Quatrième écoute de Cole World: The Sideline Story et je suis confuse. Alors que les trois premières m’avaient enthousiasmée, la dernière fut plutôt… fatale. Quand j’écoute le premier album studio de J.Cole en musique de fond pendant que je bosse ou pour rythmer mes soirées passées à flâner sur l’ordi, tout va bien, rien à signaler. Mais dès que j’ose m’attarder un peu sur les paroles… C’est le drame.
Je n’ai jamais prêté une oreille aux mixtapes qui ont précédé ce projet chez Roc Nation. De Jermaine, je ne connaissais que le fameux Who Dat, In The Morning, un featuring sur le terrible All I Want Is You de Miguel et la prestation à Forest National en janvier dernier, en première partie de son pote Drake. Mais je sais mettre à profit mes talents de fouineuse et lorsque je vois un Dollar And A Dream III dans la tracklist, je me dis déjà qu’il y a comme un problème… Je vais donc à la recherche des deux premiers épisodes de 2007 et 2009 et, comment vous expliquez ? C’est la même chose. Attention : musicalement parlant, il n’y a rien à dire mais d’un point de vue lyrique, c’est le rappeur qui n’a rien à dire. L’American dream, le succès, l’argent… On a droit aux éternels thèmes usés du hip-hop et au fil des morceaux, on ressent très vite comme un petit problème d’inspiration. À moins que ce soit réellement tout ce côté bling-bling qui l’inspire ?
« Pussy my passion », nous lance le jeune homme de 26 ans dans God’s Gift (un comble). On avait bien compris. Et qu’on se le dise : placer 10 fois « nigga » en fin de phrases, certes, grammaticalement, on appelle ça des « rimes riches » mais répétées à de si nombreuses reprises, ça rend subitement le texte bien pauvre. Il faudra attendre le 10ème morceau pour que J.Cole se livre enfin avec Lost Ones qui aborde le sujet sensible de l’adoption (on saluera Colonel Reyel qui a réussi à devancer les États-Unis avec Aurélie). Et plus tard arrive Breakdown et sa magnifique progression dans l’écriture où il évoque son père absent.
En ce qui concerne les featurings, J.Cole s’en sort plutôt bien même s’il aurait pu s’en passer. Thumbs up pour le sample de Paulette de Balla et ses Balladins sur Can’t Get Enough avec Trey Songz, c’était finement joué. Et si vous vous demandiez où s’était cachée Missy Elliott, ne cherchez plus : elle est en track 11, chantant (oui, chantant !) sur Nobody’s Perfect ! Un joli coup, encore une fois. D’ailleurs, J.Cole pousse lui aussi la chansonnette de temps à autres, à l’instar d’un Drake, et ça lui réussit puisque ses refrains n’en sont que plus efficaces !
N°1 du Billboard 200 une semaine après sa sortie (le 27 septembre), Cole World: The Sideline Story remporte visiblement un franc succès. Et après tant de critiques sur son fond, je ne peux donc me l’expliquer que par sa forme. Il faut avouer que l’artiste est un excellent producteur puisqu’il est à l’origine de la majorité des instrumentaux qui sont juste excellents.
Alors, il est vrai que J.Cole a un très bon flow et des beats extrêmement convaincants. Malheureusement, à l’heure actuelle, avec les mêmes ingrédients, je trouve personnellement que B.o.B. parvient à faire beaucoup mieux, le côté mainstream en plus… et le côté old school en moins. Car c’est bien là qu’il fait toute la différence : maître dans l’art de la mixtape, J.Cole parvient sans trop d’effort à positionner son premier opus comme un classique du hip-hop. Et c’est bien pour ça que son album continuera à trôner parmi ma collection de CDs, histoire que je continue à l’écouter à outrance les oreilles grandes ouvertes… et les synapses fermées.
J.Cole Cole World: The Sideline Story, dans les bacs depuis le 27 septembre.
J.Cole sera au Vaartkapoen VK Brussel le 30 novembre prochain.