Diffusée sur : FX
Depuis le : 12 mars 2007
Avec qui ?
Eddie Izzard, Minnie Driver, Noel Fisher, Shannon Marie Woodward, Aidan Mitchell, Margo Martindale, Bruce French, Gregg Henry, Todd Stashwick.
Ca parle de quoi ?
Wayne et Dahlia Malloy sont un couple d'arnaqueur. Alors qu'ils commencent à se lasser de leur vie marginale, ils vont découvrir une famille morte dans un accident de voiture. Avec leurs 3 enfants, ils vont usurper leurs identités et s'installer dans la banlieue aisée où aller emménager cette famille. (source : www.serieslive.com )
Avis
FX nous a habitué à nous offrir des séries qui aiment à bousculer les conventions. The Riches s'inscrit dans la lignée des fictions originales développées par la chaîne. Elle s'ouvre avec un pilot très intéressant laissant entrevoir un réel potentiel dont on ne peut qu'espérer une pleine exploitation.
L'épisode se met en place progressivement. Pour donner le ton, il commence sur une scène d'arnaques dans une réunion d'anciens élèves où Wayne Malloy, au déchaînement communicatif, nous laisse entrevoir un dynamisme et une capacité à embobiner les gens contagieux. Ici, tout se fait en famille, et les enfants ratissent allègrement les porte-feuilles. Puis, il est temps de se mettre en route pour retrouver la mère qui va être libérée sur parole après deux ans derrières les barreaux.
Le pilot prend véritablement son envol lors de la réintroduction de Dahlia. Soudain, il ne s'agit plus d'escroquerie à la petite semelle, ni de répliques cinglantes très second degré. On sent la série prend un tournant beaucoup plus dramatique, plus intense et également très réaliste. Car la véritable réussite de cet épisode est de mettre en scène des relations humaines qui sonnent très justes, un ton brut et direct très rafraichissant qui interpelle le téléspectateur.
Chaque personnage est haut en couleur, avec une personnalité tranchée mais qu'on devine également contrastée dont les contours sont tout juste esquissés dans ce pilot. Wayne, avec sa crise 'existentielle' et son aspiration à une 'vraie vie'. Dahlia, sans conteste la plus émouvante, à la fois froide et ouchante, blessée et blessante, tentant de se reconnecter avec la vie hors de la prison. Une vie carcérale qui a laissé des traces très profondes, dont une addiction à la drogue. Dehliah, l'adolescente qui semble en avoir vu et savoir beaucoup de choses, incarnée par une actrice lumineuse. Le cadet révolté, aux incertitudes adolescentes, sans doute le plus pénétré par leur vie de nomade-escrocs. Enfin, le benjamin, aux barrettes dans les cheveux qui aime porter des robes, mais comme le dit Wayne dans une réplique qui fait mouche, "ça pourrait être pire". C'est étrange comme chacun des personnages et leurs rapports entre eux sont à la fois tendres et durs. Une ambivalence intéressante qui se retrouve dans la trame principale de l'épisode.
La libération de Dahlia est l'occasion d'une grande fête familiale au campement. Cet aspect clanique consanguin rappelle assez Big Love d'autant que les règles patriarcales se révèlent très similaires. C'est le 'cousin' Dale qui a pris la direction de la famille (au sens très large du terme), son père désormais paralysé cloué au lit. Or Dale a décidé qu'il serait bon pour la famille de marier Dehliah à un pauvre jeune homme guère fûté d'une autre famille. Vue que Wayne ne partage pas concernant le destin de sa fille. Cela se termine en une bagarre d'une violence très brute. Wayne décide alors de quitter le campement, sans informer sa famille, il vole de l'argent dans le coffre-fort de la 'famille'. Une altercation avec une autre famille sur la route tourne au drame. Un couple, dans une voiture arrivant en face, est tué. Wayne découvre qu'ils venaient emménager dans une nouvelle maison, achetée par internet. Ils s'y rendent, initialement juste pour voir s'ils peuvent tirer profit de cette situation.
Raconté ainsi, on pourrait croire que ces deux morts les laissent indifférents, mais c'est loin d'être le cas. Si le pragmatisme l'emporte, les considérations que je n'oserais qualifier véritablement de 'morales' sont belles et bien présentes. Cumulées à leur vieille superstitution selon laquelle dormir sous un toit équivaudrait à perdre son âme, il n'y a guère que Wayne qui encourage cette situation. D'autant que les choses s'enveniment lorsque Dahlia découvre l'argent volé (c'est qu'en effet : "Hell, even money grows on lawn chairs here" déclare avec flegme leur voisine ^_^). Les actions de Wayne les conduisent hors de la communauté, parias parmi les leurs, recherchés par Dale. Cette exclusion si brusque effraie Dahlia, avant qu'elle ne s'y résolve peu à peu. C'est ce nouveau caractère de proscrits, cette impossibilité de continuer leur ancienne vie, qui les amène à envisager de prendre la place des Riches, cette famille tuée sur la route. Un projet que l'on devine semé d'embuches. Quelle vie avaient réellement les Riches ? Quels relations les attendent dans cette nouvelle ville ? Et la vie sédentaire et rangée n'a jamais fait partie des moeurs des Malloy, leur est-il possible de s'intégrer dans ce nouvel univers ? Et pourtant, la série nous montre qu'au-delà des préjugés et des apparences, les différences ne sont pas si vastes qu'on pourrait l'imaginer. Cette voisine qui crochette la porte sans sourciller pour aider une Dahlia en état de manque qui s'est enfermée dehors par mégarde, puis qui lui offre un médicament pour la calmer, n'est-elle pas à elle seule la preuve d'un fond commun réel ?
Bilan : Un épisode qui interpelle vraiment le téléspectateur, posant les bases d'une série avec un potentiel très intéressant. Le ton est à dominante dramatique, mais cela n'exclut pas des traits d'humour ou des piques très second degré souvent très savoureuses. L'ambivalence des personnages et des relations, cette alternance de dureté et d'émotion, de spontanéité et de calcul, offre un ton original mais aussi très réaliste.
A suivre !
A lire sur ce pilot : La preuve par trois, de Lady.