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Habemus papam de Nanni Moretti

Par Catherine93

Un immense cri de détresse devant la charge qu'on lui a confiée: pas moins d'un milliard de catholiques, voire plus quand on est vraiment généreux. C'est trop lourd, trop effrayant pour le cardinal Melville qui vient d'être choisi comme pape. Le monde entier attend ses paroles qui le rassureraient mais elles ne viennent pas. Moretti égratigne l'Eglise et ses représentants qui, tous sans exception, ne veulent pas être élus. Premiers rires devant cette débandade généralisée: on a connu plus courageux. Le Pape va mal et c'est une catastrophe pour l'humanité tout entière. Pour tenter de remédier à ce problème inédit, il est fait appel à un psychanalyste (Nanni Moretti en personne) qui ne peut recourir à la bonne vieille introspection (l'enfance, papa, maman) pour comprendre le mal qui affecte l'ancien cardinal. Mais sécurité oblige, la séance devient publique: tous les cardinaux s'approchent, immensément curieux de connaître ce qui tourment le nouveau pape. La psychanalyse échoue devant cette vérité: le refus du pouvoir, la liberté avant tout. Ce n'est que le début de ce film qui hésite toujours entre le rire et l'émoi. En effet, les cardinaux sont de grands enfants et le stratagème inventé pour faire croire que l'ancien cardinal est toujours au Vatican est franchement drôle. Les ors, la beauté des peintures, des culptures, certes, mais le Vatican s'apparente plus à une prison dorée où se joue depuis des siècles la comédie de Dieu qu'à un lieu de prière serein. Michel Piccoli est grand dans ce rôle. Il incarne un pape nostalgique des répliques théâtrales d'antan, d'une vie sans la charge écrasante du pouvoir qu'il refuse. Un très beau film, intelligent comme toujours.


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