La Somalie se meurt. Une famine la condamne. Le chaos rend le pays ingouvernable depuis
la chute du dictateur Barre en 1991. Une guerre civile s’autoalimente, exacerbant les tensions entre milices dont la plus virulente se nomme Al-Chebab, affiliée à la nébuleuse Al-Quaïda.
Mardi, une attaque suicide au camion piégé a provoqué la mort de 70 morts à Mogadiscio, la capitale. Mais si l’on ne meurt pas d’un éclat de bombe on s’éteindra dans les douleurs de la faim. Au large, d’anciens pêcheurs démunis se sont reconvertis en pirates et infestent l’Océan Indien aux larges du Golfe d’Aden. Une énergie du désespoir.
Un chaos inextricable. Un pays au bord du gouffre terroriste et alimentaire.
Un scénario cauchemardesque qui rend difficile l’intervention des ONG.
Un peuple se meurt dans une presque indifférence de l’Occident bien trop soucieux de sauver son système financière et bancaire qu’une boussole folle semble avoir désorienté.
Un grand sommeil assomme Ali
Géant soleil plombe l’ennui
Craquelle aussi l’aride champ
Grossit le ventre des enfants.
Ballon de faim, lèvre asséchée
Sur le sein nu tout émacié.La nudité corne l’Afrique
Fripe les corps dans le tragique.
Plus un Etat, vent d’anarchie
Mogadiscio se liquéfieDans les sanglots des mille drames
La faim se double de l’infâme.
L’islam hisse l’homme à l’insensé
Attentat par camion piégéChaos sanglant inextricable
En volcaniques vents de sable.
Gouvernement de transition
Agoni d’aigres trahisonsShebab l’entaille dans son néant
En avatars de talibans.
Nuit de souffrance assomme Ali
Désespérance en couvre-cri
Piraterie sur l’océan
Nourrit trois de ses six enfants.
Golfe d’Aden, chasse aux rançons
Flibusterie de l’abandonPar le sort l’homme dévêtu
Sur les flots cherche le salut.
Yeux fatigués sur l’horizon
Qui tire le désert des moissonsAli soupire et son cœur saigne
Le désespoir étaie son règne.
Quelques ruisseaux de l’Occident
Ténus face au tarissementLe terreau roi du terrorisme
Crée des méandres de cynisme.
Ali se meurt le ventre creux
Le soleil dévore les yeuxDernière pensée pour les trois fils
La mort le prend, sans artifices.