Test de Rugby World Cup 2011

Alors que la coupe du monde de rugby bat son plein, les produits dérivés de cette grande fête de l'ovalie envahissent nos étals. Le jeu vidéo n'échappe pas à la règle avec Rugby World Cup 2011. Les jeux de rugby n'étant pas légion de nos jours, surtout depuis qu'EA Sports, véritable maitre en matière de simulation sportive, a laissé tomber le créneau, c'est donc avec une certaine ferveur que les passionnés du ballon ovale ont dû accueillir ce titre de 505 Games. A tort ou à raison ?
Le rugby champagne à l'honneur…

Le plus compliqué dans un jeu de rugby est souvent d'assigner aux touches de la manette toute la palette des mouvements et actions d'un joueur réel sans que cela ne devienne un casse-tête. Oui, le rugby est un sport bien plus fin que ce qu'il ne laisse paraitre lors des inévitables chocs entre joueurs. Combinaisons multiples, règles dans tous les sens, pas facile d’être le nouveau Chabal. Sur ce point, on peut dire que 505 Games a fait du bon boulot puisqu'une fois les touches apprivoisées, les commandes viennent instinctivement.
La diversité des actions possibles est alors au rendez-vous allant de l'accélération, au crochet dévastateur, le raffut (le joueur s'aide de son bras pour se défaire de son vis-à-vis), la passe simple, après contact ou sautée... Résolument, les développeurs ont voulu mettre du rythme dans les matchs de cette coupe du monde virtuelle. Et c'est un sans-faute tant les débordements de grande classe sont légions. L'animation du jeu insufflée par le traditionnel couple 9-10 peut se faire soit à la main avec des transmissions au large ou au ras, mais aussi au pied avec la chandelle ou la passe au sol.
Intelligemment, 505 Games a également intégré des moments de QTE. Ces phases sont pratiques en touches notamment avec trois choix possibles lors de l’envoi du ballon : premier sauteur, deuxième ou fond d’alignement selon le bouton choisi. Pour contrer la touche, il faudra donc faire preuve d’un certain timing et d’observation pour déceler le mouvement du joueur qui va sauter. Le QTE peut également se révéler utile pour gratter la balle lors des rucks. La touche à presser apparaitra au-dessus du joueur le plus près pour qu’il se couche sur la balle en attendant que les « gros » reviennent faire le nettoyage autour du ballon.
La phase du buteur est plutôt bien retranscrite également. Il faudra ici gérer la force et la précision du coup de pied pour transformer un essai marqué ou convertir une pénalité. Le tout en tenant compte de l’impact du vent sur la trajectoire de son tir. Bref, vous l'aurez compris tout est fait pour créer des attaques d'écoles du plus bel effet, avec une variété de tactiques à mettre en place très complètes et plaisantes.

…Au détriment de la défense ?

Défensivement par contre, Rugby World Cup 2011 montre ses premières limites. Bien sûr le plaquage reste l'élément central pour assurer une défense sérieuse. Là, pas trop de souci le spectacle est au rendez-vous. Pas de prise de tête, il n’y a que deux choix possibles : soit on colle notre joueur devant le porteur du ballon et le tampon se fera tout seul, soit l'on utilise un bouton pour se jeter avec un beau plongeon sur l'attaquant. Et les premiers caramels volent de toutes parts. Le principal problème vient souvent de la caméra qui, mal placée, peut empêcher d’avoir une bonne lecture du positionnement du joueur à plaquer.
Mais malheureusement, c'est à peu près la seule phase où l'on se sent vraiment acteur. Pour le reste, le gain du ballon lors des rucks (regroupement au sol) est assez aléatoire même si l'on s'affaire à marteler le bouton permettant de gratter le ballon. Le déblayage est inexistant. Il en va de même pour disputer une mêlée. Peu de chance de laminer la 1ere ligne adverse quand elle introduit le ballon. Le plus astucieux reste de tourner suffisamment la mêlée adverse pour récupérer l’introduction. Autrement, on se sent impuissant et quand on arrive à récupérer le cuir, c'est bien souvent par hasard.
Des petits détails auxquels viennent s'ajouter une IA souvent prise à défaut lorsque l'adversaire enclenche la seconde. Il faut bien souvent s'en remettre à courir soi-même comme un dératé derrière celui qui a percé le gruyère constitué par ses lignes défensives. C'est d'autant plus dommage que l'on peut pourtant choisir de défendre de manière classique, au ras ou au large mais sans que cela ait un réel impact. Enfin, le coup de pied de dégagement, pourtant si utile lorsque l'on est sous pression, est un peu approximatif. Trouver la touche n'est pas chose aisée car la camera est systématiquement mal placée et nous empêche d’estimer réellement où l'on botte.

Le tout dans un package bâtard

Perdu entre simulation et arcade, le jeu peine à rendre une copie propre. Quitte à proposer toutes les subtilités du rugby autant le faire bien. On retrouve bien les « en avant », les plaquages dangereux, les talonnages à la main ou les hors-jeu, mais les fautes sont sifflées de manière un peu aléatoires, si bien que l’on se retrouve des fois à se prendre un carton jaune d’entrée de jeu. Frustrant !
Avec son ''cul entre deux chaises'' Rugby Wolrd Cup 2011 agace tant qu'il réjouit par moment. Avec un peu plus de soin, le résultat aurait pu être bien meilleur. Surtout que la réalisation globale du titre n’est pas d’un niveau exemplaire. Bien malin sera celui qui pourra reconnaitre l'un de nos molosses du XV de France ! Le jeu pourrait sans trop de contreparties tourner sur Playstation 2.
Et que dire du contenu ? Avec le choix pris de s'octroyer la licence officielle de la Coupe du Monde de Rugby, le contenu de la galette est extrêmement limité que ce soit en nombre d'équipes (les 20 engagées dans la compétition) mais aussi en modes de jeu (la coupe du monde, les matches de préparation, un concours de tir de pénalités et un face à face sur le Xbox Live. C'est tout ! Rien de plus, rien de moins. Pire, les All Blacks, pourtant équipe Ô combien emblématique, n'apparaissent pas sous leurs vrais noms. Cet honneur sera réservé à Jonah Lomu Rugby Challenge. Le sacrifice de trop ?