Un épisode encore une fois très intéressant dont la tension va crescendo.
La relation entre Dexter et Rita passe une nouvelle étape, comme Rita semble désirer une normalisation de leur relation sur le modèle d'un couple classique. Seulement l'expérience de Dexter en la matière le fait plus qu'hésiter. Le sexe, l'intimité qui en découle, donne soudain un aperçu de ce qu'il est réellement à l'intérieur : vide de tout sentiment, de toute passion que l'on attend légitimement. Or, Dexter tient réellement à Rita (n'est-ce pas d'ailleurs un signe incontestable que ce "vide" n'est pas aussi vide qu'il l'imagine ?) et préfère la fuite en avant.
C'est là où l'habileté des scénaristes joue pleinement. En effet, la vie privée de Dexter se recoupe avec son travail. Les deux sphères communiquent grâce à l'affaire de l'épisode : une femme qui avait réussi sa vie professionnellement s'est suicidée. Or, c'est le troisième cas similaire que Dexter est capable de mettre en connection. Il découvre rapidement que le point commun entre ces trois femmes à succès est leur psychanalyste. Pour l'approcher, Dexter se présente donc comme un patient. Seulement, ledit psy se montre particulièrement compétent pour diagnostiquer les maux de Dexter. Ce dernier lui soumet donc son dilemne du moment. Le traitement et les analyses du psy ne restent pas sans résultat. Grâce à ses conseils et sa brève thérapie, Dexter se décide à faire l'amour avec Rita. Pour la première fois de sa vie, c'est un franc succès, sans le problème d'intimité tant redouté. Dexter n'en tue pas moins le psychanaliste qui a amené les femmes suicidées au désespoir, créant leur dépendance aux psychotropes et leur conseillant la mort. L'ensemble est particulièrement intéressant car il permet d'en découvrir plus sur la psychologie de Dexter. Au fond, à quel point l'ensemble de ses certitudes repose-t-il sur l'endoctrinement de Harry ? L'asociabilité de Dexter est-elle effectivement irrévocable ? Chaque épisode nous apporte des précisions et des éléments nouveaux qui complexifient le personnage.
Pendant ce temps, Laguerta, convaincue par la confiance de Dexter que la police n'a pas le bon tueur, découvre comment l'imposteur a pu se faire passer pour le serial killer au camion frigorifique (ITK), en hackant le système informatique de la police. Mais la vengeance se savoure. La condescendance avec laquelle son patron l'a traitée en s'attribuant tous les lauriers et en la narguant ne sera pas impunie. Elle évoque la rétraction des aveux de l'imposteur, mais devant l'attitude décidée de son chef et du procureur, qui sont persuadés d'avoir un dossier solide avec beaucoup de publicité et une popularité facilement acquise, elle les laisse continuer dans l'erreur sans sourciller. Elle sera là pour recoller les morceaux quand ces deux-là se seront grillés dès que le tueur au camion frigorifique frappera à nouveau. On reconnaît bien Laguerta et son pragmatisme.
Concernant le ITK justement, les indices évidents du dernier épisode qui menaient droit au nouveau petit ami de Deb étaient bel et bien fondés. Deb qui se glorifie d'avoir un vrai instinct pour traquer les tueurs a le paradoxe de compter deux serial killer dans les deux personnes qui sont le plus proches d'elle actuellement. Son innocence et l'insouciance fleur bleue de l'épisode offrent un contraste saisissant avec la scène de fin où le téléspectateur découvre le docteur occupé à ses tâches d'ITK.
Le docteur sait que Deb est la soeur de Dexter, par conséquent, cela s'inscrit dans un plan plus global. Dexter qui s'inquiète durant tout l'épisode que l'ITK profite de l'arrestation de l'imposteur pour cesser ses activités peut se rassurer. Avec sa quasi-idôlatrie de fan, Dexter continue de montrer la complexité des liens qu'il semble éprouver à l'égard de l'ITK, en allant jusqu'à poster une annonce "Barbie congelée cherche Ken" (en référence à la Barbie découpée dont Dexter a précieusement conservé la tête). Une certaine réciprocité parait exister, en effet, l'ITK conserve précieusement de son côté le reste du corps de la poupée.
Bilan : Un excellent épisode. Je me répète, mais il est impossible de faire autrement alors que la série semble arriver à chaque épisode à se renouveler, à apporter de nouveaux éléments, complexifiant sa base tout en maintenant une tension diffuse qui attise la curiosité du téléspectateur.