The Tudors - le pilote

Publié le 30 mars 2007 par Heather

Diffusée sur : Showtime
A partir du : 1er avril 2007
Avec qui ?
Jonathan Rhys Meyers, Sam Neill, Jeremy Northam, Steven Waddington, Henry Czerny, Nick Dunning, Natalie Dormer, Perdita Weeks, Maria Doyle Kennedy, Matt Ryan, Henry Cavill, Callum Blue, Kristen Holden-Ried, Joe Van Moyland, Gabrielle Anwar, James Frain.
Ca parle de quoi ?
The Tudors est une série audacieuse sur les premières années tumultueuses du règne du roi britannique Henry VIII (Jonathan Rhys Meyers), qui a duré 38 ans (1509-1547). Entre relation politique avec le philosophe Sir Thomas More, le cardinal Wolsey, ses amis et relation amoureuse avec plusieurs femmes (Catherine d'Aragon et l'infâme Anne Boleyn), la série compte 10 épisodes intégralement écrits par le créateur de la série, Michael Hirst. (source : SeriesLive.com)
Avis
Showtime se lance à son tour dans les séries historiques et propose de nous introduire dans l'Angleterre d'un roi qui marqua son temps : Henry VIII. Le projet était aussi ambitieux qu'intéressant à plus d'un titre, ce pilot répond dans l'ensemble aux attentes suscitées.
Des décors riches, portés par une bande-son inspirée et bien pesée, et une réalisation classique mais efficace, la série offre un esthétique à la hauteur de ce que l'on pouvait imaginer. De quoi introduire le téléspectateur sans peine dans les méandres de la cour britannique. De ces tableaux théâtraux émergent une galerie de personnalités fortes, des ambitions et des jalousies. Si l'étiquette et le protocole semblent figer nombre de scènes, la série n'en est pas moins très vivante et intense.

L'épisode s'ouvre sur l'assassinat de l'ambassadeur anglais à Urbino (Italie) par des gentilhommes français. De quoi exacerber considérablement les tensions entre les deux pays. Henry veut partir en guerre. Si personne ne contredit le roi sur le moment, en coulisses, Wosley s'active à dégager une voie médiane qui permettrait de satisfaire Henry tout en servant ses intérêts. Il est trop proche de la France pour permettre qu'une telle guerre éclate, dans laquelle il aurait bien plus à perdre qu'à gagner. Il élabore l'idée d'un traité paneuropéen pour garantir la paix entre les différents royaumes d'Occident.

Dans son refus de partir en guerre contre le Royaume de France, pour convaincre Henry, il a le soutien de Thomas More. Dans une escursion campagnarde d'Henry, More lui expose ses désirs d'humanisme et son refus de soutenir un tel projet. Ce dialogue est particulièrement intéressant car c'est le seul moment de l'épisode où Henry laisse vraiment transparaitre ses aspirations, laissant tomber le masque de l'impassibilité habituelle. Le jeune roi cherche un sens à son règne, un moyen de marquer l'Histoire, que son nom rime avec prestige et gloire. La bataille lui semble la plus sûre des voies, affirme-t-il invoquant Azincourt.
Certes, dire que Thomas More est utopique va passer pour une lapalissade, voire un jeu de mots facile (que vous me pardonnerez j'espère). Toujours est-il qu'entre les rêves de grandeur d'Henry et les rêves papaux de Wosley, son prêche en faveur d'une paix universelle s'inscrit en porte à faux. Disons que l'humanisme n'est pas véritablement la donnée majeure à prendre en compte dans les raisonnements de ses deux vis-à-vis.
Reste qu'ils finissent par rallier Henry à cette idée de traité. Pour le plus grand soulagement de Wosley qui avec méthode dresse sa voie pour accéder au pontificat à la prochaine élection. Ce personnage est vraiment l'archétype du diplomate/homme d'Etat/d'Eglise qu'on s'imagine. Conciliant tout autant qu'ambitieux, homme important sachant donner le change devant ses manipulations...

En parallèle de cette trame de politique extérieure, l'épisode alterne avec des scènes de la vie à la cour. Rien ne manque. Le complot et la contestation des droits successoraux du roi avec Buckingham, sans doute le personnage le plus grossièrement dépeint dans cet épisode. Peut être est-ce dû à son attitude violente qui peine à se contenir contrastant avec les oppositions plus feutrées, "protocolaires".
Les soucis maritaux d'Henry avec la Reine Catherine, qui ne lui donne pas de fils. J'ai beaucoup aimé le passage où Henry, très torturé, s'interroge sur le malheur qui s'est abattu sur les enfants que Catherine a mis au monde. Ils n'ont qu'une fille. Catherine était l'épouse de son frère avant de devenir la sienne. Le mariage a pu être annulé car il n'avait pas été consommé. Est-ce leur impossibilité à concevoir un fils qui vivrait est une punition ? C'est une scène très forte. Le prêtre qui cite un extrait du Lévithique n'aide évidemment pas à apaiser les craintes du roi.
Le couple royal bat fortement de l'aile. Si Henry VIII est célèbre pour ses (nombreuses) épouses, il flirte beaucoup durant tout l'épisode sans envisager cela très sérieusement. Une d'elle est même enceinte de lui, mais il préfère laisser Wosley s'en occuper. L'épisode comporte pas mal de scènes de sexe, mais je ne pense pas qu'il y en ai eu plus que dans certains épisodes de Rome par exemple. Ca n'est jamais très long et ne rompt pas le rythme de l'épisode.

Cependant, la fin de l'épisode nous introduit les filles de l'ambassadeur anglais en France en charge de préparer le sommet, par lesquelles figure une certaine Anne Boleyn...
Bilan : Ce pilot se révèle particulièrement convainquant. Les jeux diplomatiques, les luttes de pouvoir et les manipulations au sein de la cour, tout est retranscrit avec une certaine retenue "de protocole" qui accentue les quelques scènes où les personnages se départissent de cette éthiquette de façade. C'est trés théâtral, mais en même temps, se dégage de l'ensemble une réelle force et une intensité qui captent sans difficulté l'intérêt du téléspectateur.
Les acteurs sont convaincants. Le rythme et les dialogues font qu'on ne s'ennuie pas. L'esthétique et la musique achèvent de nous introduire dans l'ambiance de cette époque.
Un bon épisode très solide et efficace qui donne donc envie de voir la suite !

La bande-annonce :