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Carla accouche, Nicolas découche

Publié le 07 octobre 2011 par Juan
Carla accouche, Nicolas découcheLe Monarque s'est envolé pour une tournée de trois jours. Il risque de rater la naissance de son dernier rejeton. Dès jeudi après-midi, on murmurait sur Twitter que Carla Bruni-Sarkozy s'était rendue à la clinique de la Muette. La naissance était attendue pour le 3 octobre. Mais Sarkozy avait maintenu ce voyage dans le Caucase, un déplacement sans urgence ni agenda autre qu'électoral.
L'opération (re)Naissance a commencé. Et elle est encore plus énorme qu'on ne l'avait imaginée.
Sarkozy fait campagne en Arménie
Le candidat a débuté son périple par l'Arménie, et une courte escale à Erevan. La photo était belle, aux côtés de Charles Aznavour et Hélène Ségara. La France compte près de 450.000 Arméniens d'origine. A moins de 6 mois du scrutin présidentiel, il n'y a pas de p
A Erevan, Sarkozy tança... la Turquie. Et oui ! Il est comme ça, Nicolas. Toujours à donner des leçons aux absents: « La Turquie, qui est un grand pays, s'honorerait à revisiter son histoire comme d'autres grands pays dans le monde l'ont fait, l'Allemagne, la France. On est toujours plus fort quand on regarde son histoire et le négationnisme n'est pas acceptable ».
L'appel, aussi légitime soit-il, visait à réparer, partiellement, l'une de ses promesses non tenues. En 2007, le candidat Sarkozy s'était engagé à soutenir un projet de loi réprimant la négation du génocide de 1915. Mais en mai dernier, la majorité UMP de l'époque avait rejeté une proposition de loi socialiste qui allait en ce sens. Grâce à un gouvernement socialiste, la France reconnaissait enfin le génocide en 2001.
Depuis mai 2007, Sarkozy a préféré se taire. En langage sarkozyen, on appelle cela ne pas trop charger la barque. Cette visite en Arménie est évidemment électorale. Charles Jaigu, du Figaro, commente: « Nul hasard donc si cette visite intervient à la fin du quinquennat. Nicolas Sarkozy sait qu'il doit par des gestes clairs et des déclarations fortes resserrer un lien forcément distendu par quatre ans d'exercice du pouvoir. » Patrick Devedjian, l'ancien allié honni que Nicolas Sarkozy tenta de déloger de la présidence des Hauts-de-Seine pour y placer son fils Jean, était du voyage mais n'était pas dupe: «Je ne suis pas naïf, mais si les élections peuvent servir à faire avancer les droits de l'homme, il faut en être heureux ».
... et en Géorgie
Ensuite, vendredi, Sarkozy sera en Géorgie. Il part se réconcilier avec André Glucksmann. Le philosophe « éclairé », fidèle soutien de 2007, était l'une des cautions intellectuelles de la première campagne. Depuis, le rapprochement avec Vladimir Poutine a heurté l'opposant de salon. Il paraît que ce voyage était une suggestion de Raphaël Glucksmann: « L'idée de cette visite était dans l'air depuis longtemps. Je ne sais pas si j'ai joué un rôle dans son organisation, j'ai seulement dit que ce serait bien qu'il vienne. Sarkozy avait compris tout seul son intérêt à venir ici » a-t-il confié à Mediapart.
André, son père et philosophe, est conseiller du président Saakachvili. Sarkozy arrivait en terrain conquis.

On se souvient de son voyage là-bas, en août 2008. Il présidait l'union européenne pour 6 mois depuis le mois de juillet précédent. Il tenta d'enrayer l'invasion russe. A force de provocation du petit Etat géorgien, Vladimir Poutine avait lâché ses tanks. Sarkozy joua sa carte personnelle, calma Moscou, consola Tbilissi. Il voulut nous faire croire qu'il avait sauvé le petit Etat. Pourtant, la Russie annonça qu'elle reconnaissait l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux anciennes provinces géorgiennes. La Géorgie était donc démantelée. et les protestations a postériori de Nicolas Sarkozy n'y changea pas grand chose. En août 2010, la Russie a même déployé des missiles en Abkhazie. Le fiasco est réel mais la légende d'un succès est tenace.
Vendredi, notre Monarque parlera sur la place de la Liberté, jolie tribune.
Sous ces prétextes quasi-humanitaires - la paix - Nicolas Sarkozy avait quelques intérêts commerciaux en tête. La région regorge de gazoducs et de ressources naturelles.
Mais à Paris, Carla va accoucher...
A Paris, on s'inquiétait de l'accouchement de Carla Bruni, trop rapidement annoncé sur Twitter. On est surpris. La naissance, fusse-t-elle d'un troisième mariage, est toujours un moment des plus marquants d'une vie. Et pourtant, Nicolas Sarkozy, cette fois-ci, ne serait pas là. A cause de sa charge présidentielle, nous expliqueront ses conseillers, il a raté l'accouchement de Carla. Quel sens du devoir !
Ce déplacement dans le Caucase étant ridiculement électoral et sans objet sérieux, on restera choqué par l'instrumentalisation de la situation.
Ces distractions, qu'elles soient diplomatiques ou prénatales, masquaient mal les récents développements de quelques scandales d'Etat. Eric Woerth, l'ancien fidèle abandonné pour cause de conflit d'intérêt et raison d'Etat, s'est énervé contre la méchante presse de gauche: « Le président concentre toute la violence de la société française. C'est véhiculé par des médias de gauche de façon éhontée. C'est Nicolas Sarkozy qui est la cible de ces médias ». Rendons-lui grâce. Ce n'est pas grâce au Figaro que nous avons appris ce que nous savons de l'affaire Woerth/Bettencourt: la fraude fiscale de Mme Bettencourt trop longtemps tolérée, les enveloppes de billets du couple Bettencourt pour financer quelques amis politiques, ou la vente à bas prix d'un terrain hippique à Compiègne.
L'ancien trésorier de l'UMP sera satisfait, trop tard, du récent arrêt de la Cour de Cassation: Mediapart n'aurait pas dû publier les enregistrements clandestins des conversations entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre, son gestionnaire de fortune. Il paraît que cela relève de la vie privée et non pas de l'intérêt général, comme l'avaient jugé les précédents tribunaux.
Jeudi soir, Nicolas Sarkozy dînait à Erevan avec son homologue Serge Sarkissian. A Paris, France 2 diffusait un reportage sur Ziad Takieddine. Fichue télévision publique ! Il ne suffisait donc pas d'en nommer le président pour la contrôler ! « Attendez un tout petit peu avant de prononcer un verdict sur ma personne » confia l'homme d'affaires. On apprenait également que Takieddine était dégouté de l'attitude de ses amis de Sarkofrance. Pour le moment, ce dernier récuse toutes les accusations (« Non, je n’ai jamais remis d’argent à Nicolas Bazire. (...) Je peux dire que je n’ai pas eu connaissance d’une quelconque rétro-commission. Moi, personnellement, n’ai pas livré pas un centime de rétro-commission»,) et accuse ... Dominique de Villepin: « C’est un complot contre le président de la République, avec les mêmes acteurs que l’affaire Clearstream. Sauf que cette fois ils vont devoir répondre d’actes criminels. (...) Celui qui doit répondre de ses actes sur l’ensemble du dossier, de 1996 à aujourd’hui, s’appelle Dominique de Villepin ».
Nicolas... reviens vite !


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