Première mention du bled remonte à 1204, lorsque le roi "Přemysl Otakar I" en fait don comme cadeau au chapitre de Prague
De par ses caractéristiques architecturales, il est pratiquement acquis que la construction est à mettre au compte de la corporation du monastère de "Doksany" (publie à viendre, sur le monastère). Une des principales caractéristiques des constructions de cette corporation est l'érection des murs extérieurs entre des piliers (colonnes), genre sous forme d'arcades parfois (cf. St Léonard [de Noblac] à "Cítov", ou Ste Marie de l'assomption à "Libčany"), caractéristique que l'on retrouve en Italie du Nord (Modène, Parme, Pise), en Autriche ou encore en Bavière.
Seconde hypothèse sur l'époque d'édification. Lors des restaurations de 1865, l'on découvrit dans l'autel originel un coffre à trésor contenant de saintes reliques, un tube de vaseline, et un sceau en cire blanche à l'effigie de l'évêque "Pelhřim z Vartenberka" ("Peregrin" ou "Peregrinus" en Latin), évêque de Prague entre 1224 et 1225. Du coup d'aucuns pensent que la construction aurait pu être de vers cette époque, fin du premier quart du XIII ème siècle. Allez savoir? Parenthèse. La corporation du monastère de "Doksany" est caractéristiquement unique en notre pays.
Et justement, vu qu'on parle architecture... Notre simili rotonde n'est en fait pas vraiment une rotonde, plus maintenant. Au tout début oui, c'était une rotonde, mais vers 1245, l'on rajouta une autre rotonde (abside) à l'Est contre la première, comme pour la Ste Croix mineure à Prague, ou St Georges à "Říp".
La partie centrale (nef?) de l'églisette est percée de 2 fenêtres romanes simples terminées en arc-de-cercle. La partie Sud n'est éclairée que par une seule fenêtre de même type. L'abside, elle, dispose de 3 fenêtres gothiques géminées terminées en ogive. Selon mes sources, le Musée National disposerait d'un carreau originel peint à la main et appartenant autrefois au vitrail d'une des fenêtres.
Bon, et le morceau de choix, le sot-l'y-laisse de l'édifice, ce sont les fresques dans l'entrée du vestibule, au rez-de-chaussée de la tour carrée. Ces peintures datent de la mi-XIV ème siècle, et furent découvertes sous une couche de crépis lors d'une restauration en 1955. Comme pour l'architecte et le serrurier, le peintre est inconnu, mais il laissa là un fantastique exemple de son talent. Malgré qu'il n'en reste plus grand chose, des fresques, le laïc peut quand même reconnaître Marie et son fils Jésus, accompagnés de Ste Catherine et de St Adalbert. Ensuite l'on peut reconnaître les 4 pères de l'église: St Ambroise, St Augustin (un fragment de), St Grégoire et St Jérôme. Pis afin de satisfaire à l'égalité des sexes, quelques femelles: Ste Barbara et Ste Odile, la sainte patronne de l'Alsace (salü bisàmme, hôpla).
Pis y a les 2 cloches, Venceslas et Nicolas, originaires de l'atelier de "Jan Michal Mikuláš Löw von Löwenberg" souvent mentionné dans mes précédentes publies. La petite cloche, d'un diamètre de 0,455 m, date de 1659 et jusqu'à récemment était fendue. La grande cloche, d'un diamètre de 0,595 m, date de 1666 et n'a, quand à elle, jamais été fendue. Les 2 cloches furent confiées pour restauration à l'un des saintiers de renommée mondiale souvent mentionné dans mes précédentes publies également, maître "Manoušek", dont les compétences en tant que webmaster sont inversement proportionnelles à celles de fondeur de cloche (sacrément vide comme site [tout est en construction!?], pour un si génial métier). L'une des sonnantes se trouvait exposée dans l'églisette lors de ma visite (cf. mes photos).
L'édifice est aujourd'hui vide. Seuls quelques dessins des gosses du bourg agrémentent la visite de ce patrimoine exceptionnel. Pas un banc, pas une statue, pas un tableau, même l'autel surmonté d'un retable triptyque de 1865 du maître "Josef Vojtěch Hellich" a disparu (je n'ai même pas réussi à savoir où qu'il se trouve aujourd'hui). Il représentait la naissance de Marie au centre, avec Sv Venceslas et Ste Ludmila sur les côtés (anachronique, ok, mais c'est le symbolisme qui est important). Seule la niche servant de tabernacle, fermée par une grille en fer forgé est restée, uniquement parce qu'on n'a pas encore appris à voler un trou. Ah si, et une vieille commode poussiéreuse demeure dans le fond de la rotonde Sud. Subsistent aussi 2 bénitiers maçonnés dans le mur de l'entrée pour l'un, et dans nef pour l'autre.
Alors qu'encore récemment en total délabrement, ben aujourd'hui la commune de "Holubice" essaye de prendre soin du plus bel édifice de son cadastre. Sur les quelques 2,3 millions de couronnes (94.000 €) estimées pour la complète réfection, 1/3 fut déjà investi en particulier dans la toiture du dessous de laquelle furent évacués quelques 10 m³ de fiente de pigeon (pour vous dire). Nul doute que la volonté de la commune va permettre une complète restauration de ce joyau roman. La question reste néanmoins quand, en cette période de crise du pognon, et pas qu'en Euro, le pognon en crise?
Alors pour visiter, rien de plus simple. Lorsque vous arrivez devant l'églisette, garez votre voiture, puis allez sonner à la porte de la maison numéro 2, qui fait l'angle de la rue en face, avec un autocollant d'une médaille touristique sur la boîte-aux-lettres. L'on vous donnera les clefs, et vous pourrez visiter-photographier tranquillement, le temps que vous voudrez. Enorme moi j'dis, je n'y croyais pas moi-même. Ensuite n'oubliez pas de verser une obole (à votre bon coeur) dans la caissette et signer le livre d'or, juste là: 50°12'11.203"N, 14°17'35.839"E.