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La «baudruche Borloo» dégonflée par l’Elysée : Sarkozy se réjouit d’une victoire… à la Pyrrhus

Publié le 05 octobre 2011 par Kamizole

Un mariage (forcé) et plusieurs enterrements… Laissant (au choix) plusieurs «cocus» (Hélène Favier,Europe 1 le 3 oct. 2011) ou «orphelins» : tels Rama Yade qui ne regrette pas d’avoir quitté l’UMP  (Le Monde, 3 octobre 2011). Certes d‘autant plus «triste mais compréhensive» que le 27 septembre elle affirmait sur le plateau du Grand journal de Canal + «Oui, il est candidat (…) il me l’a dit à moi et à d’autres». Cochon qui s’en dédit ! Elle se console comme elle peut, la pauvrette , lis-je dans un autre article du Monde Les soutiens de Jean-Louis Borloo ont été totalement pris de court (3 oct. 2011) : «Jean-Louis Borloo fait le sacrifice de sa candidature pour la majorité, il lui donne une ultime chance de se refaire. Aujourd'hui, l'UMP ne peut plus accuser les autres de ses difficultés et doit prendre en compte notre sensibilité progressiste».

Rien de moins que le «sacrifice de sa candidature»… diantre ! Je ne peux m’empêcher de penser au culte de Baal et ses sacrifices humains. Borloo devrait prendre garde. Nicolas Sarkozy se voulant tout autant maître et seigneur (saigneur ?) que le suppose l’étymologie de ba’al. Mais il est vrai que Borloo est désormais politiquement mort. Plus trivialement, il me revient en mémoire «Cocu mais content» de Serge Lama

Ne doutons pas un instant : les pressions de l’Elysée n’ont jamais manqué. D’ailleurs Borloo reconnaissait subir des pressions pour renoncer à 2012 selon Sophie Louet (RMC 14 juin 2006) qui rapportait les propos tenus sur Europe 1… Mais le plus drôle étant très certainement qu’après avoir affirmé que «ça n'a aucune importance, ce n'est pas très grave» il lança : «C'est le principe d'Archimède : plus il y a de pression dans un sens, plus la force contraire est élevée»… Pour le moins, la pompe refoulante de Jean-Louis Borloo aura connu un sacré "trou d’air" !

Qui cette défection surprendra-t-elle ?

«Retiens-moi ou je fais un malheur»… Je me souvins ce matin de cette expression que j’avais utilisée le 10 avril 2011 à l’annonce de sa candidature «Objectif 2012»… Borloo y es-tu ? … Comment en effet ajouter quelque crédit à un invertébré tellement peu sûr de lui et sans doute de ses convictions que Sophie Louet et Yann Le Guernigou nous apprennent Le doute a eu raison de Jean-Louis Borloo l'imprévisible (RMC, 3 oct. 2011) que (selon le Modem,) il téléphonait «un matin sur deux» à Claude Guéant… «s’inquiétant de l’écart entre Sarkozy et Marine Le Pen dans les sondages, soucieux de ne pas porter le chapeau d’un 21 avril à l’envers» lis-je sous la plume de Frédéric Guerschel et Nathalie Schuck sur Le Parisien du 4 oct. 2011 Retrait de Borloo : le travail de sape de l’Elysée.

Faux prétexte «bonne décanche» dirait un solognot pour mauvaise excuse car tous les articles que j’ai explorés admettent que - pour l’instant - Nicolas Sarkozy devance largement Marine Le Pen dans les intentions de vote au premier tour (de 6 à 8 %). Or, il n’est pas certain que cette reculade pour ne pas dire «débandaison» ! subite - ainsi que le déplore le pauvre Dominique Paillé, ex-porte-parole adjoint de l’UMP «qui en avait fait son champion pour 2012» et a payé son audace au prix fort en étant débarqué, à peine nommé, de son poste de président du conseil d’administration de l’Office français de l’immigration et de l’intégration : «Il y a une semaine, je n'imaginais pas que la décision serait négative. Samedi et dimanche, j'ai commencé à avoir des doutes» - ne se traduise pas au contraire par une poussée plus forte de Marine Le Pen qui doit sans doute déjà s’en pourlécher les babines : elle tapera sur le clou «tous complices».

A l’entendre, Borloo est toujours droit dans ses bottes mais sans la moindre once de cou…rage politique. Uniquement beaucoup de vent - à moins que ce ne fût l’hélium servant à gonfler les montgolfières… - et d’ambition. Il devait tout casser - mais surtout pas l’UMP ! - car Jean-Louis Borloo «parfaitement serein» selon Jean-Baptiste Garat (Le Figaro du 29 mars 2011) disait oeuvrer pour le rassemblement de l’UMP au second tour de la présidentielle, se présentant comme le «deuxième pilier de la majorité».

Patatras ! La cabane est tombée sur le chien… Sans nul doute l’effet "perte du Sénat" - d’ailleurs largement dû aux grands électeurs centristes des petites communes, lassés de la politique de Sarkozy à l’égard des collectivités locales ! La politique n’étant jamais un paradoxe près. Le ou les piliers du «grand rassemblement des centristes» qu’il se fit fort de construire autour du Parti Radical n’étaient pas plus solides que ceux de la lamentable Equipe de France aux Mondiaux de Nouvelle-Zélande : la "mêlée spontanée" s’est lamentablement effondrée dans le chaos parfait des universités d’été centristes, chacun tirant la couverture (ou le ballon) à soi, se divisant sur l’opportunité de la candidature de Borloo. Ce fut dans le camps de ceux y étaient hostiles, à qui plaquerait le mieux Jean-Louis Borloo. A retardement, bien évidemment. Tous «francs coume eun âne qui r’cule». Nullement surprenant lorsque l’arbitre de fait se nomme Sarkozy, sifflant des pénalités imaginaires et laissant passer coups de poing ou de pied sans distribuer le moindre carton. Il m’étonnerait fort que la "troisième mi-temps" réconciliât les centristes. Les mouches ont changé d’âne, ce qui réjouit fort François Bayrou qui n’en demandait pas tant.

Jean-Louis Borloo ? Un clown pusillanime… Effrayé par son ombre. Ou, comme l’affirme sans aménité un de ses ex-soutien «Il est mort. C’est un cyclothymique. Il n’avait pas l’ossature». Le jugement aussi sévère de Gérard Noël dans Vosges Matin va exactement dans le même sens : «Apparemment, Jean-Louis Borloo n'a pas la stature d'un homme d'Etat et il s'est aperçu à temps que l'habit était trop large pour lui. Imprévisible et velléitaire, le portrait que faisaient de lui ses adversaires reçoit une confirmation spectaculaire» et rejoint les réactions de la plupart des éditorialistes cités par Libération du 4 oct. 2011 La presse n'est pas tendre avec Jean-Louis Borloo, "le velléitaire".

Dans la Voix du Nord, Hervé Favre, parmi les plus virulents de ses détracteurs - sans doute parce que Borloo fut maire de Valenciennes - écrit «qu’en en se retirant du jeu pour 2012 après s'être avancé aussi loin, (selon son ex-soutien déjà cité, «Il devait sortir un livre où il disait dans la première page qu'il avait décidé de se présenter. Je ne sais pas ce qu’il va en faire»… Je ne vois guère que le pilon !) l'ancien maire de Valenciennes donne raison à ses nombreux caricaturistes. Le Borloo "velléitaire", "fragile" et décidément "imprévisible" est de retour, au grand soulagement de Nicolas Sarkozy et de l'UMP».

Jugement identique pour Daniel Ruiz (La Montagne) : «Electron libre rarement pris au sérieux dans les allées du pouvoir et pas très vertébré politiquement, Borloo confirme par son retrait sans combat que, comme Hulot, il n’a aucun espace politique, donc peu d’avenir»… Comment en effet pouvait-il espérer peser sur la campagne présidentielle en ne totalisant tout au plus que 6 à 8 % des intentions de vote ? Il restera à savoir qui - de François Bayrou ou Nicolas Sarkozy - bénéficiera de son retrait.

Incontestablement, François Bayrou voit son horizon se dégager. Selon Gérard Noël (Vosges Matin) «François Bayrou est redevenu aujourd'hui le vrai dépositaire de l'étiquette centriste» - encore que nous sachions qu’Hervé Morin (Nouveau Centre) qui tentait de doubler Jean-Louis Borloo dans le même couloir du marathon présidentiel (sans se soucier de le faire trébucher dans la dernière ligne droite) n’a toujours pas renoncé à se présenter en 2012. J’en rigole bien évidemment car si incontestablement l’on peut créditer Jean-Louis Borloo d’un certain charisme, Hervé Morin en est totalement dépourvu, considérant tout le monde avec une morgue hautaine. Outre une sévère déculottée, il risquerait de ne pas atteindre la barre des 5 % auquel cas, il ne serait pas remboursé de ses frais de campagne.

Comment les politiciens peuvent-ils manquer à ce point de lucidité et de perspicacité s’agissant de leurs chances d’atteindre le second tour et a fortiori de gagner l’élection présidentielle qui, qu’on le veuille ou non, comporte plus que toute autre, une forte dose d’intuitu personae ? Ainsi, quand Borloo affirme que la «dynamique des centres» dont il se voulait le maître d’œuvre n’était pas suffisante pour que sa candidature ne soit pas seulement de témoignage mais lui permette d’atteindre le second tour… Il rêve comme il pisse, le Borloo : debout !

Comme pour ajouter du ridicule au ridicule, voilà-t-y pas que cependant que je travaille sur cet article, tombent des alertes sur ma boîte : c’est au tour de Corinne Lepage d’annoncer qu’elle est candidate ! Qu’en espère-t-elle ? J’ai beaucoup de respect pour les combats qu’elle mène sur le front des diverses atteintes à l’environnement (OGM, radioactivité, etc.) et leurs répercussions sur la santé mais elle ne vaut pas tripette dans le domaine politique. Elle fut, ne l’oublions pas, aux côtés de François Bayrou au Modem. Contrairement à nombre de ses ex-soutiens passés avec armes et bagages du côté de Nicolas Sarkozy : les postes de ministres ne se refusent pas ! Et précisément Hervé Morin fut de ceux-là - son départ fut justifié s’il m’en souvient par des désaccords sur l’organisation - autocratique - du Modem .

Jacques Guyon dans la Charente Libre ménage la chèvre et le chou :  «Si Bayrou vient d'être débarrassé d'un caillou, c'est une grosse écharde qui vient d'être enlevée du pied de Nicolas Sarkozy». Mais attention, foi d’ancienne infirmière ! Il ne suffit pas d’ôter l’écharde : si elle a eu le temps de pourrir - et d’expérience, je sais que cela se produit très vite - l’infection continue. Pour Yves Harté (Sud-Ouest) «S’il est une journée que Nicolas Sarkozy a dû apprécier, c’est bien celle d’hier»… Qu’il en profite ! Nous verrons bien ce que l’avenir lui réservera.

Les choses ne sont en effet pas aussi simples - ou simplistes - comme en témoignent les analyses de Michel Urvoy (Ouest-France) «il n'est pas acquis que l'électorat de Jean-Louis Borloo votera en masse pour Nicolas Sarkozy" mais "en revanche, François Bayrou, qui avait anticipé ce qui se passe, devrait être le premier à profiter de l'espace laissé vacant» ou Philippe Waucampt (Républicain lorrain) qui estime que «le rejet dont Nicolas Sarkozy est l'objet dans l'électorat centriste jouera au bénéfice de Bayrou ou de Hollande. Sans le prémunir contre un 21 avril à l'envers». Dont nous savons pertinemment que c’est l’obsession de Nicolas Sarkozy et ses conseillers à l’Elysée.

Comme d’hab, Nicolas Sarkozy ne peut s’empêcher de faire le fiérot : il a fait tomber Borlo. Comme le soulignait l’article du Parisien déjà cité : «Lundi à l’Elysée, devant ses conseillers, Nicolas Sarkozy savourait son plaisir après le retrait de Jean-Louis Borloo, dont la possible candidature devenait chez lui une vraie fixation ! La première bonne nouvelle depuis des semaines»… Très bien. Tant mieux pour lui si cela le rassure : En privé - cela ne doit pas être si privé que cela puisque la presse nous en donne connaissance ! - Sarkozy confiait ne pas trop croire à ce qu’il appelait le «rassemblement des amertumes» : «Il rassemble le centre, Borloo? Il ne rassemble rien du tout! Tous les jours, un de ses proches veut me voir», grinçait le président il y a peu. Argument connu et utilisé souventes fois quand il cherchait à débaucher à gauche pour «l’ouverture» qui aura fait long feu…

Ses états d’âme - d’ailleurs, s’il en avait une, nous le saurions ou alors elle est encore plus noire que la frimousse des petits ramoneurs savoyards du temps jadis ! - je n’en ai absolument rien à secouer. Mais je vous livre le passage qui fait monter une fois de plus ma rage d’un cran supplémentaire : Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Elysée n’a pas ménagé sa peine pour dissuader Borloo. «C’est un travail de sape, de longue haleine. On a fait le job !» raconte un conseiller. « Depuis des semaines, on a convaincu les élus un par un de la nécessité de ne pas s’engager dans l’aventure »…

«On a fait le job» ! Expression déjà merdique en soi qui a le don de me hérisser le poil… Mais bon, passons, ils ont autant d’intelligence et de culture qu’une moule avariée. Cela ne choquerait-il personne que la seule (pré)occupation de ces pauvres taches déjà bien trop payées - par la plus haute administration de l’Etat, donc avec l’argent des con…tribuables - et de celui qui les emploie fût d’assurer sa réélection ? Il faut dire que la France et les Français vont si bien qu’il n’y pas vraiment lieu de s’en occuper, n’est-il pas ?

Ils ont encore bien du pain sur la planche : «Déterminé à être le seul candidat de droite, Sarkozy va continuer son entreprise de dissuasion. Sa prochaine cible : l’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin. «On ne va pas lui lâcher les mollets», prévient l’Elysée - On n’attend rien d’autres des clébards de la meute sarkoïdale ! (…) Ainsi Sarkozy va-t-il recevoir bientôt les députés de son parti, le Nouveau Centre, pour les sermonner». Entendre : leur tordre les bras en même temps qu’il subiront l’admonestation du chanoine de Latran. Encore heureux que l’ordalie, la "question", le supplice de la roue, et autres bûchers de l’Inquisition n’aient plus droit de cité dans l’arsenal judiciaire…

«On n’oublie pas Boutin ni Villepin», ajoute l’Elysée… D’où le fort savoureux titre de l’éditorial de Christophe Jakubyszyn sur RMC A droite, l'opération Karcher a commencé (4 oct. 2011). «L’Elysée a joué avec la psychologie de Jean-Louis Borloo. Nicolas Sarkozy avait connaissance de son découragement, de sa déprime (…) Bref, l’Elysée savait que Borloo hésitait. Il a craqué en septembre»… A titre de récompense, il se verrait offrir la Mairie de Paris - à condition que les électeurs de Paname en veuillent bien ! C’est quand même fort de café cette façon qu’ils ont de disposer des fonctions électives bien avant le scrutin - histoire en même temps pour Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé de mettre des bâtons dans les roues en travers d’une possible candidature de François Fillon. Il est de notoriété communément admise que lui et Copé ne peuvent pas se piffer. Pour remercier Fillon du soutien sans faille à Sarkozy ? Drôlement réjouissant de voir la reconnaissance et l’amour régnant dans cette famille !

Or donc, Nicolas Sarkozy et l’Elysée n’épargneront pas leur peine pour mettre hors-jeu électoral «les autres candidats qui voudraient faire de l'ombre à Nicolas Sarkozy au premier tour (…) au risque de coûter à la droite un 21 avril à l‘envers». En s’appuyant «méthodiquement sur leurs talons d’Achille» : «il y a un "pêcher capital" - quand on vous dit qu’ils utilisent le prêchi-prêcha de l’Eglise ! - qui sommeille chez chacun d’eux»… Encore heureux que ce ne fût pas un cochon, selon l’expression consacrée !

Bien curieuse d’en connaître plus sur les travers susceptibles de les faire chuter grâce à un croche-patte bien décoché en travers des chevilles - au football l’on parlerait de tacle assassin ! - je poursuivis donc ma fort intéressante lecture. Pour Christine Boutin, ce serait la gourmandise. Ah ! Bon, elle doit alors raffoler des pâtisseries, notamment le «Saint-Honoré» - particulièrement s’il est décoré avec un gros «55» en pâte de fruits. Trêve de plaisanterie, Christophe Jakubyszyn rappelle que «pour obtenir son silence après son départ du gouvernement, Sarkozy lui avait confié une - fumeuse - mission rémunérée 10.000 euros par mois et qu’elle raconte qu’en 2007 le président lui avait promis qu’il n’y aurait pas d’euthanasie et pas de mariage homosexuel» - dont on n’aura garde d’oublier qu’il le promettait au même moment aux homos ! Qui risquent de s’en souvenir en 2012... Par quel autre biais Sarkozy espère-t-il cette fois la tenir en lisière ?

Pour Villepin, l’avarice : «il n’aurait pas les moyens de ses ambitions et notamment pour financer sa campagne électorale (…) Comme Borloo, Villepin est en train d’être débranché» selon un commentaire cynique de l’Elysée. Toujours chez Sarkozy, la carotte et le bâton. Je ne sais s’il vous en souvient mais le Monde nous apprenait le 21 juillet 2011 que L'UMP veut frapper Borloo au portefeuille en lui refusant une dotation d’un million d’euros auquel le Parti radical pouvait prétendre au titre du financement - public - des partis politiques.

Nous ne savons bien évidemment que trop, depuis 1995 et la candidature d’Edouard Balladur contre Jacques Chirac qui disposait des fonds du RPR - c’est précisément l’origine du Karachigate qui nous occupe beaucoup en ce moment - qu’un candidat démuni des pépètes de son parti a peu de chances de l’emporter devant le candidat officiel.

Toutefois, Sarkozy qui se pique de connaître le cinéma ne devrait pas oublier que quelques super-productions wollyoodiennes tournées à grands renforts de millions voire de milliards de dollars ont fait des flops retentissants alors que des films à tout petit budget ont connu le succès et des bénéfices en proportion. «Bagdad Café», cela ne lui dit rien ? Le public ou les citoyens faisant la différence en dernière instance. Cela ne veut pas dire évidemment que Dominique de Villepin sera candidat et qu’il ferait nécessairement de l’ombre à Sarkozy au premier tour mais le culte sarkoïdal pour le fric m’exaspère au plus haut point… Il sera difficile de l'en désintoxiquer !

Hervé Morin serait affecté pour sa part du pêché d’envie : nul besoin d’être grand clerc pour savoir qu’il souhaite «prendre la relève de Jean-Louis Borloo comme candidat du centre droit» mais l’Elysée «serait assez tranquille et je jugerait pas utile d’intervenir pour le moment : Hervé Morin a beaucoup d’amis, pas besoin de se faire des ennemis»…

Il restera que nonobstant toutes ces petites et grandes manœuvres, certains commentateurs reprenant les analyses de Gaël Sliman (BVA) - lire entre autres articles l’éditorial de Sophie Louet et Yann Le guernigou (RMC 3 oct. 2011) Le retrait de Borloo n'est pas forcément un cadeau pour Sarkozy - qui estime que Nicolas Sarkozy se tire peut-être une balle dans le pied en cherchant à faire table rase de toutes les candidatures de droite et se priverait sans doute d’une réserve de voix pour le second tour. Il n’a pas encore compris que la situation en 2012 n’a absolument rien à voir avec celle qui a prévalu en 2007. Parce qu’il avait ratissé très large en se servant de la vulgate lepéniste et en séduisant une partie de l’électorat de gauche. Aujourd’hui, il m’étonnerait fort qu’il puisse réussir le même "grand écart" sans risquer une luxation de hanche !

En outre, et selon ce que j’ai pu lire par ailleurs, s’il avait séduit une partie du corps enseignant - traditionnellement plutôt à gauche - il pourra mettre une croix dessus en 2012 : leurs suffrages iraient plutôt vers le candidat socialiste. Quant aux ouvriers,qu’ils ne compte plus sur eux. Le plus pénible étant de s’apercevoir qu’ils accorderont plus volontiers leurs suffrages à Marine Le Pen qu’à des candidats de gauche. Mais que Sarkozy ne s’en réjouisse pas car il m’étonnerait qu’au second tour ils votassent pour lui ! Ils se réfugieront dans l’abstention ou voteront pour l’autre candidat arrivé au second tour. Logique du "TSS" : Tout sauf Sarkozy… Si tant est bien évidemment qu’il n’y ait pas eu un 21 avril à l’envers : le cauchemar qui tient Sarkozy éveillé.

Gaël Sliman soulignant par ailleurs que «La stratégie de Sarkozy de tout miser sur Bayrou est incompréhensible. Les 6 à 7% qui sont derrière Bayrou aujourd'hui ont comme point focal l'anti-sarkozysme et votent à 78-80% à gauche au second tour»…

Enfin, comme j’allais chercher un article sur le site d’Europe 1, je vis du coin de l’œil qu’un nouveau scandale touchait la Sarkozye… Dès que j’eus enregistrés les articles qui m’intéressaient, je cliquais sur le premier titre. Pas déçue du voyage ! Le passé de la compagne d’Hollande fouillé ? (4 oct. 2001). Pas besoin d’un dessin. Ce ne pouvait être que par la police politique de Sarkozy ! Effectivement, et selon une information exclusive de l’Express Eric Pelletier, Anne Vidalie et Marcelo Weisfreid nous apprennent que La police est soupçonnée d'enquêter sur la compagne de François Hollande (4 oct. 2011).

Cette enquête aurait été menée au début de l’année 2011 selon «Des sources policières concordantes, à plusieurs niveaux hiérarchiques» - Nicolas Sarkozy a tellement chié dans la colle à l’égard des policiers : sous-effectifs permanents, mises en cause, objectifs chiffrés impossibles à atteindre (logique de «l’entreprise barbare» !) au détriment du vrai travail d’enquête, qu’il paye cash - nous apprenant qu’il s’agissait «d’établir une notice biographique fouillée sur Mme Trierweiler - journaliste à Paris-Match et compagne de François Hollande - y compris sur son réseau relationnel (…) Certains policiers s’émouvant d’une telle démarche et ce, surtout dans le contexte actuel, marqué par les affaires d’investigations policières sur les sources des trois journalistes du Monde».

L’article rappelant fort opportunément «qu’officiellement, après le scandale provoqué par l’espionnage d’un conseil national par les RG en 1995, les services de renseignements ne sont plus censés intervenir dans le domaine politique». Mieux : c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui «à son arrivée Place Beauvau en 2002 avait supprimé les "notes blanches", ces fiches sans en-tête, ni signature, rédigées notamment sur des personnalités du monde politique, des médias ou du spectacle». La belle affaire ! Nous ne connaissons que trop bien la tendance de Nicolas Sarkozy a s’affranchir de la légalité quand son respect est contraire à ses intérêts.

Bien entendu, "la police dément catégoriquement" (Europe 1 le 4 oct. 2011) - grand classique du genre en Sarkozie : démentir jusqu’à ce que les faits soient prouvés. Et l’inénarrable Accoyer aboyant encore une fois plus vite que son ombre estime au sujet de l’enquête-Hollande : "Trop c’est trop" (Europe 1 le 4 oct. 2011)…

Ne pensez surtout pas qu’il s’agisse pour lui de condamner ce nouveau manquement autant à la légalité qu’à l’éthique qui fait bien évidemment réagir fermement François Hollande joint par le Dauphiné Libéré le 4 oct. 2011 dans la voiture qui l’emmenait en Savoie "Je veux savoir qui a commandité cette enquête" (Hollande) : «Si l'information de L'Express est vraie, s'il y a bien eu une demande d'enquête, hors de tout cadre légal, sur la vie privée de ma compagne, il s'agirait là d'une irrégularité inacceptable et condamnable devant les tribunaux. Je demande que toute la transparence soit faite autour de cette affaire. Si cette enquête a bien eu lieu, je veux savoir pourquoi elle a été commandée et par qui? Car il est impensable aujourd'hui qu'une enquête puisse être menée à des fins directement politiques. La police doit servir à autre chose. Si cette affaire est avérée, elle en dirait long sur ceux qui ont commandé l'enquête. Ce serait une dérive de plus sous la présidence de Nicolas Sarkozy»…

Que non point ! Bernard Accoyer s’en prend bien évidemment à «l'opposition (qui) ne sait qu'avancer de pseudo-dossiers». Mais c’est bien sûr ! Le Karachigate c’est du vent, l’espionnage des journalistes du Monde par la DCRI dans le cadre de l’enquête sur l’affaire Woerth-Bettencourt, itou. Pourtant les preuves s’accumulent prodigieusement de mois en mois, de jour en jour, éclatant devant le grand public… Elles sont désormais examinées par des juges indé-pendants - au grand dam de Sarkozy. Vos scandales - d’Etat, qui plus est ! - vous éclaboussent de toute part et c’est encore l’opposition que vous accusez. Je ne vous dis pas comment mes petits poings sont démangés par l’envie de me servir de sa sale tronche de niais comme d’un punching-ball ! Grrr…

MERDALOR ! Putain bordel de merde. A l’ami «Coup de Grisou» qui en commentaire de l’article sur Roland Barthes  parlait d’un Sarkozy alignant de vraies perles d’inculture, mettant fort à mal la langue française tout en faisant assaut de vulgarité, je répondrais en connaître sûrement bien plus que Sarkozy en matière de jurons bien sentis…

La Sarkozie est une contrée qui fouette grave. Un marigot putride infesté de crocodiles aux dents très longues, des égouts remplis de rats et autres vermines répugnantes, de l’eau de Vichy bien croupie depuis presque 70 ans., l’Elysée devenu non seulement une pétaudière mais aussi un cloaque. Fi de cochon ! Nicolas Sarkozy a réussi la gageure - j’utilise le terme en me marrant car précisément, sur un des commentaires de l’article d’Arnaud Le Parmentier «Le Roland ‘Barthesse’ a claqué comme une fausse note à Pleyel» un lecteur ironisa en écrivant que Nicolas Sarkozy serait sans doute pris quelque jour par la patrouille en prononçant «gajeure» ! - de transformer le combat politique normal et légitime en un match de lutte totalement déloyal où tous les coups - surtout les plus bas ! - sont permis (mais à lui seul).

Je n’invente rien : je retrouve inopinément les propos de Dominique Riquet, le successeur de Jean-Louis Borloo à la mairie de Valenciennes reproduits par Le Monde du 3 oct. 2011 Jean-Louis Borloo renonce à être candidat en 2012 : «Psychologiquement, c'est très dur. Il n'est pas en tungstène. Vous avez vu le début de campagne? C'est un combat de catch dans la merde. Vous connaissez un mec normal qui veut barboter là-dedans? Jean-Louis, c'est un mec normal»…

Décidément, François Hollande a entièrement raison : Nicolas Sarkozy n’est nullement un «président normal» mais un président qui fait tache ! Sur ce point, nul doute que l’histoire ne retienne son quinquennat - croisons les doigts pour qu’il ne rempilât pas en 2012 - comme le pire de toutes les Républiques depuis 1875 non plus que l’ensemble de son oeuvre ne remplît jusqu’à plat-bord les poubelles de l’histoire !


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