Plusieurs pistes soulevées ou évoquées en parallèle de l'intrigue principale permettent de relancer l'intérêt pour un épisode qui est quand même sans doute le plus faible jusqu'à présent dans cette saison 3. Quelques scènes sont extras, certains passages très bien trouvés, cependant l'ensemble offre un épisode correct, sympathique à suivre, mais sans plus.
Cet épisode s'inscrit dans la continuité du premier épisode de la saison 2, quelques dizaines d'années plus tard (plus ou moins). Le docteur et Martha arrivent dans les sous-sols d'une ville à la dérive dont la vie des habitants se résume aux patchs d'humeur dont ils usent et abusent pour toutes raisons et la quête quasi-transcendantale de la "vie au dessus", à l'air libre, paradis idéalisé, carte postale ensoleillée avec des offres d'emplois, entretenue par un hologramme télévisuel. La première déception de Martha passée devant ce décor guère inspirant, l'épisode démarre vraiment lorsqu'elle se fait "kidnapper" par un couple de futurs parents qui souhaient offrir à leur enfant la "vie à l'extérieur". Pour aller plus vite, ils doivent être trois adultes dans le transport. Commence donc une course-poursuite. Le docteur se lance à son tour sur une autoroute... très encombrée. Où 12 ans pour parcourir 5 miles est considéré comme une bonne moyenne. De Martha ou du docteur, lequel est le plus incrédule... En découlent quelques ressorts comiques assez bien exploités, même s'il y a quelques passages un peu longuets. Comme souvent, le docteur pointe les déficiences des raisonnements enracinés chez les voyageurs qu'il croise en passant de transport en transport. L'absurdité d'une situation où personne ne sait finalement s'il y a effectivement quelque chose dehors, l'hologramme télévisuel étant la seule chose qu'ils voient. Cet aveuglement généralisé, culturel pourrait-on dire, avec ce mythe auto-entretenu autour de cette autoroute, que certains fréquentent depuis 24 ans sans en voir le bout. C'est absurde, mais ça reste dans l'esprit de la série.
De son côté, les "kidnappeurs" pressés de Martha rencontrent leurs propres difficultés en tombant sur des Macra... qui rend fatalement tous les fans de la mythologie who-sienne immédiatement nostalgiques (référence à la Macra Terror de 1967, en savoir plus). C'est le moment d'une profession de foi à l'égard du docteur pour Martha, et l'occasion pour elle de prendre conscience du peu de choses qu'elle sait finalement à son sujet.
Car en parallèle, ce qui va permettre de sauver la situation, est la storyline de fin de la Face de Boe. La saison dernière, elle/il avait une santé déclinante. Cette fois, elle/il attend à nouveau le docteur, avec son infirmière Novice Hame, qui fait amende honorable pour les dérives scientifiques mises à jour précédemment. Comme le découvre le docteur une fois téléporté par l'infirmière, il n'y a pas de vie à l'extérieur. Seuls la Face de Boe et Hame ont pu survivre. Tout le monde est mort plus d'une vingtaine d'années auparavant en raison d'un virus contracté à cause des patchs humeurs qui avaient énervé le docteur plus tôt dans l'épisode. La ville s'est éteinte en sept minutes, raconte Hame. La résolution des problèmes de tous les habitants coincés sur l'autoroute, comme de ceux de Martha, passe par une ouverture des toits scellés pour protéger ceux qui n'étaient pas à la surface quand le virus s'est déclaré. Mais il n'y a plus assez d'énergie. Un petit bricolage du docteur, un dernier souffle de la Face de Boe, et le tour est joué. Bien entendu, l'intérêt de ces dernières minutes ne réside pas dans cette résolution très facile.
L'épisode voit la mort de la Face de Boe. On re-essaye d'utiliser le côté un peu mystique de cet être iconoclasque qu'on a fini par s'habituer à croiser. Je trouve que c'était mieux réussi dans le premier épisode de New New Earth. Cependant, une variante intéressante, c'est que cette fois, le docteur n'est pas intéressé par entendre son fameux secret légendaire. La "révélation" se résumera en une seule phrase... "You're not the only one" (sous-entendu Time Lord, si j'ai bien saisi) Il fallait bien un jour que l'on arrive au terme de cette histoire, comme souvent, l'anticipation fut plus savoureuse que la résolution en elle-même.
Mais cela permet de rebondir sur un autre développement en suspens : la relation entre le docteur et Martha. Elle restait pour l'instant figée, un peu impersonnelle, au sens où le docteur se montrait quelque peu ambigü, par moment encore occupé à pleurer Rose, mais dans d'autres scènes, on sentait qu'un lien pouvait s'établir avec Martha. Cependant, dès le début de l'épisode, Martha le fait parler de Gallifrey... Il ne mentionne pas la Time War, la destruction. Une omission qui en dit long sur l'ambivalence actuelle. Et finalement, voilà l'intérêt majeur de cet épisode : permettre au docteur de s'ouvrir à Martha, pour la première fois s'établit réellement une certaine réciprocité entre eux. C'est le moment clé de l'épisode, qui pose les jalons du futur.
Bilan : L'épisode offre une conclusion au cycle sur New New Earth et à la Face de Boe. C'est du Doctor Who classique, assez drôle par moment, mais avec surtout un David Tennant en très grande forme qui habite totalement son personnage pour évoquer, déchiré et émouvant, Gallifrey et se confier à Martha. Si l'intrigue principale manquait un peu de piment (même si je peux comprendre la métaphore que constituent ces millions d'habitants aveuglés allant dans le même sens nourris du seul espoir d'un hypothétique futur), la dernière parole énigmatique de la Face de Boe et la nouvelle étape franchie dans la relation entre Martha et le docteur rattrappent les quelques faiblesses de ce bouchon sans fin. Un épisode donc sympathique sans être extraordinaire ^_^
Au programme de samedi prochain : Old New York et des Daleks... Parce que “they always survive… while I lose everything.” J'adore la façon dont le docteur prononce cette phrase. (enfin, je garde tout ça au programme du prochain épisode !)