Un épisode encore une fois très intéressant. Cependant, je pense qu'il s'agit du plus faible depuis le début de la série, sans doute parce qu'il a des allures plutôt de transition en posant différentes situations tout en s'attardant sur la vie à la cour et les moeurs de l'époque. Si l'intérêt contextuel est indéniable, le téléspectateur reste quelque peu sur sa faim concernant le rythme même de l'épisode.
L'ensemble est orienté sur l'importance des unions et des relations, à tous les niveaux. Tout d'abord, toujours dans la perspective d'une future guerre contre les français, un Traité avec Charles Quint se prépare. La première visite des ambassadeurs offre l'intérêt indéniable de constater la duplicité toujours bien réelle de Wosley. Les contre-temps papaux n'ont pas amoindri son amibition. Mais surtout, si jusqu'à présent, il servait ses intérêts qui se recoupaient avec ceux de Henry. Désormais, il fait parvenir des renseignements aux français sur les pourparlers secrets entre l'Angleterre et Charles. Il ne recule devant rien, comme l'illustre le fait de faire enfermer le secrétaire personnel de Henry, permettant ainsi de détourner l'attention. Guère étonnant par conséquent que cette ambition débordante se heurte à celle d'autres membres de la Cour qui voient d'un très mauvais oeil l'influence que le cardinal exerce sur le roi.
Or pour atteindre le roi, la voie la plus sûre passe par le biais des femmes. Aussi Anne Boleyn commence-t-elle ses manigances. Placée de façon à croiser le regard du roi, la première vraie rencontre entre les deux peut ravir les intrigants. A l'évidence, le roi est intrigué. Mieux, l'apparente distance et inaccessibilité qu'elle semble dégagée le perturbe assez. Le cauchemar est à ce titre très illustratif, mais un peu excessif. Tout se met cependant doucement en place du côté des amours du roi. Car Catherine continue de le voir s'éloigner. Elle essaye de le reconquérir, lui donnant des assurances sur sa non-relation avec son frère, cherchant à se voir offrir le seul moyen de rentrer en grâce : lui donner un héritier. La scène du repas où, de façon très digne, elle s'ouvre à Henry est particulièrement bien jouée.
Les unions sont aussi aux coeurs des différentes alliances envisagées. Après avoir été promise au Dauphin de France dans l'épisode précédent, Mary est cette fois promise à son cousin, Charles Quint. Mais si la première fois, les deux futurs mariés étaient encore des enfants, ici, la différence d'âge criante entre un homme d'âge mûr comme Charles et une petite fille comme Mary marque bien plus que la précédente promesse. Et surtout, le comportement de Mary, petite princesse qui a tout assimilé des codes et des usages, est sans doute ce qui frappe le plus.
Enfin, Henry promet sa soeur Margaret au roi du Portugal, ce qui ne plaît guère à cette dernière qui n'a plus la docilité des petites filles comme Mary. La tension entre les deux est très forte durant tout l'épisode. Elle donne l'occasion de quelques scènes de danse plus légère, prises entre le carcan de l'étiquette et le fort caractère de Margaret. Cela montre bien, encore une fois, le décalage entre les convenances strictes et la réalité des pensées et des actes. Elle parvient à arracher l'accord de Henry pour choisir son second époux. Le roi confie d'ailleurs à un Charles Brandon tout juste annobli la mission de la conduire à son futur époux. Un lien à venir entre ces deux-là ?
Parallèlement, est évoqué le contexte religieux du temps avec la Réforme qui se répand. La question religieuse occupera une part importante. L'opposition aux thèses de Luther est clairement affirmée par Henry, qui va jusqu'à demander à More d'organiser un autodafé des livres reprenant la doctrine luthérienne. Ses opinions se retranscrivent aussi dans son livre, aux idées bien arrêtées -et sans doute assez réalistes- sur l'état de l'Eglise catholique. La défiance avec l'état actuel de l'institution ecclésiastique reste une constante, même si les idées schismatiques sont absentes.
Petit bémol, en revanche, du côté de certains dialogues. Il faut que la série fasse attention à ne pas tomber dans l'excès de clins d'oeil. Trop de références futures risqueraient de rendre les dialogues trop artificiels. Au hasard, dans cet épisode, des répliques très appuyées comme "you're not a saint" ne sonnent pas très naturelles. Quelques anticipations, ça apporte un petit plus. Mais il faut les instiller de façon subtile et à petite dose. Par exemple, la référence au divorce qu'évoque une reine inquiète à son neveu d'empereur s'inscrit très bien dans le lien qui unit rapidement les deux royautés du même sang. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé ces scènes où Catherine apparait revivre au milieu des siens.
Bilan : L'épisode en se concentrant sur la vie à la cour, avec ses fêtes et ses spectacles, nous offre une vue intéressante de l'époque. En revanche, on reste un peu sur sa faim concernant le rythme en lui-même et les évènements. L'épisode s'inscrit sans doute dans une optique d'exposition un peu trop marquée.
A lire sur cet épisode : La review d'Alanis.