L’effondrement des ponts à El Bayadh, nouveau scandale dans le secteur des travaux publics
Les inondations meurtrières qui ont frappé El Bayadh ont révélé, encore une fois, la fragilité des infrastructures de bases en Algérie. Des ponts se sont effondrés et des tronçons de routes ont été emportés par les eaux de pluies. Le gouvernement n’a rien dit sur les raisons de cette catastrophe qui a isolé des quartiers entiers de la ville d’El Bayadh. Aucune enquête n’a été annoncée pour déterminer les responsabilités et en tirer les conséquences. Le ministre des Travaux publics Amar Ghoul, qui s’est déplacé sur les lieux, a juste constaté les dégâts. Sans fournir d’explications sur la fragilité des ponts algériens, fortement vulnérables.
Comme lors du séisme de Boumerdès en 2003 et des inondations de Bab l Oued (Alger) en 2001, la qualité des bâtiments et des ouvrages algériens s’est révélée mauvaise à l’occasion des inondations d’El Bayadh. L’effondrement de ponts dans cette ville suscite des interrogations parmi les ingénieurs des travaux de publics, habitués à concevoir et à réaliser des ouvrages d’arts. Les ponts sont généralement destinés à tenir au moins un siècle et à résister à des séismes et à des catastrophes naturelles dont les inondations. « Il y a eu défaillance dans la conception des ponts et des routes de cette ville », explique un expert en travaux publics. « Comment peut-on construire des ponts dans une région connue pour ses pluies torrentielles sans prendre en considération la pluviométrie et le risque de crue des oueds ? »», s’interroge?t?il.Dans la conception d’un pont qui enjambe un lit de rivière, plusieurs paramètres sont pris en compte dont celui de l’élévation du niveau d’eau en cas de crue. « Les fondations de l’ouvrage d’art doivent être suffisamment solides pour résister à des courants d’eau d’une vitesse exceptionnelle », explique le même expert. A El Bayadh, la conception de l’ouvrage et sa réalisation n’ont pas été conformes aux règles de l’art. Souvent, dans les villes de l’intérieur du pays, notamment celles situées très loin de la capitale comme El Bayadh, d’importantes sommes d’argent sont dépensées annuellement dans la réalisation de nouvelles infrastructures de base qui s’effondrent aux premières grandes pluies saisonnières. Un scandale ignoré par les autorités.