviscérations (pourquoi ce mot est-il absent du dico ?).
Mais la violence, cette violence à laquelle on est désormais tous plus ou moins accro, prend des formes plurielles. Le FPS n’en a pas le monopole. Voyez donc ces jeux de baston, et ils sont légions, qui nous nourrissent à coups de hadouken et de techniques improbables. Oh, je ne vais pas les citer tous, vous les connaissez bien. Et même si en général le sang est absent, la furiosité (oui j’ai inventé le mot …) et la violence sont bien réelles. A côté trône néanmoins le célèbre Mortal Kombat avec ses fatalités complètement gratuites. Les têtes volent et les personnages explosent dans des gerbes de sang goresque (néologisme personnel, vous m’excuserez). Juste jubilatoire.
On pourrait aussi pointer les hack’n'slash, désormais légion, où l’on vous met à l’assaut de créatures, imaginaires pour compenser la sauvagerie du genre (vous avez déjà vu un hack’n'slash au cœur de Paris dans les annés 90 ?). Et là aussi le temps a passé, les fleurs ont fané et des empires ont été défaits. De Diablo premier du nom à un Diablo III en chemin, les épées bâtardes et les perks pour améliorer les degâts ont constitué le terreau de nombre d’enfants gâtés du genre. Rendre imaginaire la boucherie semble aider à faire avaler la pilule aux Familles de France. Ca paraît moins grave que lorsqu’on écrase des piétons dans un Carmageddon.
Tout ça, et d’autres choses encore – je ne vais pas vous en faire un dossier -, c’est pour la brutalité +16. Or, il existe aussi une violence guillerette, plus kids-friendly, qu’on retrouve dans quantité de productions japonisantes, pokemon en tête de gondole. Si si. Un jeu qui prône la chasse et la baston, mais comme allégées et sans sucre : pas de sang, pas de mort. On pourrait qualifier la chose d’introduction – introduction à l’inévitable et prochaine désinhibition, celle qui nous fera déverser des mètre cube d’hémoglobine et basher à la chaîne des quantités à augmentation géométrique de mobs stupides, comme dans quelques bons beat’em’all ou MMO.
Mais pourquoi s’acharne-t-on sur notre passion, dont nous assumons la récurrente brutalité, alors que le cinéma fait déjà vivre par procuration nos instincts refoulés depuis des siècles (j’exagère évidemment un peu) ? Peut-être du fait de l’interactivité. Celle qui nous implique de façon plus forte, et qui fait de ce 17e art un art boudé par ceux … qui ne veulent pas s’impliquer dans un univers virtuel où on discute moins de morale, même s’il y a encore, et heureusement, des limites.