Droite populaire : populiste ? libérale ?

Publié le 06 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

Entrée en scène de la « droite populaire » avec 12 propositions assez surprenantes. Que faut-il en penser ?

Un article de l’ALEPS (*)

Thierry Mariani a présenté la semaine passée les 12 propositions du «projet global» de son mouvement.

Jacques Garello l’a évoqué dans son dernier article : la « droite Populaire », en gestation depuis plusieurs mois, vient de prendre son essor en lançant, mardi 27 septembre, une charte comprenant 12 propositions.

Ce long document est un amalgame de proclamations et de mesures qui ne peuvent en aucun cas le faire passer pour un monument de la pensée libérale. Au minimum, quelques-unes des mesures envisagées sont surprenantes, au hasard des pages : maintenir la taxe exceptionnelle sur les plus hauts revenus, accroître la tranche supérieure de l’IRPP de 41 à 45 %, créer un grand ministère des TPE et PME, encadrer les marges des industriels et de la grand distribution, décréter la présence systématique des salariés dans les conseils d’administration des entreprises, soutenir l’instauration d’une taxe Tobin européenne, lancer un plan Marshall de soutien au monde rural, instaurer une TVA protectionniste, contrôler les investissements étrangers à l’Union Européenne dans les secteurs stratégiques et créer un « conseil de surveillance des investissements étrangers ».

Cette énumération (très incomplète) aura de quoi rebuter le plus modéré des libéraux.

Le Monde accuse la Droite Populaire de se calquer sur le programme du Front National dans les chapitres qui concernent la sécurité, l’école et le patriotisme économique. Mais d’une part il est obligé de reconnaître que Marine Le Pen est dirigiste et étatiste, alors que le document visé se prononce contre l’État Providence et fait une large part à la flexibilité du marché du travail. D’autre part il y a des idées communes aux deux approches qui peuvent avoir l’approbation des libéraux : l’éducation des enfants et l’enseignement civique et moral, le referendum d’initiative populaire par exemple.

En fait, et pour conclure sur une note positive, le plumage vaut mieux que le ramage. Les proclamations de la Droite Populaire ont des accents qui nous sont plutôt sympathiques : « Nous croyons en la liberté d’entreprendre, au travail, au mérite et à l’effort […] Ceux qui travaillent doivent pouvoir conserver le fruit de leurs efforts et l’utiliser pour préparer l’avenir de leur famille. Nous croyons en l’excellence économique, en l’innovation et en l’esprit d’entreprise » et encore « Fondée sur l’autorité et le respect, l’école de la République doit permettre à chaque enfant d’apprendre les valeurs morales et civiques ainsi que favoriser l’égalité des chances pour tous ». Et enfin « Être libre, c’est être responsable…»

Il y a donc quelque schizophrénie dans ce manifeste. Sans doute le document est-il trop long ; à nos yeux les réformateurs libéraux ne sont pas ceux qui proposent, mais ceux qui libèrent. Sans doute ces députés sont-ils encore prisonniers de la pensée unique. Et c’est un jeu difficile de vouloir en même temps séduire l’électorat déçu qui va vers le Front, et conserver le programme et les mesures envisagés par l’UMP. Nous savons cependant qu’il s’agit d’hommes sincères et de talent : Christian Vanneste a participé à notre Université d’Eté, Dominique Tian entretient des relations suivies avec nous, Thierry Mariani, ministre des Transports, prend du poids au sein du gouvernement… où figure un ancien de la bande à Léo, Gérard Longuet, qui donne de temps en temps l’impression qu’il est encore libéral. Comme le suggère Jacques Garello, tous ces gens feront peut-être un pas de plus vers le libéralisme. Il sera temps, après les élections présidentielles. Pour l’instant, ils « accompagnent la majorité présidentielle [et] contribuent activement et fortement, au futur projet de Nicolas Sarkozy ».

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Article repris du site de l’ALEPS, Libres.org, avec l’aimable autorisation de Jacques Garello.

(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le Progrès social, fondée il y a quarante ans sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.