Le film s'intéresse principalement à la "discipline révolutionnaire" au sein de la guérilla. En effet, chaque membre était soumis à l'autocritique. Après un échec ou une mauvaise conduite, ils devaient analyser leurs actes. Mais cette démarche était tellement systématique qu'elle est devenue un outil d'embrigadement et de servitude. Ceux qui ne voulaient pas faire leur propre autocritique étaient battus jusqu'à leur rédemption. Certains n'ont pas survécu.
Le chef de l'ARJ, Fusako Shigenobu, a été arrêté en 2000 et condamné en 2006 à 20 ans de prison pour la prise d'otage la prise d'otages contre l'ambassade de France à La Haye en 1974. En 2001, il annonce la dissolution du groupe armé qui a perpétré un très grand nombre d'attentats à travers le monde grâce à des alliances avec d'autres groupes dont Organisation de libération de la Palestine.
Voici le script des trente premières minutes (sur les 190 que comporte le film) qui contextualisent le climat qui a engendré cette guérilla maoïste inspirée du code d'honneur des samouraïs :
Le 15 juin 1960, 100 000 manifestants déferlent sur le quartier du Parlement. Le Parti libéral-démocratique au pouvoir lance la police contre les manifestants et ratifie sans contestation préalable un pacte de sécurité avec les USA. Le premier ministre de l'époque, Nobusuke Kishi, démissionne un mois plus tard. Une manifestation contre le pacte a eu le même jour devant le Parlement. À 19 h, Michiko Kamba meurt au cours de la manifestation. Elle avait 22 ans et étudiait à l'université de Todai. Après l'échec des protestations contre le pacte de sécurité, en 1960, le noyau du mouvement étudiant japonais se sépare des partis communiste et socialiste.
En mai 1966, Mao Zedong lutte pour le pouvoir au sein du Parti communiste chinois. C'est le début de la Révolution culturelle. Les étudiants en sont les principaux acteurs. Au Japon, en juillet, le gouvernement décide de construire un aéroport à Sanrizuka et ordonne aux paysans d'abandonner leurs terres. Au même moment, les frais universitaires augmentent. Des problèmes de budget, de gestion, etc., apparaissent dans toutes les universités du pays.
Le combat des étudiants contre l'augmentation des frais fut un échec. Quelques leaders étudiants avaient secrètement rencontré l'administration et accepté l'augmentation. Mais les luttes au sein des universités ont revigoré une fraction politique : la Dédération communiste, qui avait joué un rôle clé dans l'opposition au pacte de sécurité de 1960. La fédération s'est alliée à deux autres organisations étudiantes et a formé la dénommée "Alliance étudiante des trois partis". Le mouvement étudiant s'est développé jusqu'en 1968 sous l'égide de cette Alliance étudiante.
Automne 1967, les Amricains bombardent le Vietnam depuis la base d'Okinawa. Le 8 octobre, des étudiants manifestent contre le voyage de Sato et se heurtent à des forces spéciales. Un étudiant meurt. Les étudiants deviennent encore plus militants.
Novembre 1967 : protestation contre la visite de Sato aux USA.
Janvier 1968, lutte contre les portes-avions nucléaires américaines au Japon. Les troupes nord-vietnamiennes occupent l'ambassade US à Saïgon.
Avril : Martin Luther King est assassiné.
Mai : en France débute la Révolution de mai.
Avril : le fisc annonce un détournement d'argent à l'université Nihon.
Mai : première manifestation à l'université Nihon.
Juin 1968 : le comité occupe la section économie.
En 1968, la croissance économique atteint un sommet, et fait du Japon la 2e puissance économique mondiale après les États-Unis. Mais le conflit entre les étudiants et l'administration, qui avait éclaté es années auparavant, s'étend à de nombreuses universités. Jusqu'en 1969, 112 universités sont impliquées dans ces luttes. Entre-temps, des activistes apparaissent, qui ne font partie d'aucune organisation politique. On les appelle "radicaux sans parti".
20 octobre 1968 : les étudiants attaquent le ministère de la Défense.
21 octobre : émeutes de Shinjuku.
Le 21 octobre 1968, lors de la Journée mondiale anti-guerre, des étudiants et des citoyens se heurtent à la police à Shinjuku. Ils protestent contre les avions américains se posant sur la base de Yokota. Des étudiants occupent la gare de Shinjuku, afin de bloquer le transport de kérosène. La police applique la loi d'état d'urgence, une loi destinée à étouffer les rébellions. 734 arrestations.
Au petit matin du 18 janvier 1969, 8500 policiers prennent d'assaut le campus de l'université Todai afin de chasser les activistes du comité de lutte. À la condition de faire passer des examens d'entrée, le ministre de l'Éducation ordonne au doyen de l'université, Kato, de lever la barricade. Les étudiants érigent une nouvelle barricade sur le terrain de l'université près de la station Ochanomizu. Cette lutte est alors baptisée "libération du quartier Kanda". En raison d'une violente résistance, l'expulsion des étudiants dure jusqu'au jour suivant. 631 arrestations.
28 avril 1952, c'était la ratification du traité de paix de San Francisco. Comme Okinawa a été occupée par les Étatsuniens, ce jour a été baptisé "Jour d'Okinawa". Le 28 avril 1970, à Tokyo, les manifestants exigent la restitution d'Okinawa et l'annulation du traité de paix. Il y a plus de 100 000 participants. Des étudiants et des travailleurs marchent de la gare de Tokyo jusqu'à Shimbashi et appellent à l'occupation du quartier gouvernemental. Mais un important dispositif policier leur bloque la route. Les avis sur la réponse à donner divergent diamétralement. [...] 956 arrestations. La loi anti-émeute fut appliquée.
Le 21 octobre 1969 : journée mondiale anti-guerre. 1505 arrestations.
Le 5 novembre, à l'aube, dans une cahute de montagne près du col du Daïbosatu, 53 militants de la Fraction Armée Rouge (FAR) sont arrêtés, trois mois après sa création. Ils s'étaient fait passer pour des étudiants en excursion et avaient suivi un entraînement militaire sur une montagne à proximité.
Le 27 novembre, le Premier ministre Sato se rend aux USA, afin de négocier la prolongation du pacte de sécurité. La lutte contre se visite se renforça. 2093 personnes furent arrêtées.
31 mars 1970, 9 membres de la FAR réussissent le premier détournement d'avion du Japon. Leur but était de recevoir un entrainement militaire en Corée du Nord en vue de l'insurrection armée d'automne. Par peur d'autres attentas, la police arrêta tous ceux qu'elle prenait pour des membres de la FAR. Il y eut plus de 200 arrestations.
Le 23 juin 1970, le pacte de sécurité fut prolongé de façon automatique. Au bout de dix ans, chacun des deux gouvernements aurait pu s'en dédire unilatéralement. Mais ni les États-Unis, qui entrainaient au Japon des bases militaires, ni le Japon qui profitait de ses exportations aux USA, ne le voulaient. Le pacte de sécurité qui, un jour, fut rebaptisé "alliance Japon-Etats-Unis", existe aujourd'hui encore.
Le 15 juillet 1971, la FAR et la Fraction de la Gauche Révolutionaire (FAR) fondent la Unified Red Army, renommée 1 mois plus tard en United Red Army. Elle est également connue sous le nom de l'armée rouge japonaise.