Saint-Pierre-et-Saint-Paul : de la plus grande église de la chrétienté (avec une nef longue de 177m) jusqu’à la construction de Saint-Pierre de Rome (dont la longueur ne la dépasse que de 9 mètres), il ne reste que le bras sud du grand transept et deux chapelles.
Cluny, maison-mère de plus de 1000 monastères, fut pourtant le siège du plus grand ordre monastique d'Occident : l'ordre clunisien.
Pour se rendre compte, il faut regarder cette maquette : les parties de l'église romane qui subsistent sont en blanc ....
C’est en 910 que Guillaume, duc d’Aquitaine, comte d’Auvergne et de Macon confie à Bernon sa villa de Cluny afin d’y fonder un monastère indépendant relevant directement du Pape. Bientôt, l’abbaye bénédictine étend son influence sur toute l’Europe du Moyen-Âge.Ruinée pendant les guerres de Religions puis devenue proie d’abbés commendataires, l’abbaye ferme en 1791. L’abbatiale devient carrière de pierres et est démantelée systématiquement. Jusqu’en 1823 …
Aujourd’hui, grâce à une restitution virtuelle en 3D, on peut imaginer l’immensité de ce monument qualifié si longtemps de Major Ecclesia. Il s'agit en fait de la troisième église construite sur le site entre 1088 et 1130.La longueur du grand transept (80m) est aussi grande que la cathédrale d’Autun. La hauteur sous la coupole (31m) est unique dans l’art roman. Et il y avait deux transepts, plus de 200 stalles dans le choeur...On admire aussi le palais gothique du Pape Gelase, qui abrite un des sites de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers, les chambres des étudiants prenant place dans les bâtiments conventuels construits au XVIIIème siècle autour du cloître.Le Farinier a conservé sa charpente du XIIIème siècle, comme à Fontenay, en carène renversée. De merveilleux chapiteaux y sont présentés à hauteur de regard.
Autre temps, autres mœurs.On est consterné de voir comment, à une époque où les savants et artistes avaient pourtant de l’influence mais méprisaient le style architectural roman et « gothique », on a toléré la destruction d’une telle merveille : on voit en particulier le mur des Haras nationaux (créés en 1806) édifié tout contre le moignon du bras du transept.Mais il est vrai que la démolition totale de l’édifice était programmée, sans aucun remords….Ce n'est qu'en 1821 qu'on songe à sauvegarder ce qui subsite des ruines, avant le classement comme Monument Historique en 1862 : merci Prosper !
L’imagination fonctionne à plein rendement …et on ne peut s’empêcher de penser, en référence au rôle politique tenu par les abbés de Cluny dans l’Europe entière : « Sic transit gloria mundi » !
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