Personne n’a rien entendu, moi encore moins, mais d’ailleurs qu’aurions nous pu entendre ? Cela a du se produire au cœur de la nuit, à ces heures sombres et silencieuses où les bêtes nocturnes répandent l’effroi. Quand tout le monde est couché, dehors la vie continue et la vie des uns dépend de la mort des autres.
Le hibou par exemple, discret en journée il somnole dans son antre mais quand vient la nuit la faim le tenaille et la chasse commence. Gare au campagnol dans l’herbe rase, au petit passereau sur sa branche ou au coléoptère, pourquoi pas, qui se baladerait insouciant dans le noir, la mort rôde. Le malheureux repéré par un hibou n’aura que peu de chance de s’en tirer, en vol silencieux le prédateur tombe sur sa proie et l’emporte vers sa progéniture affamée. L’affaire n’aura duré que quelques instants à peine, un cri étouffé éventuellement, juste assez pour angoisser le voisinage puis la chape de plomb du silence reprend ses droits.
Ce que j’imaginais être une pochade divertissante au cinéma, s’est pourtant réellement passée ainsi et j’en fournis la preuve ci-dessous. Cette photo a été prise au début de la semaine, il s’agit de la vitre de l’escalier de mon immeuble, on y voit très nettement l’empreinte laissée par un oiseau de belle taille – certainement un hibou ou assimilé – qui est venu s’écraser de plein fouet contre la fenêtre ! Il devait voler à pleine vitesse mais trompé par la propreté de la vitre et la profondeur de champ de l’escalier derrière plongé dans l’obscurité, il s’est écrasé contre la fenêtre malgré un effort désespéré, ailes grandes ouvertes pour un rétro-freinage en catastrophe. Il n’y avait aucun cadavre au pied du bâtiment, donc je suppose que l’oiseau s’en est tiré quand même. Certainement avec une mimique piquée encore à Archimède, de confusion et honte mêlée.