Le gouvernement propose un kit de préparation au mariage plutôt que d’aider concrètement les familles

Le groupe de travail sur la préparation au mariage civil lancé en juin dernier, présenté hier par la Secrétaire d’Etat à la Famille, illustre une nouvelle fois les conceptions réactionnaires de la majorité au pouvoir. Après le rapport Mariton-Grommerch de juillet qui assignait des objectifs purement natalistes à la politique familiale, Madame Claude Greff prétend aujourd’hui que les difficultés des familles seraient toutes résolues par une plus grande stabilité dans le mariage.   La seule réponse qu’apporte ce gouvernement incapable de lutter contre la pauvreté infantile (qui touche 2 millions d’enfants en France) et qui n’a pas hésité à détourner une partie de la CSG qui alimentait la branche « famille » de la Sécurité sociale pour financer la dette sociale, c’est la promotion du modèle patriarcal contenu dans le Code civil. Avec en prime, la volonté de s’inspirer de la préparation chrétienne au mariage, ce qui révèle une conception de la laïcité à géométrie variable.   Malgré leur aspiration massive à la stabilité, les couples se séparent souvent en raison d’ « accidents de la vie » (chômage, maladie) tout comme les difficultés des familles monoparentales ne sont pas dues à l’irresponsabilité des mères mais au fait qu’il est très difficile d’élever seul(e) un enfant. Plutôt que de culpabiliser les individus, la société doit chercher à leur donner les moyens d’articuler leurs vies familiale, professionnelle et conjugale.   Dans leur projet pour 2012, les socialistes réaffirment leur attachement à une politique familiale ambitieuse, qui respecte les choix de chacun.  Une réforme fiscale d’ampleur, par une transformation du quotient familial et des allocations familiales en un crédit d’impôt forfaitaire versé dès le premier enfant, assurera une aide plus juste et plus équitable. Le partage du congé parental entre les deux parents et la création d’un service public de la petite enfance avec bonification de la CAF pour l’accueil des enfants issus de familles modestes permettront notamment aux mères de reprendre une activité professionnelle, donc de lutter contre la pauvreté des familles.   Les socialistes ne sont pas opposés à un soutien de la conjugalité. Ils s’engagent en effet  à ouvrir le droit au mariage et à l’adoption  à tous les couples. Mais ils estiment que ce n'est pas à l'Etat d'imposer un modèle ni de dire aux citoyens comment ils doivent organiser leur vie et avec qui.  Ils réaffirment leur volonté de reconnaître toutes les formes de conjugalité : mariage, PACS, concubinage et union libre.

• Jean-Patrick Gille
  Secrétaire national à la famille