Sleeper Cell revient pour une seconde saison, ayant gagné pour l'occasion un sous-titre "American Terror", mais perdu son générique -que je trouvais très réussi pourtant, parfait pour rentrer dans l'ambiance de la série.
Cependant, cette ambiance n'a pas changé. Je m'interrogeais sur l'opportunité de cette seconde saison, car comment enchaîner après le finale de l'an dernier qui offrait au fond une véritable conclusion à la trame de la série (dans son concept initial), avec l'échec de l'attentat au stade. Deux morts, Ilja en fuite, Farik emprisonné... Pourtant pas de doute, c'est bien Sleeper Cell que le téléspectateur retrouve, avec son atmosphère particulière : sa violence, ses exécutions sommaires, le fanatisme. On retrouve dans cet épisode les points forts, mais aussi les points faibles de la série. Cette inégalité entre les storylines qui demeure constante.
L'épisode reprend quelques mois après le finale de la saison 1. Darwyn récupère, en phase 'off', en vacances avec Gayle et Marcus. Un poste d'enseignant à Quantico lui est même offert. Mais Patrice Serxner, l'agent du FBI avec qui il avait fait équipe, arrive pour lui demander une faveur. Juste une petite vérification à effectuer sur un ancien prisonnier qui a suivi le même parcours que Darwyn dans la prison où il avait commencé son infiltration. Darwyn s'exécute et rencontre Benny Velasquez, qui se souvient de lui, pour lui soumettre des plans de vengeance, lâchant quelques mots au sujet de l'échec de Los Angeles. Benny lui donne une fin de non recevoir, affirmant avoir fait semblant uniquement pour avoir un traitement spécial en prison. Mais si Darwyn déclare qu'il parait ok, le téléspectateur n'y croit pas une seconde. Il est vrai que pour l'histoire, il est logique que Benny soit impliqué d'une façon ou d'une autre. Cependant, il m'apparaissait surtout clair que si Benny avait suivi le même chemin que Darwyn, il devait avoir été recruté dans une cellule, et le premier réflexe doit être de renvoyer toute tentative d'intrusion imprévue.
Les scénaristes confirment cela lorsque Darwyn est enlevé par une équipe d'hommes masqués qui lui demandent s'il est le cinquième jihadiste (de Los Angeles). L'afro-américain qui n'a pas été identifié. Les méthodes d'interrogations n'ont pas changé elles-aussi. Toujours autant de violence, à la limite du dérapage. Darwyn passe cependant le test puisque Benny le recontacte le lendemain. Une pièce, à l'arrière d'un magasin, cela rappelle des souvenirs. Une copie d'un même modèle, déclinée encore et encore semble-t-il. En fait, leur cellule est à court d'argent, celui qui la dirige espère que Darwyn pourrait recontacter d'anciennes connaissances de Farik.
Ce que fait donc Darwyn en retrouvant Ziad, sans doute un des rares éléments quasi "comique" du show. Ziad n'a pas changé lui non plus, femmes et drogues, dilapidant l'argent dont il a la garde. Cependant, il fournit à Darwyn les fonds nécessaires. Alors que tout semble bien se passer et que Darwyn parait intégré, le fait que cette infiltration ait un arrière-goût d'amateurisme dans ses fondements, avec toute cette impréparation initiale, nous ramène soudain à la brusque réalité. Le chef de la cellule qui lui a remis un portable l'a tracé jusque dans des bureaux officiels où un ex-détenu n'a rien à faire. Pour sauver sa vie, Darwyn est obligé de le tuer. Heureusement, avec sa voiture toute clinquante, le FBI et la police s'arrangent pour diffuser la version d'un car-jacking qui aurait mal tourné.
La cellule est soudain désorganisée. Ne reste plus que trois membres en dehors de Darwyn. Assez logiquement, ils le designent (avec 2 'voix' sur 3) comme leur nouveau leader. C'est sans doute du côté de cette "cellule" que le bas blesse. En effet, ces trois terroristes en puissance paraissent bien jeunes, inexpérimentés, à des années-lumières de la précédente cellule. Fanatiques oui, mais loin d'être prêt pour une attaque d'envergure, quand on les compare à Farik ou Ilja par exemple. Bref, peu crédibles. Est-ce une façon de nous indiquer que l'infiltration n'est vraiment plus au centre de la série ? D'autant que désormais Darwyn est aux commandes, ce n'est plus comme s'il avait encore quelque chose à prouver à qui que ce soit. Ce qui importe pour le FBI, c'est de remonter la chaîne de commandement.
Si Farik est en prison, interrogé à la méthode "musclée" préconisée chaudement par Georges W. Bush, il n'a pas pour autant perdu, ni son aura, ni ses capacités de réflexion. Ses interrogateurs jouent les rôles de "gentil flic, méchant flic" de façon très classique, cherchant à le déstabiliser par tous les moyens pour le faire parler. J'ai bien cru que celui jouant le "gentil", le buveur de thé, allait y réussir, comme il établissait doucement le contact avec Farik, lui racontant sa vie (ou du moins, une version à servir à un prisonnier pour lui faire perdre ses repères). Mais Farik n'est pas brisé -pas encore-. Et surtout, d'une façon ou d'une autre, Farik a encore un contact avec l'extérieur. Ca me fascine de voir la maîtrise qu'il peut conserver dans une telle position. Il sait en effet que quelque chose va arriver à Patrice Serxner, celle qui l'a arrêté. L'agent du FBI est partie enquêter au Soudan. Elle s'y fait kidnapper. La scène finale de l'épisode nous scelle son destin comme Darwyn est appelé au milieu de la nuit par son contact au FBI pour aller voir une vidéo sur un site web. Patrice et ses bourreaux. Une personne masquée lit un communiqué sonnant comme un jugement et la décapite. Une exécution en écho avec celle qui concluait le premier épisode de la saison 1 -par lapidation. Le simple impact de cette mort est extrèmement brutal, même si Darwyn referme son ordinateur à temps pour m'éviter des cauchemars cette nuit. Un arrière-goût d'écoeurement, pas de doute, on est bien dans Sleeper Cell.
En parallèle, Ilja s'est teint les cheveux en blond et a vécu pendant ces derniers mois avec Charly. Il décide de tenter de gagner le Canada et propose à Charly de venir avec lui. Elle accepte. Cette storyline est complètement déconnectée pour le moment. Je suppose qu'il y aura une rencontre avec la trame principale à un moment ou à un autre, mais dans cet épisode, elle illustre l'inégalité d'intérêt entre les storylines et cette alternance de tension et de creux caractéristique, également, de la série.
Bilan : Sleeper Cell est de retour dans un épisode de réintroduction dont le rôle est de faire le lien entre la saison 1 et la trame de cette saison 2, permettant de trouver un enchaînement après le finale sensé conclure la série. La violence est toujours bien présente. L'exécution de Patrice sert d'électrochoc au téléspectateur pour lui signifier que l'on est bien de retour au coeur de cette guerre et que les enjeux n'ont pas changé.
Un retour convaincant.