Sans s'attarder sur les dispositions de la loi de 2005, Caroline Jules a rassuré les acteurs culturels présents en donnant quelques références et axes de réflexion, comme par exemple la lecture de la publication de la MITRA (Mission d'Ingénierie Touristique de Rhône-Alpes) "Patrimoine et Handicap, des clés pour adapter les visites des sites culturels et naturels". Rappelant qu'il n'existe aucune solution miracle, mais principalement du bon sens, de l'humain et de la persévérance, elle a pointé du doigt les difficultés auxquelles sont confrontées les structures (moyens financiers et humains, méconnaissance des publics handicapés et du type d'activités/outils à mettre en place, a-priori sur le non-esthétisme des dispositifs d'accessibilité, barrières psychologiques liées à l'appréhension du handicap...). L'un des facteurs principaux de réussite d'un projet d'accessibilité demeure (sans surprises) le partenariat amont/aval car il est bien connu que l'on ne fait pas pour mais avec... Bien sûr, le temps constitue une variable essentielle pour la mise en place d'un projet d'accessibilité.
Différents acteurs ont également pris la parole ce jour-là au sujet de l'accessibilité physique : Direction Départementale des Territoires (DDT16), CDT de la Charente, CAUE, Association des Paralysés de France, médiathèque d'Angoulême. Ils ont tous parlé de la difficulté de rendre accessibles les sites historiques (en particulier les monuments historiques classés) et la nécessité de rechercher des solutions/consensus, quitte à demander des dérogations. L'après midi, l'audience s'est divisée en quatre groupes de travail : spectacle vivant/création artistique, patrimoine/musées, lecture publique/patrimoine écrit et enfin cinéma. Chacun a ainsi pu approcher les problématiques spécifiques à son domaine. Concernant le secteur patrimoine/musées, ce qui est ressorti des discussions, c'est surtout la nécessité d'établir un plan de formation continue du personnel aux questions de l'accessibilité et de se donner comme principal objectif de permettre aux publics handicapés de pouvoir effectuer leur visite en autonomie (au maximum). Enfin, l'accessibilité n'est pas un concept figé, c'est la faculté d'une institution à s'adapter continuellement, à s'interroger sur la manière d'améliorer les outils et les approches (comme tout projet de médiation, c'est donc sans fin!)
Pour terminer la journée, les organisateurs ont proposé de partager une séance de cinéma 100% accessible à la CIBDI. J'ai ainsi pu faire l'expérience singulière de l'audiodescription, grâce à l'équipement loué pour l'occasion par la salle Némo. L'accessibilité du film Rouge comme le ciel de Cristiano Bortone (Italie, 2010, 1h36) a été mise en œuvre par l'association Retour d'Images; Marie Diagne ayant écrit les textes de l'audiodescription, en collaboration avec Caire Bartoli, auteur et comédienne aveugle. Les échanges avec les intervenants étaient retranscris en langue des signes française par deux interprètes, et, même si peu de personnes aveugles étaient présentes, tout le monde (ou presque) a joué le jeu en fermant les paupières.
Casque pour l’audiodescription
Il faut savoir qu'audio-décrire un film est très coûteux (environ 6000€) et que le matériel l'est tout autant. On espère que le dispositif se développera à l'avenir, car rien n'est plus beau que "le partage du sensible" entre personnes handicapées et non-handicapées (et je peux vous dire que niveau émotion, nous avons été servis ce soir-là, voir bande annonce du film ci-dessous).Rouge comme le ciel Bande-annonce 1 par toutlecine