L'on apprend ces jours-ci que la Commission Européenne coupera les vivres aux organisations caritatives qui nourrissent les plus pauvres d'entre nous : la Banque Alimentaire, le Secours Populaire, les Restaus du coeur... A la demande de 7 pays (lesquels ?), la cour européenne a jugé cette aide illégale, au risque de créer une crise humanitaire majeure dans un bon nombre de pays...
J'ai voté NON au traité de Maastricht. Je me doutais que l'Europe que l'on nous concoctait là n'avait plus grand chose à voir avec l'idéal de ceux qui l'avaient construite.
J'en reçois confirmation bien au-delà de toutes mes craintes !
Qu'est-ce que c'est que cette Europe, arc-boutée sur son argent, égoïste au-delà du possible, qui n'est même plus capable de mettre en œuvre, en son sein même, la plus élémentaire solidarité ?
Qu'est-ce que c'est que cette Europe, incapable de se mobiliser pour aider ses propres membres en difficulté, et pas n'importe lesquels ! Non, ceux-là même à qui elle doit la vie. On laisse mourir la Grèce, pire encore, on lui enfonce la tête sous l'eau tout en lui faisant la morale, comme ces fils odieux qui osent torturer leur propre mère, quand elle n'a plus la force de se défendre... On atteint le comble de l'ignominie !
Qu'est-ce que c'est que cette Europe, qui ose transgresser ses propres lois, qui proclame la liberté de mouvement, mais pas pour tous ses citoyens, pas pour les Rroms, pas pour les Tziganes... Qui crée encore et encore non seulement des laissés pour compte, mais des boucs émissaires, hier les juifs, aujourd'hui les Rroms, les musulmans, qui encore ?
Nous avons déjà des "centres de rétention", à quand les camps de concentration ? Le lexique, déjà, est presque le même... rétention, concentration, ce n'est que de la matière, du matériau humain de rebut, qu'on jettera peut-être encore au four...
Qu'est-ce que c'est que cette Europe, incapable de parler d'une seule voix face aux grands défis de notre temps, l'émergence de nouvelles grandes puissances, la crise économique et financière, la redistribution des cartes au proche Orient et en Afrique... et qui légifère sur les cafetières !
Oui, on en vient à souhaiter que cette Europe là disparaisse, se brise, détruite non par quelque ennemi extérieur, mais par sa propre incapacité, sa propre lourdeur, sa propre stupidité ; qu'elle meure, parce qu'elle n'a plus aucun sens.
Et pour qu'une autre Europe surgisse des décombres, une Europe peut-être déjà en train de naître, emmenée par des "Indignés" de moins de trente ans, inspirés eux-mêmes par un grand-père qui en a plus de quatre-vingt-dix... Un grand-père qui a su nous rappeler quels idéaux avaient conduits ceux qui, au lendemain de la guerre, avaient reconstruit la France et bâti l'Europe. Et nous dire que ces idéaux n'étaient pas morts, et qu'il ne tenait qu'à nous de les faire revivre, sur toutes les rives de la Méditerranée.