Il y a un peu plus d’un an, Clément vous parlait de l’arrivée de l’Espresso Book Machine (EBM) dans les librairies américaines. Pour rappel, c’est un peu l’Imprimante ultime ou la Rotative dans un Placard. On y imprime un bouquin comme on se fait un café. Un bouton et sept minutes, c’est tout ce qu’il faut pour imprimer, relier, massicoter. Sept minutes et voici un livre de poche tout chaud tout beau, avec couverture en couleurs.
HarperCollins joue le jeu
Pour peu que l’on fasse l’investissement (environ 70 000 €), l’EBM est évidemment très pratique. Elle permet d’appliquer le programme du Digital-to-Print at Retail (DPR) c’est-à-dire l’impression papier depuis une version numérique, directement en magasin, après achat. Un avantage conséquent à la fois pour le client, puisqu’il n’a pas à attendre une livraison (ou pire : courir se connecter à Amazon !
La semaine dernière, HarperCollins a conclu un partenariat avec la société On Demand Books (qui s’appuie sur cette fameuse EBM). Le grand éditeur américain a ainsi accepté que la majorité de son catalogue au format poche soit disponible au PoD (Print on Demand) et cela dès le mois de novembre.
Brian Murray, PDG de HarperCollins explique sa position :
Les ventes en numérique progressent, c’est vrai, mais pour les clients achetant des livres papier, les librairies restent un lieu important. Le but de cet accord est de donner au libraire de quartier la possibilité de fournir à ses clients, dans un environnement physique, une grande partie des ouvrages publiés par HarperCollins.
À noter que les titres de Zondervan et de HarperCollins Canada seront aussi disponibles à l’impression à la demande au début de l’année prochaine.
La BnF est aussi de la partie
Autre structure, même type d’accord. La Bibliothèque nationale de France rend en effet les œuvres de Balzac, Dumas, Flaubert, Hugo, Molière et consorts (publiées sur la bibliothèque numérique Gallica) disponibles au programme d’impression à la demande via le réseau EBM. Une bonne occasion de promouvoir et surtout de faciliter l’accès à des grands classiques de la langue française partout dans le monde.
La BNF est très au point sur ces questions puisque l’établissement avait déjà passé deux accords, l’un avec Hachette en septembre 2011 (où l’impression à la demande est faite à Maurepas, dans les Yvelines) et l’autre avec la société lilloise The Book Edition en 2010.
Le service proposé par On Demand Books et les accords signés avec de grandes structures comme HarperCollins ou la BnF font passer le nombre de titres imprimables par l’Espresso Book Machine de 2 millions à plus de 7 millions de livres. De quoi satisfaire les lecteurs !
Le réseau gagne donc en importance. Il est sûrement une alternative aux problèmes de stockage subis par les libraires. Mais, comme le souligne la grande dame de la fantasy Robin Hobb sur son blog, le risque c’est un peu de voir disparaître la découverte de livres en flânant en rayon. À moins que les étagères ne s’emplissent de couvertures électroniques qu’il suffirait d’effleurer pour feuilleter le livre… Qui nous construit ça ?