Le débat des primaires socialistes au banc d’essai

Publié le 07 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

En toute liberté, réagissons, commentons le dernier débat des primaires socialistes.

Par Alain Madelin

Les candidats à la primaire PS

Le débat :

Derrière la « retraite à la carte » des socialistes, il y a une proposition libérale… aujourd’hui presque consensuelle.

Voici la question de la retraite au cœur du débat. En fait la retraite à 60 ans est un faux débat. La dernière réforme était nécessaire pour montrer la détermination de la France pour réduire ses déficits, mais elle n’est pas suffisante.

La vraie réforme est celle de la retraite par point (voir Retraite vivement l’autre réforme) que je défends depuis longtemps. C’est celle de la retraite choisie avec des droits proportionnels aux cotisations versées. À cotisation égale, retraite égale. Dès lors chacun peut choisir de partir plus tôt, de travailler plus longtemps, de cotiser davantage, ou de souscrire une retraite complémentaire. Le même âge de départ pour tous est une aberration, en revanche chacun doit pourvoir choisir son âge de départ en fonction de sa situation personnelle. Les pensions doivent être proportionnelles aux cotisations  mettant fin aux décotes pénalisantes et aux injustices. Les affrontements sont stériles, un consensus est possible pour l’après présidentielle. La majorité de droite au Sénat l’a proposé, une partie des socialistes également tout comme la CFDT.

Sur la santé, gauche et droite font fausse route.

La droite en cherchant à lutter contre les déficits au moyen de l’économie sur la santé des français (des remboursements et augmentation des contributions). La gauche en confondant la notion de service public et l’économie administrée de la santé.

À l’intérieur d’un cadre de service public (garantie des soins, non sélection des risques…) nous avons besoin d’une « économie de la santé ». Que les assureurs, les complémentaires et les mutuelles ne se comportent plus en « payeurs aveugles » mais en « acheteurs avisés ». Que les assurés puissent aussi choisir leur caisse ou leur mutuelle (devenues assureur aux premiers euros) est la seule façon de faire des économies intelligentes sans rationner les soins et de maintenir un haut niveau de protection auquel les français sont légitiment attachés.

Dans le débat de l’école, l’autonomie progresse.

Alors que nous sommes dans une société plurielle et ouverte, l’école fonctionne encore sur un modèle centralisé. Si l’on veut donner leur chance à tous les enfants de France, leur permettre de développer toutes les aptitudes sans considération de leurs origines sociales ou familiales, pour déceler et développer leurs dons, détecter à temps leurs faiblesses, il faut faire place à la diversité. Nous savons que cette adaptation ne se décrétera pas d’en haut mais se découvrira d’en bas, jour après jour, par l’initiative et l’expérience.

À gauche comme à droite l’idée de l’autonomie des établissements progresse : davantage d’autonomie pour la droite et davantage d’autonomie pédagogique pour la gauche. En fait les deux s’imposent. Il n’est que temps. Le premier rapport proposant l’autonomie des établissements est celui du Collège de France… à l’initiative de François Mitterrand en 1981 ! Que de temps perdu !

La crise des banlieues n’est pas le fait de l’abandon de l’État mais de ses échecs.

Sur cette question, je n’ai rien à ajouter ni à retrancher, voir mon article du 11 novembre 2005 « L’État sauvage »
 

En conclusion

Ce fut laborieux… Il est vrai qu’un tel exercice à six n’était pas facile. Que c’était d’abord un débat pour les primaires socialistes et que chacun, pour maintenir l’unité, n’entendait pas trop dévier par rapport aux propositions socialistes. Dommage !

Espérons que celui (ou celle) qui sera choisi(e) saura s’affranchir de ces pesanteurs pour parler aux français, pour faire preuve d’un peu plus d’imagination et aborder les problèmes essentiels (ici largement esquivés).

Un conseil à François Hollande qui dans sa conclusion plutôt bien tournée demande la confiance des français : le prochain Président qui aura la confiance des français, celui qui comme il a dit « remettra la France en mouvement », devra être celui qui fait confiance aux français, qui redistribue liberté, pouvoir et responsabilité.

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