Magazine Culture
A la différence de ce qu'affirme le titre de cet épisode, c'est bien la fin.
Une page se tourne incontestablement. Certes, deux téléfilms sont prévus -histoire de pleinement rentabiliser le filon ou de conclure la série en beauté (interprétation libre)-, mais voilà, cet épisode reste le dernier épisode d'une série qui durait depuis 10 années. On peut garder un sentiment mitigé sur l'ensemble car la série aura connu les hauts commes les bas, mais il est impossible de ne pas se sentir assailli d'une vague de nostalgie.
D'autant que cet épisode laisse un sentiment relativement mitigé, avec les forces mais aussi les faiblesses récurrentes de la série finalement. Toute l'équipe se rend à bord d'un de leur vaisseau à la rencontre des Asgards qui ont décidé de leur léguer toutes leurs connaissances en guise d'héritage, leur race étant désormais irrémédiablement condamnée, ils refusent d'attendre leur lente dégénérescence. Toutes les armes dont les terriens ont toujours rêvé pendant dix ans, la boucle est en quelque sorte bouclé. Les Asgards transmettent officiellement le flambeau aux Tauri, à la cinquième race. L'instant est très symbolique. Après tant d'années à pointer du doigt, le manque d'avancement des terriens, enfin, les efforts se concrétisent.
Mais, comme pour souligner le simple caractère symbolique de cette remise, le cadeau Asgard est empoisonné : la technologie mène les vaisseaux Ori tout droit sur la planète Asgard, qu'ils détruisent, précipitant par la même la fin des Asgards. Etait-ce judicieux de faire mourir les Asgards pour ce finale ? Les scénaristes ont sans doute tenté de conférer une dimension supplémentaire à l'épisode, avec ce fait marquant. Y réussissent-ils vraiment ? Je reste quelque peu dubitative sur l'opportunité de ce choix même si je comprends leurs motivations : une page se tourne bel et bien.
Cependant, si cette introduction a plus un ton de clôture, elle permet ensuite d'enchaîner sur une sorte d'ouverture. La technologie Asgard offerte est traçable. Les Ori prennent en chasse le vaisseau terrien à travers l'hyperespace. L'équipage est laissé sur une planète à côté d'une porte des étoiles. Restent à bord SG1 et le général Landry, qui veulent tout tenter pour préserver le vaisseau, la technologie et les connaissances Asgard. Sam les projette dans une faille spatio-temporelle comme ils sont sur le point d'être touchés de façon critique par un des vaisseaux Ori. Ils sont déphasés : le temps s'écoule à bord du vaisseau, tandis qu'à l'extérieur, le temps semble s'être arrêté. Sauvés pour un temps, mais toutes les hypothèses de sauvetage de Sam pour qu'ils retrouvent le temps normal en échappant au tir s'avèrent irréalisables par toutes les simulations. Ils sont coincés à bord du vaisseau.
Le temps s'écoule. Deux jours, trois mois... Le huis clos est bien retranscrit, avec l'effort de chacun de se tenir occupé, de ne pas devenir fou. Landry et ses plantes, Cam et son jogging... Vala et... Daniel. Disposer soudain d'une période de temps beaucoup plus longue et de circonstances exceptionnelles offrent aux scénaristes l'occasion de satisfaire les shippers. Un couple bien sympathique, avec une Vala sincère qui fait le premier pas à sa manière, fidèle à elle même.
Les années passent. Les personnages vieillissent. Landry meurt de vieillesse. Tous avec leurs cheveux blancs hisurtes nous donnent un coup de vieux, sans doute voulu. Les relations dépeintes sonnent justes. C'est sobre. Au fond, la série prend le temps de s'intéresser réellement aux relations entre les personnages en les coupant de toutes préoccupations extérieures. C'était une bonne idée, offrant des scènes souvent touchantes, très humaines.
Finalement, cinquante années s'écoulent. Sam découvre qu'elle peut remonter dans le temps juste avant qu'ils ne sautent dans cette bulle temporelle déphasée, avant que le tir fatal ne soit tiré. Mais une personne doit rester avec cinquante ans de plus. Pour se souvenir, pour les empêcher de refaire les mêmes erreurs. Sam se porte logiquement volontaire, mais évidemment, c'est Teal'c qui se désigne. La durée de vie d'un Jaffa est bien plus longue qu'un humain. Ces cinquante années se traduisent à peine par quelques cheveux blancs.
Tout est bien qui finit bien. Teal'c gardera au final de cette aventure cinquante années de potins et d'évènements sur le vaisseau qu'il ne peut partager avec ses amis malgré toutes les questions dont ils le pressent. L'humour n'est vraiment pas absent de cet épisode, sans que ce soit un de ces épisodes parodiques. Cela nous offre donc des scènes et des dialogues assez savoureux par moment.
Malheureusement, pour toute cette intrigue principale, assez ironiquement, c'est une des critiques récurrentes faites à la série qui s'impose. La téléspectatrice que je suis ne peut faire que ce simple constat : c'est du Farscape, sur le fond et la forme. Certes, le casting n'arrange aux parallèles faciles dans ce domaine de la SF. Certes, Farscape a sans aucun doute fait le tour de toutes les storylines imaginables pouvant se dérouler dans le cadre d'un vaisseau et ce n'est pas la faute de Stargate... Mais des personnages qui se retrouvent déphasés temporellement, vivant une vie de leur côté (finissant en couple), puis pour terminer par remonter dans le temps revenant juste avant le moment déterminant cette destinée, en prenant soin de garder une personne qui doit se souvenir pour empêcher la manoeuvre au dernier moment. C'est The Locket (S02E16).
Bilan : Un épisode de fin qui laisse sans doute un peu sur sa faim. On devine quand même un effort des scénaristes pour conclure sur une fin ouverte, permettant les téléfilms, mais tout en faisant quand même un épisode spécial. Il y a de l'humour, du ship, des relations humaines inter-team. Bref, l'épisode est correct sans marquer pour autant véritablement les esprits. Les scénaristes n'ont pas voulu faire quelque chose de spectaculaire ou de grandiose, ils ont voulu se concentrer sur la base, le relationnel, en nous offrant finalement un épisode très sobre. Les téléfilms seront sans doute là pour verser dans le spectacle.
Reste quand même qu'il est très paradoxal que l'épisode final de la série Stargate SG1 soit une des références les plus marquantes qui soit à Farscape...