Assez étonné cette année, je n’ai pas eu à glisser un billet e 50dirhams dans mon passeport pour pouvoir passer la douane. Le Maroc aurait-il changé ? Séquence émotion et investigations. Vérification et déambulations me permettront de répondre à cette question.
Le Maroc reste le pays number one de l’irrespect scrupuleux et dans les règles de l’art du code de la route. J’ai failli me faire écraser 3 fois et je n’ai jamais pu passer la 4e. Me voilà presque rassuré ! Effarouché par l’idée de mourir d’un accident de la circulation ou de me faire écraser par un mulet tractant avec les dernières de ses forces Moul’quelque-chose. Ce même qui dirige sa monture et qui n’a pas oublié quand j’ai tenté de marchander un dirham de réduction sur l’achat d’une pastèque. Note à moi-même : ne jamais sortir une liasse de billets bleus et m’attendre dans la foulée à ce que sarf me soit rendu.
Pas fou le hibou, je prends le premier taxi blanc, que j’allais partager avec 6 inconnus, chauffeur compris. J’avais oublié que celui qui a le volant, a le pouvoir, de ne pas mettre son compteur et surtout d’être naturellement susceptible de me déposer n’importe où sauf là où je l’avais décidé. Et surtout, oui surtout, au milieu de nulle part. Nulle part ce n’est pas à 300 mètres de ton point d’arrivée. C’est plutôt en mode au milieu du jbel entre 2 chèvres alors que je voulais me rendre à Miami plage. Je n’ai pas été déçu, un frigo flottait dans l’eau. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Parlons-en des des Moul’quelque-chose. Le gang, que dis je la mafia la plus désorganisée du monde. Si tu n’as pas de Rolex et qu’en plus tu n’as jamais entendu de ta vie leur litanie sur fond de klaxon, c’est que tu as raté ta vie mecton. Moul’javel, Moul’na3na3, Moul’ceci, Moul’cela, les déclinaisons ne manquent pas. Mon préféré reste, roulement de darbouka : Moul’Polo ! Chaque après-midi, il déambule de rue en rue, son cri de guerre à l’appui: « Polo poloooo polo tut tut tuuut ». Il sévit sans que personne ne s’inquiète réellement. Sauf les darons qu’on vient resquiller de quelques dirhams. Artisan recycleur, il deal ses bâtonnets façon bout de cagettes surmonté d’un amas congelé de sucre et de peinture. Verdict, il est bon de louer le Seigneur et aussi de finir la langue échardée et coloré d'un beau fluo.
Suspect, les rues sont presque propres. Oui presque propres, les montagnes d’ordures cette année ne me dépassent pas. Le Maroc reste tout de même le seul pays, où on retrouve des mika kelha (sac plastiques noirs) fossilisés. Le Mika Kelha est un peu ce qu’est le malo woussou au riz, le riz qui n’a pas de goût. Selon une légende urbaine et qui a grave la peau dure, on aurait retrouvé au pied d’un zarboul-ier un spécimen de plus de 3500 ans. Le Mika Kelha rappelons le, est la seule chose que le marocain n’est pas en mesure de recycler, sauf peut-être pour cercler son couscoussier.
C’est le seul pays où tu règle tes comptes à coup de baygon avec des cafards. J'ai l'impression que plus fat que l'an passé, le cafard reste beaucoup plus évolué que nous humains. Pour preuve il saura très bien te rendre la pareille. Une fois que tu t'es auto-asphyxié par les vapeurs, tu peux l’entendre lâcher un « krrr krrr krrr, loupé ». Je les aurais un jour, je les aurais!
Dernier clin d’œil : le Tide, est un repère absolu pour moi. Depuis 150 ans (ou presque), le Tide n’est pas seulement une lessive mais une merveille à 1000 et 1 usages. Avec Tide tu laves le linge certes mais aussi la vaisselle, les tapis, les cheveux et les dents des mioches qui courent fal’zanka en slip la morve au nez. J’allais oublier, en cas de bobo il y en a qui prenne du Synthol, moi j’te dis : prend une cuillère de Tide frérot !
Après avoir constaté que le Tide a toujours une place monopolistique dans le cœur des marocains et sur le marché de l’hygiène, je pourrais presque rentrer en paix. Je finis quand même par me dire que la Maroc c’était mieux avant. Le Maroc ce n’est pas tout à fait (que) ce que je viens de vous décrire, mais si ce n’était pas le 1er producteur de Tbarguig (racontar) au monde, je n’aurais pu raconter toutes ses vérités qui font que le bled c'est une autre planète. C’est bien là un phénotype marocain par excellence, qui me laisse penser qu’un jour tout ça sera fini. Le Maroc c’était presque mieux avant, parce qu’à ce qu’il parait, aujourd’hui le rêve africain est principalement… made in China.
Il est facile de jeter la pierre… dans l’eau, mais sans accoler une image de sauveteur et de développeur à tout marocain qui quitte le sol chérifien pour se réaliser ailleurs, j’ai un peu de mal à digérer, que ce pays devienne pour certain, une aire de jeu, bonne à rien sauf pour assouvir une envie de vacances. Je n’ai pas toujours bien vécu le fait de manger des patates à toutes les sauces pour que mon père investisse outre méditerranée, mais avec du recul je me dis que ça faisait partie de son équilibre… ou peut-être que ça a conditionné son mal-être. N’ayant pas la réponse, j’ai tout de même mal quand j’entend X ou Y cracher sur son pays en l’évoquant avec un tel mépris. Alors oui, vraiment, je me le demande, si tout le monde va au Maroc en vacances, qui fera la révolution ?