Le mur de droite de l'avant-salle dans laquelle nous avons ensemble samedi dernier, amis lecteurs, pu voir deux portraits d'Emile Prisse d'Avennes est, quant à lui, consacré à la présentation de deux lignes du temps comme en arborent - ou devraient en arborer - tous les locaux réservés au cours d'Histoire des établissements scolaires.
Sur la partie supérieure du mur se déroule un premier parcours chronologique qui vise en fait à nous fournir une succincte biographie de l'orientaliste français : elle débute par 1798, date du départ de l'Expédition de Bonaparte en terre égyptienne et se termine par 1880, celle de la création de la mission archéologique française permanente en Egypte (Ecole du Caire).
Entre les deux, à l'extrémité gauche, 27 janvier 1807 : Naissance d'Emile Prisse d'Avennes à Avesnes-sur-Helpe et, à l'extrémité droite, 10 janvier 1879 : Mort d'Emile Prisses d'Avennes à Paris, bornent les grandes étapes de sa carrière professionnelle.
En dessous de ces précisions biographiques, un deuxième déroulement : commençant bizarrement en 3007 avec l'Epoque prédynastique, il énonce les grandes dates de l'Histoire de l'Egypte et s'achève en 1801 par les termes : Occupation française.
A la droite de ces panneaux éminemment didactiques, dans un renfoncement le long du mur d'entrée, trois encadrements précèdent une carte historique, physique et politique de l'Egypte réalisée en 1828 par le Chevalier Pierre Lapie, Premier géographe du Roi, Officier supérieur au Corps royal des Ingénieurs géographes, dans le droit fil de celles que vous pouvez consulter sur ce site.
Quant aux trois cadres évoqués à l'instant, les deux premiers protègent chacun une aquarelle de Prisse d'Avennes : l'une réalisée sur papier vélin représentant Le sphinx ensablé,
(Fonds PA, 19-II-2, f. 3)
(Le document ci-dessus fut choisi pour devenir à la fois l'affiche officielle de l'exposition et la couverture du catalogue.)
et l'autre, sur papier vergé, Le Plateau de Gizeh
(Fonds PA, 19-II-1, f. 2)
Selon la notice de la p. 39 du catalogue d'exposition édité par la BnF, cette deuxième aquarelle servit en réalité de carte de voeux de Nouvel An adressée à l'écrivain Joseph Méry, au verso de laquelle Prisse écrivit : Peint au désert des Pyramides, le 1er Janvier 1832 / Prisse à son ami Méry.
(Pour une distinction entre papier vélin et papier vergé, ce site.)
Enfin, le troisième et dernier tableau expose une photographie sur papier albuminé intitulée Départ de la caravane au pied de la Citadelle du Caire. Le cliché est probablement dû à Edouard Jarrot (1835-1873) - "probablement" dans la mesure où la légende, dans l'ouvrage susmentionné, assortit son nom d'un point d'interrogation mis entre parenthèses. Jarrot est ce jeune photographe parisien qui accompagna Prisse en Egypte lors de sa courte seconde mission. J'y reviendrai plus tard.
(Fonds PA, 26-II,1, f. 15)
(Vous en trouverez une reproduction à la page 6 de ce fascicule librement téléchargeable : toutefois la référence, parce que la même que pour la Jeune Nubienne assise de la page précédente, est forcément dans ce cas-ci complètement erronée. Et pour ceux d'entre vous qui disposeraient du catalogue officiel, voir illustration 60, p. 124.)
Au pied de ces trois documents encadrés, deux tables-vitrines distinguent déjà les principaux centres d'intérêts du savant avesnois : l'égyptologie et l'art arabe ; passions qui seront développées à l'envi dans la Galerie Mansart proprement dite, comme nous le verrons lors de nos prochains rendez-vous.
Dans la vitrine de gauche, un grand manuscrit a été ouvert à la date du 17 avril 1836 : il s'agit d'un des journaux tenus par Prisse ; à la droite de ce précieux document, quelques feuillets épars tout aussi émouvants : des fiches de travail, des notes autographes et de superbes dessins de hiéroglyphes colorés ...
Quant à celle de droite, c'est à l'art arabe qu'elle est plus spécifiquement dédiée puisqu'elle présente un autre ouvrage de sa main qui permet de découvrir des croquis relevés d'après des intérieurs de maisons du Caire et de Rachîd (nom arabe de Rosette, ville où fut découverte la célèbre pierre éponyme qui, entre autres documents, permit à Champollion de définitivement déchiffrer les hiéroglyphes.)
Et juste à côté de ce grand livre, réalisée au crayon sur une feuille de vélin avec des ajouts de découpes de papier rosé, une composition en miroir : il s'agit de la calligraphie du nom Prisse transposé en langue arabe - Brîss - élégamment dessinée sur fond de rinceaux. Un peu comme de nos jours les touristes qui aiment se faire graver leur prénom sur un cartouche en or, les Européens du XIXème siècle qui visitaient l'Egypte s'offraient volontiers un objet artisanal sur lequel leur patronyme avait été ainsi calligraphié.
Dans le catalogue, cette harmonieuse arabesque se trouve p. 102, illustration 38 ; et dans la banque d'images du site internet de la BnF, vous pourrez l'admirer ici.
Armé de cette solide introduction à l'exposition qui se déploie tout à côté, je me propose à présent de quitter cette avant-salle et de pénétrer dans la prestigieuse Galerie Mansart.
M'y accompagneriez-vous, amis lecteurs ?
Si tel était le cas, je vous convie à une nouvelle rencontre samedi 17 septembre prochain ...