Dexter - 1.03 - Popping Cherry

Toutes les storylines continuent d'être développées. Si la série est centrée sur Dexter, chaque personnage voit le projecteur se braquer sur lui le temps de quelques scènes et a droit à une certaine indépendance dans la série, ce qui donne l'occasion de mieux découvrir les personnages, et de leur conférer une certaine épaisseur.

Le sergent Doakes décide de s'en prendre personnellement au baron de la drogue responsable de la mort de sa maîtresse, Guerrero. Sans rentrer dans l'illégalité, il va jusqu'à pousser la provocation en se rendant à la cérémonie de communion de la fille du gangster. Il recherche l'affrontement, pour autant ce sont des collègues à lui qui décident de franchir une étape supplémentaire, en se rendant chez Guerrero avec des masques de clowns. Cette storyline aux relens de vengeance et d'unité policière est assez classique dans ses fondements. Si elle est compréhensible, elle ne passione pas. L'intérêt se réhausse sur la fin lorsque Doakes se retrouve menacer par des hommes de Guerrero, conséquence de cette action solitaire à laquelle il n'a enfin de compte pas pris part. Un affrontement plus direct en perspective ?

Parallèlement, dans l'enquête sur le serial killer des prostituées, un nouveau corps est retrouvé dans un stade de hockey. Une scène que j'ai particulièrement appréciée est lorsque Dexter s'émerveille à voix haute devant la disposition du cadavre, comme son collègue s'interroge, il se reprend sans sourciller, en invoquant le fait de se trouver dans ce stade 'mythique'. L'enquête avance peu. Elle permet surtout de constater que Laguerta est incapable de laisser l'animosité qu'elle éprouve à l'égard de Debra de côté. Glaçante, écartant volontairement toutes les suggestions qu'elle peut faire, elle baisse dans l'estime générale. Car si son désir de résoudre l'affaire est très fort, elle ne fait preuve d'aucun instinct d'enquêteur et semble plus attirée par les flashs des journalistes. Debra continue en parallèle son investigation, avec un côté toujours gauche. Parfois maladroite, mais faisant preuve d'une pugnacité à toute épreuve et d'une franchise qui sonne étrangement dans ce monde de faux semblants mis en scène dans la série. Le personnage suit son chemin, pourtant le téléspectateur garde des réserves à son égard. L'atmosphère qui règne, accentuée par les remarques en voix off de Dexter, nous incite à ne pas se fier aux apparences, à tenter de deviner les blessures cachées derrière la façade.
Les blessures à peine masquées de Rita sont elles très visibles. Guère d'évolution dans sa relation avec Dexter, si ce n'est un sentiment de paix et d'harmonie pourtant toute artificielle, qui parait régner entre les deux. Perdant sa voiture à cause de vieilles dettes de son ex, Dexter l'épaule dans sa vie quotidienne. Ces scènes se déroulent en contraste parfait avec le reste de la série. L'harmonie mise en avant semble créer un rempart vers l'extérieur. Pourtant, la voix off de Dexter, les crises de Rita, nous rappellent que ce bonheur n'est qu'apparent. J'aime beaucoup la particularité de cette relation.
Enfin, pour la première fois, tout ne se passe pas comme prévu dans le meurtre préparé par Dexter. Il envisage de tuer un jeune homme meurtrier, tout juste sorti d'un centre de détention. Mais il se retrouve confronté à une copie plus jeune de lui-même. C'est particulièrement intéressant parce que cette fois, il ne tue pas celui qu'il avait choisi comme victime. Dans son ordre moral personnel, "l'innocence" de ce jeune homme est établie : l'homme qu'il a tué était un violeur. Dexter voit son propre reflet chez lui. Pour accentuer cette impression, le téléspectateur est témoin de son premier meurtre. Lorsque sa technique n'était pas encore au point. Je continue d'être assez réservée sur les flashback, car il faut bien avouer que mettre en scène le frère et la soeur avec une perruque, en essayant d'avoir l'air d'avoir dix ans de moins, je ne suis pas vraiment fan. Cependant, je reconnais l'intérêt de ces scènes. Leur père est mourrant, voyant son état encourager par les actes d'une infirmière qui surdose ses patients. Elle sera la première victime humaine de Dexter. Et le seul meurtre de l'épisode, sorte d'écho au jeune que Dexter laisse partir dans le présent.