Comment la France expulse les étrangers diplômés que le Canada accueille
En France, on n’a pas de pétrole, on n’a plus de gaz de schiste, et on n’a plus que des idées pourries. Prenez la mondialisation par exemple. Ce pourrait être une source d’opportunités pour ce pays vieillissant. Eh bien non : Jean-Luc M. et Arnaud M. (presqu’aucun lien de parenté), la mondialisation, ils ne l’aiment pas très très beaucoup du tout.
Mais ils ne sont pas les seuls. En fait, la mondialisation est cordialement détestée par toute la classe politique française dont le spectre s’étale du rose au brun en passant par le rouge vif, le vert et le noir : personne ne semble vouloir de ce concept.
Et pour prendre un exemple concret, il suffit de se pencher sur le cas, normalement pas très épineux, des étrangers venus étudier en France pour décrocher un diplôme.
L’idée est simple.
Des étrangers viennent de toute la planète, se précipitent, pour ainsi dire, vers la France afin d’y étudier dans nos prestigieuses universités régulièrement classées dans le top 10 de tous les classements mondi… heu on m’indique que, bon, les étrangers ne se battent pas vraiment et que nos universités ne sont pas totalement au top, mais bref, l’idée est là : des milliers d’étrangers viennent finir ou accomplir leurs études, jusqu’à des niveaux élevés (master, doctorat) dans nos universités, et, grâce à l’action vigoureuse de nos politiciens, se retrouvent sans visa et se font rapidement expulser.
En effet, Claude Guéant — qui n’aime pas non plus la mondialisation — a pondu une jolie circulaire le 31 mai dernier, visant à réduire l’immigration professionnelle. En conséquence, les étudiants étrangers ayant décroché en France un diplôme au moins de niveau master se voient refuser la possibilité d’y rester pour démarrer leur vie professionnelle.
C’est très joliment pensé.
De fait, toute la politique de l’immigration en France est un édifice finement ouvragé où s’empilent incohérence, pure méchanceté, paperasserie aussi tatillonne que débile, et contre-productivité élevée au rang d’art.
Depuis maintenant des dizaines d’années, entre le regroupement familial et la distribution généreuse d’aides diverses et variées à qui les réclame, la France aura donc su attirer à elle les élites les plus productives qui auront eu à cœur de s’intégrer, puis éduquer et former une jeunesse vibrante de reconnaissance.
Parallèlement, en mettant en place d’habiles barrières administratives et en multipliant les obstacles légaux à l’entrée sur le territoire des étrangers les plus diplômés ou ceux qui démontraient la plus grande volonté de faire fructifier leur savoir, le pays a su repousser avec constance l’hydre hideuse de l’attractivité et des bonnes places aux palmarès internationaux (d’ailleurs fortement suspects de capitalisme, de libéralisme et de mondialisme apatride).
Pour résumer rapidement, ce pays fait donc le choix brouillon (et stratégiquement discutable) d’expulser les diplômés, les universitaires et les élèves-ingénieurs, et de chérir avec moult facilités subventionnées par le contribuable des hordes de jeunes déçus dont l’apport scientifique ou culturel laisse pour le moment l’honnête citoyen quelque peu dubitatif.
À bien y réfléchir, on se demande si un autre monde n’est pas possible ?
Eh bien justement, nous avons un exemple, de l’autre côté de l’Atlantique, d’une autre façon de procéder. Elle n’est pas nouvelle puisqu’on retrouve facilement des articles qui montrent bien la stratégie choisie : faire en sorte que le diplômé reste.
Certes, la situation du pays (emploi, densité, …) n’est pas forcément comparable à la France, mais l’idée générale qui consiste à choyer les étudiants étrangers diplômés ne semble pas, a priori, complètement débile, et surtout pas hors de portée d’un politicien moyen.
Politicien moyen dont la France semble bien dépourvue tant elle s’est habituée à accumuler les vexations sur les étrangers qui ont la curieuse lubie de venir étudier chez elle, depuis des années.
Un éminent libéral me narrait ainsi se souvenir que déjà, en 2000, des étudiants d’origine étrangère (moitié tunisiens, moitié marocains) lui expliquaient leurs difficultés à obtenir un permis de travail, une carte de séjour, souvent sur pression de leur pays d’origine qui veut garder son cheptel pour lui, alors qu’ils passaient dans le même temps des entretiens chez Morgan Stanley ou McKinsey. Sociétés qui, du reste, offrent comme on peut s’en douter des salaires de misère et surexploitent leurs collaborateurs. Salaires de misère qui ne rapportent donc aucunes charges sociales, aucunes taxes améliorant potentiellement le bilan économique catastrophique français.
Comme on le constate, le mal est profond, aussi festif que durable, ancré dans les habitudes et s’autoalimente de la misère économique et intellectuelle ambiante. La fuite des cerveaux, fussent-ils locaux ou étrangers, continue. Elle imbibe toutes les strates de la société ; ce ne sont pas les meilleurs qui restent, et on commence à en ressentir les effets dans toutes les strates de l’administration et de la politique où certains éminents politiciens laissent un doute certain sur la bonne numération de leurs chromosomes.
Bientôt, la France ne comptera plus que des syndicalistes, des fonctionnaires, des retraités et un gros paquet coloré et frétillant de jeunes très très déçus, le tout dirigé par une classe politique affûtée comme du beurre chaud par des générations de mariages consanguins. Tout ce petit monde pourra alors s’organiser pour achever la transformation du pays en un immense parc d’attraction pour touristes en mal de sensations fortes.
Comme je le disais en intro : plus de pétrole, plus de gaz, plus d’idées…
Réjouissant.
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