Les roches paraissent noires au sommet de la
falaise, sous le ciel tumultueux. Des amandiers
bordent les voies grillagées. Ces clôtures empêchent
les animaux, les passants et les suicidaires
d’encombrer les voies.
Sur un parking d’autoroute, une femme attend,
très décolorée, en cuissardes noires et mini-jupe
malgré le froid. A côté, des camionneurs font
une pause.
Quand je descends du train, le monde me
semble désert. J’ai envie d’un petit verre de marc
ou de vin blanc sec.
Je porte une montre Swatch, des jeans 501, une
veste qui avait appartenu à mon père, toute noire
avec deux lignes rouges sur les manches. Il me
l’a proposée. Est-ce que tu veux ma windjack ?
On ne dirait plus ça aujourd’hui. Comment ? Un
anorak ? Une parka ?
Mes chaussures sont confortables et souples,
noires avec des coutures beiges. Je peux marcher
des heures avec elles, traverser les prairies gelées
et la forêt hivernale au-dessus de laquelle les
corbeaux tournent comme un mobile dans la
profondeur du ciel. Plus loin, dans les pâturages,
un cheval curieux et gourmand s’approche pour
me mendier des carottes.
(Un texte extrait de Transports, volume à paraître dans quelques jours aux Editions de L'Aire)