Monsieur le Président,
Vous avez fait campagne en revendiquant un grand plan pour la jeunesse. On était donc en droit d’attendre des idées créatives, du souffle, de l’ambition tout ce qui, d’après vous, manque à l’action de l’Etat envers les jeunes.
La lecture du rapport du Ceser que vous avez demandé le 26 mai 2010 souligne la forte défiance des jeunes envers les politiques. A 84% ils n’ont pas confiance en l’homme politique pour changer la société. Car dans leur grande majorité, ils ne critiquent pas les conditions dans lesquelles ils vivent mais la société dans laquelle ils vivent. S’ils apprécient de participer au Conseil régional des jeunes lycéens et apprentis, ils veulent que leur participation soit écoutée et surtout prise en compte.
Reconnaitre les jeunes comme acteurs et citoyens à parité avec les adultes, les considérer d’égal à égal voilà une des 3 préconisations centrales du CESER.
Cette charte était donc l’occasion de renouer le dialogue avec nos jeunes et surtout de mettre en avant leurs idées. Or vous n’avez sollicité le CRJ qu’à deux reprises depuis mai 2010. La première fois en juillet 2011 lors d’une séance plénière. Depuis, aucune réunion sur ce qui aurait du être leur charte. Pire, mercredi dernier vous leur avez présenté le document fini en leur demandant leur avis…ces avis seront répertoriés dans une annexe à la charte qui nous est présentée aujourd’hui.
Non seulement de nombreux jeunes du CRJ se sont sentis abusés par votre pseudo consultation mais leur donner une place en annexe après notre vote ressemble à un étrange lot de consolation.
Est-ce ainsi que vous considérez nos jeunes qui s’engagent ? Si vous aviez écouté ces jeunes, votre charte serait plus ambitieuse qu’une reprise des structures et des dispositifs existants où la Région coordonne les différents acteurs. Assurer une synergie c’est déjà très bien, me direz-vous, mais cela n’est pas suffisant.
Si le rapport du Ceser a le mérite d’enrichir voire de changer notre regard sur les jeunes, comment communiquer cela dans la société bretonne ? Comment mieux faire dialoguer le monde de l’entreprise et celui des jeunes ? Comment faire pour que les jeunes bretons soient plus optimistes quant à la société dans laquelle ils vivent ? Le rapport du Ceser souligne les décalages générationnels propres à toute époque mais plus prégnants avec l’accélération des informations. Si vous aviez intégré la réflexion des jeunes du CRJ plus en amont et réellement fait travailler les premiers concernés, nous aurions une charte qui déménage, voire qui dérange.
Au lieu de cela, nous avons une charte écrite par des adultes pour des adultes. Pour moi, vous avez manqué une belle occasion de changer le rapport des jeunes à la politique.