"...Il y a des hommes océans, en effet..."
Victor Hugo
- Philippe, j’ai peut être une solution pour m’en sortir.
- Ah oui, laquelle ? Non, ne me dis rien, tu vas… te pendre ? Demandais-je hésitant.
- Mais non… quoique… tu te souviens de la femme du pharmacien ?
- Elle veut se pendre ? demandais-je surpris.
- Non, c’est celle qui a divorcé
- Ah oui, celle du bout de la rue.
- Et alors ?
- Alors elle a rendez-vous avec son banquier la semaine prochaine.
- Attends, rappelle moi un peu pourquoi.
- Bon tu te souviens que je t’avais parlé que cette femme était intéressée par mon commerce, elle m’avait demandé de diner avec elle un soir, même que tu m’avais dit d’y aller seul et tu avais raison, mais elle a insisté pour que ma femme soit là, alors l’autre elle a ramené sa gueule au pire moment, tu la connais.
- - Pourquoi ?
- - C’est plutôt, pourquoi je ne t’écoute pas. Bon, en plein milieu du repas, alors que tout allait bien, l’éventuelle acheteuse demande à ma femme : et toi qu’est-ce que tu vas faire après avoir vendu le magasin ? Bon, toute personne sensée qui vend un magasin a un projet, c’est normal et bien tu sais ce qu’elle répond mon abroutie de femme : Moi, dit-elle, moi, je prépare des cv et je cherche du boulot… à 50 balais sans le moindre diplôme, c’était tellement incongru, l’autre elle a tiré une de ces gueules en entendant ça.
- - Je t’avais pourtant dit d’y aller seul, lui dis-je excédé.
- - Oui je sais, depuis, je m’arrache les cheveux, je mords mon chapeau, je me bouffe les c… Non mais j’avais envie de la tuer à cet instant, mais quelle femme stupide, tu veux me dire pourquoi j’ai épousé une femme aussi bête ?
- - Évidemment, ça a jeté un froid, lui demandais-je posément.
- - Un froid, mais tu rigoles, une banquise, soudain je me suis senti comme un ours polaire perdu au milieu de nulle part, le désert glacé.
- - C’était quoi ?
- - C’était quoi, quoi ?
- - Ton dessert glacé…
- - Mais quel dessert glacé… Bon bref ! en plus, trois jours avant, mon expert comptable nous avait convoqué, ma femme et moi pour un entretien à caractère amical.
- - Ça existe ça ?
- - Écoute un peu, il commence comme ça : Bon, je vous ai demandé de venir pour vous informer que votre situation est catastrophique, vos chiffres, enfin, vous êtes pratiquement en dépôt de bilan et je crois qu’il faut prendre une décision de toute urgence, et là je me dis, toute personne sensée serait à l’écoute d’un conseiller, d’un spécialiste en la matière, mais non, là, ma femme me jette un regard d'une colère noire, du genre, mais tu peux pas fermer ta gueule espèce de con et qu'est-ce que t'as à parler à n'importe qui de nos problèmes, mais c'est que c'était pas n'importe qui, c'était mon expert comptable, après, elle regarde l’expert et du tac au tac, lui répond : mais je ne vois absolument pas ce quoi tu veux parler, c’est n’importe quoi, la boutique fonctionne très bien, je ne comprends rien à ce que tu racontes. Mais quelle sotte, un expert comptable est décidé à nous aider et elle lui claque la porte au nez, elle nous a foutu dans la merde avec sa gestion de catastrophique et elle prétend que tout va bien, mais quelle abroutie, quelle abroutie, je ne sais plus quoi faire, je ne sais même plus comment je m’appelle, qu’est ce que je dois faire ?
- - Te calmer et réfléchir sans passion.
- - Ah ça tu l’as dit, sans passion, mais le pire c’est qu’elle en rajoute une couche. Alors l’autre il lui répond : écoute, je connais mon métier, je sais très bien de quoi je parle, vous êtes ruinés, je vous ai fait venir pour faire le point, car votre boutique il va falloir penser à la liquider, sinon, dans deux mois vous êtes sous les ponts. Et ma femme, le génie du siècle : Mais tu dis n’importe quoi, et elle insiste, et là, il s’énerve : Bon écoute, je connais mon métier contrairement à toi et ce n’est pas toi qui va me l’apprendre, mais si mes conseils te font chier, texto, il a dit cash, si mes conseils te font chier, et bien je n’ai plus de temps à perdre avec vous deux… Moi je faisais dans mon froc, je buvais ses conseils comme du petit lait, j’en avais besoin, mais l’autre elle a fait sa prétentieuse, sa, je sais tout, mais quelle conne, quelle CONNE ! je n’en peux plus d’être avec une abroutie pareille.
- - Et toi, qu’est-ce que tu as dit ?
- - Rien, j’ai rien dit, parce qu’elle est tellement stupide qu’elle ne comprend rien, elle nous a ruiné et c’est encore de ma faute, non mais tu comprends ça un être qui ne comprend rien à rien et qui rejette sa famille ?
- - Oui, avec ta femme, je comprends, mais elle n’a pas tout à fait tors, car si tu avais montré un peu plus de courage, vous n’en seriez pas là.
- - Oui, je sais, c’est vrai je suis un con, un faible, mais tu ne sais pas ce que c'est que de vivre avec une femme pareille, si je rale, c'est le conflit, je ne supporte pas le conflit, je suis un naïf, à 60 ans je n’ai rien, pas un sous en poche, rien de rien, pas un appart, même pas un studio, on avait un appart, elle a tout fait pour le vendre et pour quoi ? regarde nous, des clochards...
- - Bon, pour changer de sujet, tu sais mon copain Erko…
- - Oui, le turc…
- - C'est ça, le « shnour » comme disait ta femme et quand elle a dit ça j’aurais sérieusement dû l’engueuler, elle ne respecte rien, ni personne, c'est une sorcière, je vais te dire, je suis un non violent, mais elle mérite des baffes.
- - Le « shnour » ? Mais ça veut dire quoi ?
- - Est-ce que je sais ? Tu lui demanderas, ça m’a choqué, et comme elle critique et elle se moque de tout le monde en se croyant supérieur j’ai considéré que c’était une insulte, et je le crois toujours, ce n'est certainement pas une douceur.
- - Alors ça ?
- - Tu vois, elle te réserve encore des surprises.
- - C’était quand ?
- - Cet été.
- - Je buvais un café avec lui au bistrot d’en face il était dans une mauvaise période, il avait besoin de parler, et elle s’est imposée à notre table, à nous raconter des bêtises sur la vie, à cracher sur ses enfants en les qualifiant de "tarées", en disant « faut encore que je fasse à manger pour les autres tarés... », ce qui impliquait que tu faisais partie du lot. Alors elle fait tout pour son théâtre, pour ses camarades, son amant, les repas, les gâteaux, les ventes pour l’association, enfin tout, mais pour sa famille de tarés, c’est désormais devenu une corvée.
- - Oui, c’est vrai elle est un peu comme tu dis… Mais qu’est-ce qu’on peut y faire ?
- - Rien, c’est un monstre d’égoïsme qui choisit dorénavant sa famille, ses amis, son "métier". Bref ! arrivée à notre table, elle me dit : Tu veux pas aller vendre à ma place et aider ton copain ? Pardon ? estomaqué, je lui réponds : mais c’est ton magasin, pas le mien, je n’ai pas à faire ton travail à ta place. Ça ne l’a pas gêné pour autant, elle est restée à notre table plus d’une heure à déblatérer sottises après sottises. Quand elle est enfin partie, mon ami me dit : elle cherche cette femme. Elle cherche quoi lui ai-je répondu. Elle est en chasse, elle cherche un mec, alors tu imagines, moi, j’étais à 100 lieues de penser à ta femme, mais lui qui était étranger à sa fréquentation, il a tout de suite senti qu'elle cherchait à se faire sauter.
- - Tu vois, il avait raison, mais ton histoire de « shnour » ce mot ne fait pas partie de son vocabulaire.
- - Faut croire que tu ne la connais pas si bien que ça ta femme.
- - Faut croire. Bon, il dit quoi ton ami turc ?
- - Et bien Erko m’a parlé des femmes et je peux te dire que c’est un sacré spécialiste en la matière et il en connaît un rayon et surtout les femmes du même milieu que celui de ta femme.
- - Qu’est-ce que tu veux dire ?
- - Ta femme vient d’une cité, lui aussi.
- - Alors ?
- - Il a commencé à m’expliquer que lorsqu’une femme ne couche plus avec son mari, c’est qu’elle a quelqu’un d’autre dans sa vie, lorsqu’elle a mal à la tête, au ventre, lorsqu’elle est fatiguée, lorsqu’elle ne veut plus de rapport sexuel… en dehors du fait que parfois ce n'est pas simulé.
- - Comme la mienne quoi…
- - Oui comme la tienne. Alors il m’a donné plein d’exemples, et à chaque fois ça s’est vérifié. Ensuite il a ajouté que contrairement aux hommes qui sont capables d’avoir plusieurs relations avec des femmes différentes, la femme lorsqu’elle a un mec qui lui convient, elle n’en change pas et pour ta femme, ta queue ne convenait plus. Et puis, il a parlé du démon de midi à partir de 50 ans, les hommes et les femmes perdent la tête et ils ont besoin de vivre une sexualité totalement débridée, c’est le cas de ta femme et pas que de ta femme je t’assure. Ensuite, il m’a parlé de la psychologie de la femme, en précisant bien qu’une femme c’était sans pitié, une fois qu’elle avait pris sa décision, c’était définitif, alors que les mecs, ils sont cons, ils ont des remords, ils reviennent en arrière, ils pardonnent plus facilement, en fait, ils sont plus faibles, les femmes elles, sont terribles dans leurs décisions, elles sont irrévocables. Dans ton cas, ta femme a pris une décision.
- - Alors tu crois que je n’ai plus ma chance avec elle ?
- - Mais quelle chance ? t’es con ou quoi, rester avec cette femme c’est sombrer dans le gouffre, d’ailleurs dans le gouffre, tu y es déjà.
- - Oui, je sais.
- - Ton problème je vais te dire, c’est que tu es amoureux de la beauté de ta femme et que ça fait 30 ans que tu crois que tu vas l’améliorer. Dis-toi qu’un produit manufacturée avec des défauts de conception ne peut-être amélioré, ta femme c’est pareille, elle a trop de défauts de conception, c’est dans les gènes, regarde tes filles…
- - Des harpies, je sais.
- - Es-tu certain de vouloir garder ta femme ?
- - Je ne sais plus. Et tu crois qu’il y aurait une femme plus jeune qui voudrait de moi ?
- - Non t’es trop vieux, à moins de trouver une jeunette gérontophile.
- - C’est quoi ça ?
- - Une jeune fille qui aime les vieux, et surtout qui aime le fric.
- - Alors je suis condamné, parce que l’autre elle m’a ruiné. Mais pourquoi elle est devenue comme ça ?
- - Oh c’est compliqué et ça remonte loin, son éducation son enfance, les sacrifices auxquels elle a consenti pour vivre avec toi…
- - Arrête on dirait que c’est une corvée.
- - Oui pour elle s’en était une, quand on voit comment elle gère sa vie aujourd’hui, ça en dit long.
- - Mais elle a toujours dit que le sexe ne l’intéressait pas.
- - Il ne t’est jamais venu à l’esprit qu’elle pouvait mentir ? Qu'elle te disait ça pour ne plus coucher avec toi ? Qu'avec toi c'était pour elle une corvée ?
- - Non, enfin, maintenant qu’on en parle…
- - Tu sais, le sexe est un moyen de remonter son estime de soi dans l’esprit des autres. On respectera d’avantage une femme épanouie qui gère sa sexualité avec un cheptel de mecs, mais une vieille qui se tape un gigolo, c’est une salope, grossière et vulgaire, c’est dans les mœurs, alors qu’aujourd’hui, ta femme, elle fait comme les autres...
- - Vraiment ? Alors ma femme, c’est quoi ?
- - Une femme Cougar.
- - Une quoi ?
- - Une femme Cougar.
- - Qu’est-ce quez’est ?
- - C’est une femme de l’âge de ta femme qui se tape des hommes plus jeunes, dans son cas, c’est un homme plus jeune qui devient son jouet, son jouet exclusif. Comme disait ta fille aîné : - Tu sais papa, lui, c’est le jouet de maman, elle lui dit de se mettre à droite, à gauche, couché, assis, debout, il le fait, il fait tout ce qu’elle demande, c’est son jouet.
- - Et toi, es-tu le jouet de ta femme ? Lui demandais-je.
- - Quoi ? Mais, elle va se faire foutre.
- - Bien oui, c’est exactement ce qu’elle fait.
- - Putain ! mais tu as raison, c’est ce qu’elle fait, moi aussi je veux un jouet, y’a pas de raison.
- - Pour ce faire, il faudrait que tu changes d’attitude.
- - Comment ça ?
- - Il faudrait que tu sois plus viril, plus puissant, moins faible, car ta femme elle a besoin d’un mec fort, c’est sa nature, tout dans le rapport de force. J'ai une amie qui m'a dit : tu sais, pour une chienne, il faut un chien. Et toi, tu n'est pas assez chien avec elle.
- - Tout ce que je ne suis pas.
- - C’est pour ça qu’elle ne te respecte pas et qu’elle ne te respectera jamais. Tu vois lorsqu’elle te dit qu’elle veut se barrer et prendre un studio, c’est juste pour aller baiser avec son père de famille, mais je ne suis même pas certain qu’elle voudrait vraiment te quitter, même si elle ne te supporte plus, tu es son ancre.
- - Maintenant je suis tellement humilié, j’en ai tellement marre de sa gueule, de ses cris, de ses hurlements de chienne enragée tous les soirs… que son ancre, elle peut se la carrer quelque part et au large de la Papouasie même.
- - D’ailleurs à ce propos, elle a transposé la scène de théâtre dans son foyer, alors elle gueule en pensant s’entrainer à déclamer des phrases devant un auditoire admiratif, alors que son auditoire, il ne peut plus ni la voir, ni l'entendre, mais c’est une orgueilleuse et l’on ne peut jamais rien tirer de gens confits par la vanité, d'ailleurs, c'est pour cette raison qu'elle ne vous supporte plus, car plus personne ne l'admire au coeur de cette famille. Triste, mais tellement vrai…
- - Tu crois qu’elle est… oui, oui putain, mais cette femme est folle et c’est ma femme… Je suis marié à une folle !
A suivre…
Ce texte n’est pas libre de droit, merci de votre compréhension.