Magazine Talents
J'habite dans une petite ville à côté de Paris. C'est comme un petit village, mais avec un métro et un périph qui lui font de plus en plus de l’œil. Il a un nom de fleurs, car avant il n'y avait que des champs rempli de cette fleur il y a 150 ans; et au milieu, la maison où je loue mon appartement.
Il y a 30 ans, la ville et ses fleurs suffoquaient un peu, on risquait d'y croiser un poiçonneur un peu insistant; et puis on était de l'autre côté du périph'...
Maintenant, on y arrive comme une fleur: le périph est enterré; et en guise de barrière d'octroi,vous êtes accueillis par une jardinerie...
Alors évidemment on commence à planifier, à dessiner, à construire, et à démolir ses étranges petites constructions et maisons de jardiniers agglutinées les unes contre les autres...Ici on est sur une petite colline, le terrain n'est pas très accueillant, tout est de guingois. Mais un jour vous voyez une pancarte en papier glacé que oui vous monsieur madame mademoiselle vous pouvez vivre la belle vie dans cette petite oasis au milieu de la faune parisienne: avec à l'appui de jolies images en 3D, un ciel bleu, une perspective aux fuyantes assoupies, un enfant qui joue et une ravissante blonde à vélo. Pourtant quelque chose cloche sur cette image, il me faut du temps pour la remarquer: ah mais oui, c'est la maison où j'habite ! Disproportionnée et tassée par rapport à son voisin rutilant, elle faisait grise mine: va pour une énorme jardinière à géranium, a dû se dire le perspectiviste.
Je n'aurais pas idée de mettre des géraniums à la fenêtre de ma chambre: elle est à l'est...
Et aussi, je ne risquerais pas d'en mettre actuellement: ils risqueraient de tomber, secoués par des pelleteuses peu soucieuses. En face, un petit chantier, un nouvel immeuble: mais là on s'inquiète des arbres malmenés par les camions d'en face qui déchargent une grue disproportionnée et maladroite.
Je crois qu'il est sérieusement temps de réformer la maîtrise d'ouvrage privée de logements.
Je préférerais presque acheter quelque chose réalisé par l'OPAC plutôt que quelque chose dans ce genre de bâtiment fait à la va-vite, vendus des milliers d'euros pour trois façades en crépi de mauvaise qualité, dessinés sans s'inquiéter du bâti voisin. Je ne mets volontairement pas d'image de l'architecte, là vraiment je n'ai pas envie de les mettre dans ma po(t)che !
Bref, de toute manière le seul géranium que j'ai est fané.
Et vivement que je reparte en voyage...