L'odeur de l'amour

Publié le 25 février 2008 par Véronique Bessard

Loin de Chandigarh est un livre étrange et complexe, plusieurs thèmes s’y mêlent ; les efforts et les doutes d’un journaliste qui voudrait devenir écrivain, son histoire d’amour très charnelle avec sa femme Fizz, l’étrange envoûtement exercé sur lui par le journal intime d’une américaine impudique, le tout mêlé à l’histoire de l’Inde.

On en sort bouleversé et un peu fatigué par la densité de l’écriture et des thèmes. L’extrait que j’ai choisi pour vous parle de sexe et d’odeurs, de désamour aussi… mais je vous rassure à la fin du livre l’amour gagne et l’auteur réfute ainsi la première phrase de son beau livre : « L’amour n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est le sexe. » (cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)


« Chaque jour, je me découvrais un homme différent ; chaque jour, mes sens olfactifs m’abandonnaient. Pendant quinze ans, les odeurs du corps de Fizz avaient déterminé ma vie. Les émanations d’un pli de sa peau suffisaient à m’animer et à me détourner de ce que j’étais en train de faire : lire, travailler, regarder la télévision, parler au téléphone.

Or, à notre retour de la montagne, après ce fameux matin, mon odorat avait commencé à s’enrayer. J’avais beau essayer de humer sa peau, sa nuque, ses aisselles, la courbe secrète et moite de ses seins, l’anfractuosité de son nombril, la fougère de son ventre, la ravine de ses cuisses, le vallon sombre de ses hanches, le creux de ses genoux, les petites meurtrières de ses orteils, rien ne se passait.

Mon odorat n’était pas le seul en cause. Tous mes autres sens semblaient éteints.»

Tarun J Tejpal Loin de Chandigarh, traduit de l’anglais par Annick le Goyat.