Platane

Publié le 05 octobre 2011 par Cinephileamateur

Crée par : Eric Judor et Hafid F. Benamar en 2011.
Avec : Eric Judor, Hafid F. Benamar, Arnaud Henriet, David Coburn, Lilly-Fleur Pointeaux, Romain Berger, Jean-Baptiste Shelmerdine, Toinette Laquière, Clotilde Courau, Monica Bellucci, Vincent Cassel, Guillaume Canet, Pierre Richard, Matthieu Amalric, Ramzy Bédia, Gilles Lellouche, Jean-Luc Bideau, Catherine Benguigui...
Genre : Comédie.
Origine : France.
Durée : Épisodes de 30 minutes.
Saisons : 1 saison de 12 épisodes.
Synopsis : Un soir, la voiture d’Eric Judor percute un platane. Après un an de coma, il découvre que Ramzy a brillamment poursuivi sa carrière de comique sans lui en développant la série "HP", suite de leur sitcom à succès "H". Eric veut alors se lancer dans le cinéma d’auteur et prouver qu’il peut faire un film sérieux et émouvant. Contre l’avis de tous il décide d’écrire la suite de La Môme : "La Môme 2.0 New Generation". Mais personne n’y croit vraiment...
Teaser de la série

En tant normal, je ne suis pas très fan du duo comique Eric et Ramzy. Ca ne m'empêche pas de bien apprécier certains de leurs sketchs, d'avoir aimé quelques uns de leurs films (dans différentes mesures) et d'avoir suivi quelques épisodes de la série "H". Pourtant, même si il m'arrive de m'amuser avec eux, c'est pas vraiment le genre d'humour que j'affectionne le plus. Malgré cela, j'étais tout de même curieux de découvrir "Platane", cette série crée par Eric Judor (et sans Ramzy Bedia) qui j’espérais allais me montrer un autre visage, une autre forme d'humour que ce que j'avais eu l'habitude de voir avec eux.
Globalement, la surprise est plutôt bonne. L'humour est toujours un peu léger, ça vole toujours pas très haut et c'est parfois très facile mais on ressens tout de même une réelle recherche dans le travail pour livrer quelques chose de frais et surtout de différents de ce qu'on à déjà vu chez Eric Judor. Plus que pour la qualité des scénarios des épisodes, c'est surtout cette volonté de bien faire et cette implication dans cette série que j'ai aimé. Après, si la base de la série m'as beaucoup plu, très rapidement elle s'essouffle. Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de vraiment intéréssant, Eric Judor aurait pu rester dans le registre de la comédie tout en faisant un virage à 180° et en étant plus subtil mais malgré ça le virage ne se fait qu'à moitié. On alterne entre vraie bonnes trouvailles subtile et plaisante avec d'autres gags qui sentent le déjà vu chez le comédien et qui peine parfois à nous faire rire à cause de l'excès. C'est cet excès qui m'as empêché de pleinement apprécié cette série, quand tout devient trop lourd, trop téléphoné, qu'on insiste sur le gag au point qu'il en devient grotesque et peu crédible alors que la base du pitch était plutôt audacieux. Du coup, tout comme dans d'autres sketchs, j'ai apprécié suivre les aventures de ce pseudo cinéaste plus pathétique qu'autre chose mais en voyant ce qui aurait pu être exploiter, un sentiment de frustration et d'inachevé reste en travers de la gorge à l'image de la fin de cette série (à l'heure actuelle je ne sais pas si une saison 2 est prévu ;-) ) qui se termine sans se terminé et où on revient au point de départ sans avoir l'impression qu'il y ait eu une véritable évolution. On ris souvent nerveusement, on prends du plaisir mais tout ceci reste incomplet et j'ai vraiment trouvé dommage que malgré toute la bonne volonté de bien faire que l'on ressens, on est pas réussi à aller plus loin. Le premier épisode montrait de bonnes choses, il y à même pas mal d'auto-dérision au fur et à mesure que la série avance mais on termine de façon tellement classique pour Eric Judor que c'est vraiment frustrant ce sentiment d'avoir fait du surplace alors qu'on pensais être bien parti. Le côté mélange de fiction et de réalité avec l'apparition de plusieurs guest stars s'avère en revanche une bonne idée qui fait plaisir à voir dans la série.
Devant la caméra, Eric Judor tient en tout cas la route. Son implication dans ce projet se ressens dans son jeu. C'est pas transcendant, c'est souvent du déjà vu pour l'acteur mais il montre cependant de très bonnes choses. Ça accentue d'ailleurs un peu plus la frustration car on sens vraiment qu'il y avait matière à faire quelque chose de plus abouti même dans sa prestation. Quoiqu'il en soit, même si au final son rôle évolue peu, j'ai apprécié sa prestation. Son personnage ne fait que s'enfoncer dans des situations abracadabrantes au point de provoquer lui même son malheur (dommage d'ailleurs que le thème de l'égo de certains artistes ne soient pas plus creusé aussi...) mais on s'y attache quand même. Par moment il m'as semblé decellé un je ne sais quoi de différent dans son jeu comparé à d'habitude qui le rendait un peu plus touchant, qui nous montré une autre facette de l'acteur mais là encore, comme pour le scénario, on ne fait que effleurer la surface avant de revenir à quelque chose de plus balisé et moins casse gueule qui plaira aux amateurs d'Eric Judor. Sans Ramzy Bedia (très bon guest qui montre de bonnes choses lors des premiers épisodes d'ailleurs ;-) ), Eric Judor reste en tout cas convaincant et n'as pas à rougir de sa performance. Hafid F. Benamar (également créateur de la série avec Eric Judor) m'as beaucoup fait marrer pour sa part dans son rôle de Flex. Sur le principe, son rôle sens grandement le déjà vu également mais l'acteur m'as bien fait marrer que ce soit dans sa façon de débiter ses dialogues (avec en général de très bonnes répliques) ou dans sa gestuelle qui font que l'on sympathise très vite avec ce looser bourré de défauts mais avec qui on à envie d'être potes. Les autres acteurs possèdent plus des rôles secondaires moins mis en avant mais reste sympathique tout de même à l'image de Lilly-Fleur Pointeaux que j'ai bien aimé en Amandine et que j'aurais aimé voir un peu plus. Inversement, j'ai eu un peu plus de mal avec Arnaud Henriet en Arnaud et Jean-Baptiste Shelmerdine en Logan qui sont juste pour moi de parfaites têtes à claques mais ça vient plus de leurs personnages je pense que de leurs interprétations en elles-même. Parmi les seconds rôles qui sortent un peu du lot, je retiens surtout Romain Berger en Virgil et David Coburn qui sont vraiment tout deux excellents dans leurs registres respectifs. Après, j'ai aussi pris beaucoup de plaisir à voir toutes ses guests stars, qui au delà de l'apparition sympathique, se sont vraiment impliqué (même quand ce n'est que le temps d'un épisode) dans ce projet en prenant parfois pas mal de risques et en jouant avec les étiquettes qu'on peut leurs collés à la peau. C'est ainsi que c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai vu Clotilde Courau (excellente, je regrette qu'on ne la vois pas un peu plus au cinéma et à la télévision), Monica Bellucci et Vincent Cassel (de grands moments avec eux sachant très bien joué sur l'auto-dérision), Guillaume Canet (remarquable et presque une évidence comme choix ^^ ), Gilles Lellouche et Matthieu Amalric (magistral comme toujours) ou encore Pierre Richard (génial :-) ) pour ne citer qu'eux ;-).
Derrière la caméra, Eric Judor s'en sors vraiment très bien. Il nous plonge de façon très drôle dans l'univers du cinéma et ses coulisses sans se prendre au sérieux et la mise en scène reste efficace. C'est soigné, c'est fluide, il y à de la recherche et de l'originalité dans certains plans à tel point que j'aurais presque aimé voir un tel travail dans certains de ses films avec Ramzy Bédia. Les décors sont bien exploités et on sens qu'il y à eu aussi un certain travail de fait au niveau des costumes car chaque personnage porte une tenue vestimentaire qui colle bien au caractère de son rôle. Il y à quelques effets visuels qui sont sympathique aussi tout comme lorsqu'on nous montre l'envers du décors avec ses fonds verts ainsi que ses câbles et j'ai bien accroché à l'utilisation de la lumière sur chaque plan qui fait de façon très judicieuse. On ressens bien une nette différence entre "le projet de film" et l'histoire que l'on suis sans que ça soit trop choquant ni bâclé. D'ailleurs, j'ai bien aimé le plan au niveau de la lumière où Eric Judor avance tout en filmant avec une fine lumière de projecteur juste avant de "braquer" une arme sur nous. La scène en elle même est assez drôle mais j'ai été surpris de retrouver ce genre de qualité de plans dans cette série qui là encore accentue le fait qu'on est vraiment voulu faire quelque chose de bien sans se moquer du spectateur. Autre bon point, la musique qui est très bonne et offre un bon contraste avec son sujet. Le générique en est d'ailleurs en bon exemple avec le "Buena Sera" de Louis Prima qui nous plonge tout de suite dans le bain avec son univers joyeux et avant tout divertissant.
Pour résumé, "Platane" reste tout de même une bonne série et avant tout une bonne surprise. Eric Judor (avec Hafid F. Benamar en co-auteur) on voulu bien faire et on le ressens. Il y a de qualité et des bonnes idées qui font que ça reste appréciable. C'est juste profondément dommage que tout ne soit pas aussi bien exploité et que j'ai eu ce sentiment d'inachevé comme si on caressais le goût du risque sans jamais vraiment osé le prendre. La fin ne fait qu'accentuer cette frustration de surplace malheureusement pourtant sur 12 épisodes d'une demie heure, "Platane" propose une durée de vie plutôt correct pour un tel projet. J'ai passé un bon moment à suivre cette série que je reverrais peut être un jour sans que ça me dérange en espérant quand même, après les bonnes choses qui m'as semblé decellé ici, qu'il s'agit d'un tremplin pour Eric Judor qui peut proposer quelque chose de plus abouti je pense...