Régulièrement je m’interroge sur l’essentiel et le superflu, de quoi ai-je besoin réellement pour vivre heureux, de quoi puis-je me défaire. Sans tomber dans un extrémisme frisant l’ascétisme et donc sans appliquer strictement la règle qui découle de mon analyse, c’est une voie que j’aime à longer.
Avec les années, essentiel et superflu n’ont pas la même valeur, ce qui m’était indispensable à vingt ans, ne l’est plus depuis longtemps à soixante ; de même, ce qui m’était superflu au même âge n’a plus cet aspect aujourd’hui. C’est dans l’ordre des choses, nous sommes tous dans ce cas je pense.
Actuellement, ce que je considère être l’un de mes biens les plus précieux, c’est la qualité du silence dans lequel je vis. Depuis que je ne travaille plus, mes longues promenades en forêt ou dans le vaste parc non loin de chez moi me sont devenues indispensables pour le calme et la sérénité qu’elles m’apportent. Le chant des oiseaux ou le frémissement des branches d’arbres sous la brise n’est pas du bruit, l’oreille ne s’offusque jamais du craquement des feuilles sous le pas ou des gouttes de pluie se fracassant au sol.
Depuis plus d’un an, je n’ai pas remis les pieds à Paris, je sens que j’aurais du mal à le supporter bien que ce fût mon pain quotidien durant toute ma vie. J’ai lu récemment dans Le Monde (30/09/2011) que l’Ile-de-France allait s’attaquer au bruit de la route et du rail par un programme de réduction des nuisances sonores voté parla région. Bravo, mais il serait temps. Quand on vit en permanence dans le bruit on ne s’en rend pas vraiment compte, mais dès qu’on se retrouve dans une situation proche du silence, ce manque pour certains est effroyable à supporter, alors que pour d’autres il révèle la souffrance endurée perpétuellement.
Pour moi la question ne se pose plus, le silence – disons le calme - m’est indispensable pour vivre tout comme l’eau pour que les fleurs sur mon balcon s’épanouissent. J’ai la chance d’habiter un immeuble pas trop bruyant, et chaque jour j’espère que ça va continuer ainsi encore longtemps, même si bien évidemment on n’échappe jamais au bricolage d’un voisin parfois.
D’ailleurs quand je serai mort, je préfère être incinéré qu’enterré car j’imagine qu’il doit être particulièrement pénible dans cette situation extrême, d’avoir à subir le bruit agaçant des vers grignotant votre cercueil, petit à petit.