Un épisode très bien maîtrisé d'excellente facteur qui attise la curiosité du téléspectateur. (Oui, je suis consciente d'être très, très en retard dans mes reviews)
La chef Laguerta nous prouve qu'elle n'est pas seulement bornée, craignant la concurrence, en se dévoilant sincèrement touché d'avoir accusé à tort le gardien dans l'épisode précédent, quand la main de ce dernier est découverte sur la plage. Le gardien est finalement une victime du serial killer. Alors qu'on l'imaginerait s'efforcer d'oublier rapidement sa grossière erreur, Laguerta, au contraire -initialement grandement encouragée par son chef- va voir la mère du gardien pour s'excuser. Cette dernière est elle-aussi bien loin des clichés, car elle ne manifeste aucune rancoeur envers cette femme qui a sali la réputation de son fils. En effet, elle désire simplement retrouver son enfant (ou son corps) et elle compte sur Laguerta qu'elle perçoit non comme un ennemi, mais comme une aide dans cette épreuve. En dépassant avec subtilité ces clichés, les scénaristes donnent de l'épaisseur et une dimension toute autre à une storyline qui aurait pu être très stéréotypée.
Des bouts du corps du gardien sont donc retrouvés à divers endroits de la ville. Si pour l'ensemble des policiers travaillant sur l'enquête, ces lieux n'évoquent rien, il en va différemment pour Dexter qui se rend compte que le tueur reproduit des scènes tirées de son album photo. Le 'jeu' étrange entre les deux tueurs exerce une sorte de fascination quasi morbide chez le téléspectateur qui est happé par la tension ambiante. La storyline est d'autant plus pimentée que Dexter n'a cette fois vraiment pas le leadership. Il peine à comprendre ce que veut lui faire comprendre le serial killer. Ces photos reproduites nous offrent de nouveaux flashbacks en famille qui permettent de vraiment prendre conscience de l'ascendant qu'a eu Harry dans la vie de Dexter. C'est quasiment un endoctrinement qu'il lui a fait subir, recréant artificiellement une sorte morale factice à laquelle Dexter s'efforce de se conformer. Il peut tuer telle personne, mais pas telle autre, car "Harry n'approuverait pas". L'amoralité de Dexter est-elle donc réelle ? S'il est déconnecté de toutes les valeurs et les codes qui régissent la société humaine, pour autant, il suit des valeurs particulières qui ont été inscrites par les soins de Harry. Par conséquent, dans quelle mesure est-il si différent du commun des mortels ? Avec le processus de socialisation forcée dont il a fait l'objet, il a intégré le fait de jouer différents rôles en société. Jusqu'où va l'intégration et l'assimilation entre le rôle et le sujet lui-même ? Ce sont finalement ces interrogations qui ressurgissent chez Dexter au cours de l'épisode.
Le serial killer lui indique où se situe la victime, amputée mais encore en vie. Il lui offre une victime en cadeau, mais ce n'est pas ainsi que Dexter fonctionne. La 'ligne de conduite' induite par Harry l'empêche d'agir comme cela. Dexter aurait un contrôle sur ses pulsions meurtrières plus importants qu'il ne le présupposait... La déconnection et l'amoralité ne sont donc pas complets.
Perturbé par les actions du serial killer, Dexter se surprend lui-même à plusieurs reprises dans cet épisode. Sa présence a entamé le processus de guérison de Rita et finalement, ils concrétisent enfin leur union. Jusqu'à présent, Dexter avait toujours dressé une barrière devant l'acte sexuel, pourtant cette fois, il semble revivre de façon similaire à Rita.
La vengeance dont faisait l'objet Doakes pour avoir "couché avec la femme d'un de ses collègues" (décidément un thème récurrent ces derniers temps) se révèle plus complexe qu'on aurait pu l'imaginer. S'il sert d'appât au dealeur et se prend quelques coups, ses collègues sont juste derrière pour procéder à l'arrestation de Guerrero en flagrant délit en train d'agresser un policier. A nouveau, on retrouve l'équilibre de la série, tournant constamment autour d'une certaine ambiguité.
L'épisode contient même des moments plus légers. Avec Debra, qui n'en fait pas trop cette fois, assignée à regarder les vidéos de surveillance par une Laguerta toujours vengeresse sur les bords, et Angel qui veut offrir un cadeau à sa femme. Même si on découvre à la fin qu'il y a plus derrière que cet apparent anniversaire d'un mariage qui n'existe plus vraiment en fait, le voir se fier aux conseils de Dexter en matière de cadeaux était assez drôle.
Bilan : Cette série a une façon vraiment particulière de vous maintenir sous une tension diffuse et permanente, en vous délectant d'un jeu d'influence entre serial killers qui a priori ne devrait pas vous passioner autant.