Voilà un épisode qui vous plonge dans l'esprit de Noël avec vingt jours d'avance. Très agréable à suivre, marquant une réelle évolution pour plusieurs personnages, il nous présente un Noël californien, en tee-shirt et palmier, soupoudrée de neige à la noix de coco et parsemé de Santa Claus déments.
Matt se sent investi par l'esprit de Noël. Il veut concocter un show spécial pour vendredi soir. Mais il est bien isolé confronté aussi bien aux éléments naturels (en bikini, sur une plage, je ne sais pas pourquoi, l'atmosphère de Noël n'est pas vraiment là) qu'à des employés sarcastiques peu convaincus par ses arguments. Wes n'avait jamais fait de show spécial. Mais Matt n'en démord pas, il charge Cal de s'occuper des décors. La neige sera... extraite de toutes les noix de coco qu'ils pourront acheter jusqu'au dernier moment. Une fine couche blanche californienne somme toute...
Un des moments les plus réussis de l'épisode est la scène où Tom et Simon, ayant converti les scénaristes et fait quelques recherches sur le net, ressortent toutes les informations qu'ils ont pu glaner sur le non sens de fêter Noël, un 25 décembre. Rien de ce qu'on y célèbre ce jour-là ne correspond à des faits. Les remarques fusent dans la salle des scénaristes, dans un style très west wing-ien pour l'occasion. Une série de références culturelles et historiques débitées à un rythme de mitraillette. Feel like home (flash back d'outre-tombe). Matt n'est évidemment guère sensible à ces arguments. Il est d'ailleurs assez ironique -ce qu'il ne manque pas de faire remarquer- que ce soit lui qui incarne l'esprit de Noël dans cet épisode, alors qu'il a toujours incarné une position fort peu conciliante envers les "crazy christians". C'est d'ailleurs intéressant d'introduire ce nouvel aspect du personnage, quittant une stature très unidimensionnelle.
La grâce de Noël frappe Matt, comme l'agent d'Harriet commence à flirter avec elle et à lui faire miroiter un rôle dans un film important. Il décide de prendre les choses en main. Quelques secondes avant le direct pour News 60, il la conduit à part et l'embrasse. Après 10 longs épisodes à s'être tournés autour, à avoir frôlé le baiser sur la chanson de Sting, Matt décide d'être honnête avec lui-même et surtout de redonner une chance à ses sentiments.
Les sentiments, parlons-en justement au sujet de son autre compère, Danny. Car si cet épisode est placé sous le signe des fêtes de fin d'année, il était dit qu'il tiendrait une place particulière dans le coeur attendri de tous les shippers. Jordan se rend à son premier rendez-vous médical pour son bébé. On apprend ainsi qui est le père du bébé : son ex-petit ami du pilot, celui qui lui avait donné l'information sur les problèmes de drogue de Danny... Le papa veut bien assumer financièrement la charge, mais l'apport sera minimum. Pour ne pas laisser Jordan aller seule chez le médecin, c'est donc Danny qui l'accompagne. C'est léger et sympathique de les voir ainsi se tourner autour durant tout l'épisode, ou plutôt, voir Danny tourner autour de ses sentiments sans oser se les avouer à voix haute. Matt se montre d'ailleurs sans pitié pour pointer l'évidence. Je crois que Bradley Whitford nous offre sa meilleure performance de la série durant cet épisode qui lui permet de se donner dans des registres divers allant de la comédie à des scènes d'émotion vraiment bien géré. Sa déclaration finale à Jordan (dont la bouche ne désemplit pas de tout l'épisode ^_^) où il lui avoue ses sentiments résume parfaitement le personnage.
Danny : I’ve been married twice before, and I’m a recovering cocaine addict, and I know that’s no woman’s dream of a man or of a father ; nonetheless, I believe I’m falling in love with you. If you want to run, I understand, but you better get a head start ‘cause I’m coming for you, Jordan.
Déclaration concise, claire et directe, du Danny Tripp jusqu'à la moindre virgule.
Le personnage de Jack continue son évolution au contact de Jordan et Danny. Dix épisodes à les cotoyer et le voilà métamorphosé. J'aime beaucoup ce que ce personnage initialement antipathique et assez caricatural est devenu, mais il faudrait que je me replonge dans les premiers épisodes pour voir si ces changements pouvaient être perçus comme déjà en germe à l'époque. Il félicite chaleureusement Jordan en apprenant qu'elle est enceinte et s'excuse d'avoir haussé le ton à ses côtés, soudain très conciliant. Je ne sais pas si c'est le soulagement qu'elle ne lui ait pas annoncé un nouveau scandale, mais sa réaction était très agréable. Et puis, il y a sa croisade du jour. Durant le journal d'informations de la veille, un soldat était interviewé en direct. Une rocket ayant explosé à côté de lui, le mot "f*ck" lui a échappé. Ce qui n'est pas passé sous le radar de l'intransigeante FCC (sorte de CSA local). NBS se trouve sous la menace d'une amende qui va s'élever à plusieurs millions (325.000 dollars par filiales). Jordan s'insurge de la situation et transmet sa façon de voir les choses à Jack. La scène de réunion avec les avocats où Jordan s'invite vaut son pesant d'or, passionée et décidée comme à son habitude. Jack finit par proposer sa démission à son patron au vu de la situation. Mais ce dernier révèle qu'il attendait cette occasion de s'opposer à la FCC depuis longtemps et qu'il décide de ne plus reconnaître son autorité en la matière. Un renouvellement de confiance pour Jack donc qui a finalement anticipé les vues de son boss.
L'épisode nous offre également un des sketchs les plus réussis de la série. Les extraits de l'émission 'Studio 60' sont relativement inégaux, il faut l'avouer. Mais les scénaristes se sont montrés particulièrement inspirés avec celui de Tom et du Père Noël. “A disturbing twist : the gentleman explains that he’s been visiting young children in their homes for what he describes as years.”
Bilan : L'épisode est très réussi. Important dans l'évolution des personnages, alternant comédie et moments plus drama, servis par des dialogues très rythmés et de nombreux petits détails soignés très réjouissants (les noix de coco cuites par les lumières, le "demented Santa Claus"...).
Pour couronner le tout, l'épisode se conclut par l'interprétation de 'Oh, Holy Night' par le New Orleans Jazz. Scènes de fin superbes qui vous transmettent l'esprit de Noël. (Vous trouverez l'extrait vidéo dans la note précédente, intitulée "Il flotte un air de fête")