Inséparable de son frère ainé de 4 ans, c'est lui, commentateur de films muets qui l'inspirera à sortir de ses classes de dessins, où il excelle par ailleurs. Grâce à son frère, Akira découvre non seulement le cinéma mais aussi le théâtre et le cirque. Akira tente de vivre de ses peintures mais sans succès. Il se trouve un emploi d'illustrateur de livre.
Quand le cinéma parlant envahit l'Asie en 1930, le frère d'Akira Kurosawa perd son emploi et se suicidera trois ans plus tard. Akira, fortement bouleversé, se lance alors dans le monde qui était celui de son frère: le cinéma. En 5 ans comme assistant réalisateur il travaille sur 24 films, dont 17 avec le réalisateur Kajiro Yamamoto. Akira apprend le métier auprès de lui.
Le film sera jugé trop "anglo-saxon" pour le japon, ce qui est aussi considéré comme une trahison. Le film est censuré de 18 minutes ce qui n'aide en rien à la compréhension du film.
Le cinéaste Yasujiro Ozu avait défendu le premier film de Kurosawa, le film fût donc un relatif succès quand même. Le studio commande alors une suite à Sanshiro Sugata, qui n'intéresse pas du tout le réalisateur. Il tourne quand même Zoku Sanshiro Sugata qui sera un échec. Kurosawa tourne Tora No O Wo Fumu Otokachi mais la censure intervient encore, les japonais trouvant le film trop occidental et démocratique. Ironiquement aux États-Unis la censure de là-bas jugera le film au contraire trop féodal et ne le mettera sur le marché qu'en 1952.
Inspiré du travail des réalisateurs Frank Capra, D.W.Griffith et F.W.Murnau, Kurosawa tourne en 1947 l'histoire d'amour relativement simple Subarashiki Nichiyobi qui est plus ou moins bien reçu. La même année, un scénario de Kurosawa est tourné par un autre réalisateur qui lui fait découvrir le jeune acteur Toshiro Mifune. Kurosawa vient de trouver son alter ego.
Avec trois amis, Kurosawa fonde son propre studio. Il adapte une pièce contemporaine de Kazuo Kikuta, Shizukanaru Ketto. Le film est un succès du box office, mais un échec critique. Il sort alors rapidement la même année Nora Inu (Chien Enragé) inspiré de George Simenon qui sera un film majeur de l'oeuvre complète du réalisateur. Il s'agit de sa première collaboration avec le scénariste Ryuzo Kikushima. Cette amitié durera plus de 20 ans.
Shubun est lancé en avril 1950 mais le film est flou et baclé. Kurosawa lui-même en est si insatisfait qu'il tourne tout de suite un autre film qui sera en salle dès le mois d'août suivant: Rashomon.
Le film ne sera pas un succès immédiat au Japon mais sera un succès immense ailleurs.
Hakuchi est un échec parce que massacré par le montage d'un film de 265 minutes ramené à 166. Toutefois, toujours sur l'effet de la curiosité post-récompenses, Ikiru (vivre), co-scénarisé avec l'écrivain Hideo Oguni, auteur avec lequel il co-écrira 12 autres films, est un hit. La comédie Brechtienne sur un sujet grave (le cancer) est un énorme succès du box office et gagne aussi, au Japon, le titre de meilleur film de l'année 1952. Avec les scénaristes Shinobu Hashimoto et Hideo Oguni il s'enferme 45 jours pour écrire Shichinin no samurai (Les 7 Samourais) un film de trois heures qui sera tourné sur 148 jours et durera plus d'un an de travail. Ce film épique racontant l'histoire de 7 samourais qui choisissent de protéger les villages d'un groupe de bandits devient son incontournable. Encore aujourd'hui on vote ce film le meilleur de tous les temps au Japon. John Sturges en fait une adaptation célèbre 6 ans plus tard aux États-Unis.
En 1954, des test nucléaires dans le Pacifique causent des retombées radioactives au Japon et créent des incidents aux conséquences désastreuse. Hiroshima n'est pas loin dans la conscience collective niponne et Kurosawa, effrayé, tourne Ikimono no kiroku (Vivre dans la peur, chronique d'un être vivant). L'accueil des critiques et du public est timide et réservé. Le film devient alors le premier de Kurosawa à ne pas rentrer dans ses frais durant son exploitation en salle. Aujourd'hui, il est considéré comme le meilleur film traitant des effets psychologiques de la paralysie nucléaire mondiale.
Kumonosu-jō (le château de l'araignée) est une adptation de Macbeth dont l'histoire est transposée en Asie à l'époque Sengoku. Le film est un succès relatif au Japon mais devient à l'étranger une référence pour les adaptations Shakespeariennes par de nouvelles cultures. Fier de ce succès critique, il adapte la pièce de théâtre Les Bas-Fonds du Russe Maxime Gorki et tourne Donzoko. L’exercice de transposition à l'époque Edo est considéré comme une réussite artistique mais le public de 1957 n'est pas au rendez-vous.
Depuis Rashomon, la fortune du réalisateur est plus importante. Le studio lui offre alors d'investir davantage de sa poche à lui et en retour le studio lui laissera une plus grande liberté artistique. Kurosawa accepte.
Maintenant que les westerns des États-Unis s'inspire de lui, Kurosawa choisit de s'inspirer lui aussi des westerns et tourne une histoire de samouraï : Yojimbo. Le film sera un immense succès au box office. For a Fistfull of Dollars de Sergio Leone sera un remake non autorisé scène par scène de Yojimbo. Une suite à Yojimbo est aussitôt commandée. Kurosawa adapte un scénario commencé un an plus tôt et y inclut le personnage principal de Yojimbo. Sanjuro, plus comique, surpasse rapidement le succès du film auquel il faisait suite.
Ce film marque la fin d'un cycle pour Akira Kurosawa. Il s'agira du dernier film en compagnie de Toshiro Mifune. L'industrie a beaucoup changée, la télévision est devenue un joueur important dans les subventions accordées pour tourner et filmer en couleur est maintenant habituel. à 56 ans, Kurosawa a envie de répondre aux offres de l'étranger qui se comptent par douzaine. Il tente un séjour aux États-Unis qui sera catastrophique.
Le temps leur donnera raison.
Le traumatisme aux États-Unis le font se détacher de ses collaborateurs habituels. Lui qui avait décrié la corruption au sein des entreprises se retrouve aussi, ironiquement, au coeur d'un scandale à même ses propres bureaux de production.
Avec trois autres amis, il forme une nouvelle maison de production. Il tourne Dodesuskanen son premier projet en couleur. Le film est un tel échec critique, public et financier que la nouvelle maison de production est aussitôt dissolue.
Au début de 1973, une société soviétique lui propose de tourner un de ses rêves depuis les années 30: Dersu Uzala. Le tournage, en Sibérie dans des conditions naturelles, est difficile et le film sort en 1975.
Le japon boude le film mais il est chaleureusement accueilli à l'étranger, remportant le Prix d'Or du Festival international du film de Moscou ainsi que l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le succès au box-office est également au rendez-vous.
Il apparaît dans des pubs de whisky Suntory en 1976.
Kurosawa dessine maintenant tous ses storyboards et peint beaucoup. Il expose.
Il tourne Ran, une adaptation du King Lear de Shakespeare, un projet cette fois financé par les Français. Sa femme tombe malade et meurt pendant le tournage. Ran remporte plusieurs récompenses au Japon mais n'est pas aussi recconu à travers le monde. Kurosawa est usé. Alors qu'il a toujours répondu "le prochain" quand on lui demandait quel était son meilleur film il répond maintenant "Ran".
Lui qui souhaite mourir sur un plateau de tournage, tournera encore trois autres films avant de mourir chez lui, à l'âge de 88 ans d'une attaque cérébrale.
Il aura peint plus de 2000 peintures. Tourné plus de 30 films.
Inspiré son peuple et le monde entier.
Akira Kurosawa aurait eu 100 ans en mars l'an dernier.