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Où je retombe en enfance au détour d'un zapping télé...

Par Tred @limpossibleblog
Où je retombe en enfance au détour d'un zapping télé...C’était un mardi soir trop ordinaire et pourtant pas vraiment comme les autres, entre lessive, courses et bureau de poste. A force de repousser les corvées, elles finissent par toutes se chevaucher en une même soirée. C’était un mardi soir où je n’avais décidé d’allumer la télévision que pour m’occuper les yeux le temps de manger, en attendant d’aller écrire mon billet sur Hobo with a shotgun. Je zappe alors, en quête d’un bout de programme agréable à regarder sans risque de rester accroché deux heures durant devant le poste.
J’ai zappé jusqu’à tomber sur le cheval ailé blanc de la Tristar annonçant le début d’un film sur la TNT. Tiens, Hook… En voilà un que je n’ai pas vu depuis longtemps, ça pourra être marrant de regarder le premier quart d’heure, et après j’éteins. Quand j’ai commencé à regarder le film de Steven Spielberg, je ne doutais pas que j’avais assez vu cette relecture de Peter Pan pour parvenir sans difficulté à m’en détourner rapidement. Pourtant je n’ai éteint que plus de deux heures plus tard, un sourire aux lèvres et un petit frisson me traversant. Un frisson de souvenirs vieux de quinze ou vingt ans.
Le premier souvenir, c’était celui des bus en 1992, arborant tous sur leurs flancs une affiche de film promettant une aventure digne des rêves d’un enfant d’une dizaine d’années. Hook, ou la revanche du Capitaine Crochet. Le réalisateur d’Indiana Jones portant à l’écran Peter Pan, ce personnage qui est le héros de tous les enfants. Robin Williams, Dustin Hoffman, Julia Roberts, Bob Hoskins devant la caméra. En 1992, j’en rêvais de ce film.
Où je retombe en enfance au détour d'un zapping télé...Mon second souvenir prend place quelques semaines plus tard au Paramount Opéra. A l’époque, chaque déplacement dans une grande salle de cinéma parisienne est un émerveillement pour le gamin banlieusard que je suis, et le souvenir de mon entrée dans la grande salle du Paramount est indélébile. Nous sommes en retard, le film est déjà commencé depuis quelques minutes, ma mère nous presse, ma sœur et moi, et nous fait asseoir rapidement. Du haut de mes dix ans, la salle et l’écran me paraissent immenses. J’y découvre les aventures de ce Peter Pan ayant grandi et oublié qu’il est Peter Pan. Obligé de retourner au Pays imaginaire pour sauver ses enfants du crochet de son vieil ennemi pirate, Peter doit convaincre les enfants perdus, et lui-même, qu’il est bien Peter Pan. Et retrouver ses aptitudes au combat, pour aller défier Crochet. Une aventure dont on ne peut décoller les yeux lorsqu’on a dix ans.
Mon troisième souvenir est celui des visions répétées du film. La vidéo a souvent fait chauffer le magnétoscope au début des années 90. Une première fois pour découvrir ces premières minutes que nous avions raté au Paramount Opéra. Et toutes les fois suivantes, pour le plaisir de voler vers le Pays Imaginaire au côté de Clochette, de manigancer avec Mouche, de rêver avec les enfants perdus. Aujourd’hui je ne regarde plus les films comme je le faisais enfant. Aujourd’hui je vois rarement les films plus d’une fois. Ma curiosité pour les films ne me laisse que peu de temps pour les revoir lorsque j’en ai tant à découvrir. Il y a quinze ans, l’envie de plonger encore et encore dans les univers cinématographiques qui me fascinaient était plus forte que la curiosité. C’est une caractéristique de l’enfance, sans doute. Voir et revoir les films nous plongeant dans l’aventure et le rêve.
A cet âge-là, on se croit encore immortel, l’insouciance tourne à plein régime, et rien ne compte plus que voir ces histoires de héros et de bravoure. Un jour, c’était sûr, mon tour viendrait. Moi aussi je vivrais des aventures où il faudrait affronter des méchants, voler au secours des faibles, sauver une jolie fille en danger. Comme Peter, je resterais un enfant. Comme Peter je volerais. Alors inlassablement, la vidéo retournait dans le magnétoscope, Peter Pan oubliait qui il était, Crochet enlevait ses enfants, Clochette le ramenait au Pays Imaginaire, les Enfants Perdus acclamaient son retour, et il finissait par renfiler son collant vert et défier Crochet, en souvenir du bon vieux temps où il était cet enfant qui refusait de grandir.
Où je retombe en enfance au détour d'un zapping télé...Steven Spielberg trouvait les mots simples et naïfs pour parler à l’enfant qui verrait son film, c’est aujourd’hui évident à la vision du film. Les répliques sont trop sucrées, les effets spéciaux trop voyants, les couleurs trop criardes. Mais à l’époque, c’est ce qui me faisait vibrer. Les attentes de l’enfance sont différentes de celles de l’adulte. Sa façon de voir les films aussi. Enfant, je me jetais à corps perdu dans les films, je devais les vivre continuellement, les regarder chaque semaine jusqu’à les connaître par cœur, jusqu’à croire que c’était moi, le héros du film. C’était moi, Peter Pan. Et Indiana Jones. Et Marty McFly. Et Inigo Montoya. Et d’autres encore.
Je l’ai tellement voulu, je l’ai tellement cru qu’aujourd’hui encore, leurs paroles résonnent en moi. Les répliques fusent aussi vite dans ma bouche qu’à l’écran. Je ne m’y attendais certainement pas, car la dernière fois que j’avais vu Hook, je ne devais pas avoir plus de 18 ans. Comme si une fois devenu adulte, le monde des enfants qui ne voulaient pas grandir n’était plus fait pour moi. Mais en ce mardi soir de 2011, j’ai reconnu chaque visage, chaque voix, chaque réplique. Ils se sont tous bousculés pour me faire revivre un pan de mon enfance. Et après la lessive, les courses et le bureau de poste, j’ai retrouvé les rêves du garçon de dix ans que j’ai été. Bangarang !

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