L'Inde intrigue, étonne par la diversité de ses cultes et de ses cultures, surprend par la densité de sa population. Ce que l'on sait moins en revanche, sans doute parce que cela fait partie de ces vérités qui dérangent, c'est l'âpreté de la lutte que se livrent les ressortissants hindous et musulmans. Des combats de tous les jours sans merci allant jusqu'à des assassinats parfois collectifs au vilain relent de purification ethnique. Dans le livre de Samina Ali : "Jours de pluie à Madras", on découvre le regard que porte sur son propre pays une jeune femme, dont l'existence se partage entre les Etats-Unis et l'Inde. Agée d'une vingtaine d'années, celle-ci revient en Inde pour son mariage, arrangé par sa mère, avec un jeune homme qu'elle n'a rencontréqu'une seule fois. Tous deux sont musulmans dans un pays majoritairement hindou... et dépositaires d'un secret douloureux. Peu après que le mariage ait été prononcé, ils vont être appelés à se confier, dans un mélange de honte et de tumulte. Cet ouvrage, que j'ai cependant trouvé parfois un peu en longueur, dissèque de très intéressante façon le poids des coutumes et des non-dits imposés par la religion, ce dans un contexte de résistance à l'oppression exercée par les membres d'un culte dominant. Le racisme prend ici une forme particulière entre habitants d'un même pays et le déchaînement d'une violence que les autorités locales feignent de ne pas voir créant par-là même une forme larvée de racisme institutionnel. Je recommande cette plongée dans une Inde déroutante de laquelle on ne ressort pas indemne.