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La Chanson des enfants perdus

Publié le 07 octobre 2011 par Clarabel

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Après la mort de son père, Penelope Green décide de reprendre les affaires familiales et se lance dans le journalisme. Elle a déterré un vieux dossier, 21 Foxglove Court, une adresse dans l'East End, et commence à mener son enquête autour de l'assassinat d'un jeune joueur de mandoline. Son intrusion dans ce quartier populaire est vécue comme une insulte et la demoiselle est houspillée par la foule. Elle s'en sort in extremis en rencontrant un accordéoniste infirme, Herbert Cox, un type que tous respectent et qui enseigne la musique aux gamins pauvres. Cette nouvelle amitié devient, pour Penelope, l'occasion de se familiariser avec les lieux et les gens du coin afin de percer le mystère de Foxglove Court. 

L'enquête dévoile assez vite les aspects glauques et la violence qui règne dans les bas-fonds de Londres au XIXe siècle. L'histoire ne fait pas toujours dans la dentelle et est assez réaliste. A contrario, la familiarité soudaine qui se tisse entre Penelope et Cyprien m'est apparue maladroite et peu crédible. Ce garçon est un jeune marin français, dont le navire est en cale pour quelques jours, et par un incroyable concours de circonstances, il va se retrouver chez les Green et devenir le garde du corps de la jeune héritière. Dans la foulée, Penelope le tutoie et l'héberge sous son toit ! Il faut juste préciser qu'elle vit seule chez elle (sa mère est morte quatre ans plus tôt), il y a bien une cuisinière qui vient tous les matins pour ses repas, le reste du temps Penelope mène une vie indépendante et a été financièrement émancipée. 

C'est osé, pas très moral non plus. Nous sommes tout de même dans les années 1880, à Londres ! D'ailleurs, il est souvent noté que la jeune fille est audacieuse et rebelle, que son attitude est déraisonnable et choquante, qu'il lui faudrait même songer à trouver un mari et qu'elle abandonne l'idée d'être journaliste. (Hmm, sur ce point, je trouve heureusement que l'héroïne défend bien les idées féministes !) 

Enfin bref, c'est un détail sur lequel j'ai vraiment buté. Même Enola Holmes avait su préserver un droit de réserve, en dépit de ses prises de position qui désespéraient son frère Mycroft. Je continue de penser qu'il aurait fallu, au moins, entretenir le vouvoiement au sein du couple. Il est vrai qu'un profond attachement se noue rapidement entre eux, de là à négliger certaines conformités aux usages, j'ai un doute. Ceci étant, l'intrigue policière est entretenue selon les convenances - cela donne la chair de poule, les ficelles sont entortillées et le noeud se défait dans les derniers chapitres, avant cela c'était le flou total. 

Cette série s'inscrit dans la veine des lectures comme The Agency de Y.S. Lee (j'ai toutefois préféré cette dernière, Cyprien n'égale pas James, je suis désolée). Il y en aura d'autres, qui inviteront au voyage, et on sait déjà que le prochain tome se passera à New York !

Penelope Green, tome 1 : La Chanson des enfants perdus, par Béatrice Bottet
Casterman 2011 - 311 pages - 15€
design graphique : Anne Catherine Boudet 


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