L’administration américaine voit approcher la réunion de l’Assemblée Générale de l’Onu à la mi-septembre à New York avec anxiété. Cet exercice automnal est souvent une tribune pour les nations les plus défavorisées pour s’attaquer à la domination des affaires mondiales par les grandes puissances. Cette année l’ouverture de la 66ème session de l’AG va être placée sous le signe de la Palestine, et le paysage politique au Moyen-Orient est beaucoup moins favorable qu’il ne le fut pour les Etats-Unis et Israël.
Les Palestiniens vont vouloir obtenir de l’AG un vote sur la reconnaissance de leur état dans les lignes de séparation entre les Arabes et l’état hébreu avant la guerre de juin 1967. Ces lignes englobent notamment la partie orientale de Jerusalem et la Cisjordanie, où vivent aujourd’hui plus d’un demi-million de colons juifs. Une déclaration de souveraineté palestinienne sur ces terres, même symbolique, représenterait pour Israël une nouvelle étape de la « déligitimation » de cette présence, que les Palestiniens voient comme une occupation.
Les Etats-Unis ont récemment lancé une offensive diplomatique pour éviter le pire et ont effectué des démarches auprés de 70 états membres de l’ONU pour tenter de les convaincre de ne pas voter en faveur de la déclaration voulue par les Palestiniens. Récemment, le président français Nicolas Sarkozy a indiqué que l’Europe chercherait une position commune, et a évité de trop s’engager sur la voie d’une reconnaissance, privilégiant la reprise du processus de paix, paralysé depuis des mois.
Mais ce n’est pas vers l’Europe que les regards des Etats-Unis vont se tourner lorsque le débat va s’ouvrir à l’ONU. Deux pays vont retenir l’attention de Washington: l’Egypte et la Turquie. Pendant des années, la diplomatie américaine a travaillé pour obtenir un rapprochement entre Israël et ces deux pays musulmans, et pour neutraliser ces véritables puissances régionales. La révolution en Egypte a changé la donne et les nouvelles dynamiques dans ce pays semblent indiquer une approche plus critique à l’égard de la politique palestinieenne d’Israël. Il en est de même pour la Turquie: Ankara, trés remonté après l’affaire de la flotille pour Gaza, vient de déclarer l’ambassadeur israélien « persona non grata ». Auparavant, le gouvernement des islamistes modérés de Recep Erdogan avait écarté des affaires les chefs de l’armée, trop puissants à son goût. Mais qui, pour Washington, ont toujours été une garantie que la Turquie, grande puissance méditerranéenne, membre de l’Otan, éviterait des dérives idéologiques périlleuses.